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Libération de Djibril Bassolet: « On a l’impression que ce sont des juges en récréation qui ont pris cette décision ». Smockey dans Jeune Afrique


Poursuivi par la justice militaire burkinabè pour « trahison » et « collusion avec une puissance étrangères » dans l’enquête sur le putsch raté de 2015, le général Djbrill Bassolé a bénéficié mardi d’une liberté provisoire, avant de se voir assigné en résidence surveillée sur requête du procureur militaire. Une décision qui, d’un côté, soulage ses partisans et sa famille, mais qui fait fulminer la société civile.

L’artiste-musicien et activiste Serge Bambara – alias Smockey – est l’un des porte-paroles du Balai citoyen, qui était à l’avant-garde de la résistance contre le putsch perpétré par l’ex-garde prétorienne de Blaise Compaoré en septembre 2015.

Mercredi, ce mouvement a peiné à mobiliser devant le tribunal militaire où quelques dizaines de manifestants  seulement sont venu exprimer leur ras le bol face à la mise en liberté provisoire du général de gendarmerie. Très virulent et critique, Smokey livre son analyse à Jeune Afrique. Entretien.

Jeune Afrique : Vous êtes fermement opposé à la décision de mise en liberté provisoire – en résidence surveillée – accordée au général Djibrill Bassolé, inculpé dans l’enquête judiciaire sur le putsch raté de septembre 2015. Pourquoi ?

Smockey : Nous dénonçons un scandale qui s’inscrit en lettre rouge comme le sang des innocents qui ont payé de leur vie lors de la résistance au coup d’État, pour l’avènement de la démocratie au Burkina. Depuis les années 1960, nous n’avions que des régimes militaires au pouvoir. Cette décision est une erreur, une injustice de trop.

Pendant qu’on y est, que la justice militaire libère donc aussi le général Diendéré !

Il y a eu quelques libérations, on les a toujours dénoncées. La liberté provisoire accordée au général Bassolé est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. C’est la porte ouverte à toutes sortes d’abus. Pendant qu’on y est, que la justice militaire libère donc aussi le général Diendéré !

Que reprochez -vous à la décision du juge militaire ?

Pour nous, il faut barrer la route à cette mascarade, car le peuple burkinabè, toutes les fois que la Nation était en danger, a su prendre en main son destin de façon histoique. Cette fois-ci, nous pensons que Nation en est encore capable.

Si une décision de justice doit permettre à Bassolé de s’échapper, je dis que cela est grave et que nous devons nous y opposer. Parce que nous n’avons aucune garantie que cette liberté provisoire pour raison de santé ne vas pas se muer en une fuite, avec toute la menace inhérente pour le pays. Par rapport à son réseau et ses moyens, nous savons que Bassolé entretient des relations avec certains déstabilisateurs de la sous-région…

Juridiquement, il a pourtant le droit de demander la liberté provisoire…

Le problème est la garantie, que nous n’avons pas, que Bassolé demeure au Burkina. Nous devons maintenir la pression pour qu’il ne quitte pas le pays. Certains inculpés dans l’enquête sur le putsch se sont échappés après avoir obtenu une liberté provisoire.

Mais la justice militaire justifie sa décision par des raisons de santé. Que répondez-vous ?

Est-ce à dire qu’il n’existe aucune possibilité de le soigner sur place ? Je ne crois pas. En plus, il a suffisamment de moyens pour faire appel aux meilleurs services de santé. C’est une question de morale qu’il faut défendre.

Les victimes attendent toujours que justice soit faite

Pensez-vous que l’on puisse se permettre de libérer un citoyen présumé coupable de crimes, au vu des révélations récentes dans la presse l’accusant de tentative de déstabilisation de son pays, sous prétexte qu’il est malade ?

Je vous rappelle que les victimes attendent toujours que justice soit faite. Qu’allons nous dire aux blessés qui se baladent avec des balles dans le corps, faute de soins. Le laisser partir serait une énième foutaise envers le peuple.

Finalement, ne donnez-vous pas raisons aux partisans de Bassolé qui crient à l’acharnement politique ?

Une affaire politique ? Pour l’instant, nous pensons que c’est une affaire de justice. S’il y a de la politique, c’est bien parce que Bassolé et son réseau en font une affaire politique. Pour nous, c’est une question de crimes, que la justice doit juger.

Nous voyons des faits, des morts et une frontière mise en insécurité depuis sa conversation téléphonique avec Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne. Ce qu’ils y disent est suffisamment grave pour que ce monsieur soit jugé, pour que nous en ayons le cœur net.

Nous réclamons que le procès s’ouvre dans les meilleurs délais

Que réclame la société civile ?

Nous réclamons que Bassolé soit remis en prison, et la surtout la justice pour les victimes qui attendent. Nous réclamons d’ailleurs que le procès s’ouvre dans les meilleurs délais et que le droit soit dit. Nous exigeons que la rigueur de la loi s’applique à M. Bassolé.

Au lieu de cela, nous voyons qu’il est plutôt question d’un prisonnier qui jouit de privilèges dans sa cellule, et pour qui on prend des décisions extraordinaires alors qu’il est suspecté d’avoir commis les pires crimes, punis par la loi burkinabè. Trop, c’est trop ! Le peuple burkinabè en a assez souffert.

L’audience de la chambre de contrôle qui doit confirmer ou infirmer les charges a été repoussée au 25 octobre. Qu’attendez-vous du procès sur le putsch raté ?

Ce report est bel et bien la preuve qu’il y a des divisions au sein de la justice militaire. On a l’impression que ce sont des juges en récréation qui ont pris cette décision.

http://www.jeuneafrique.com

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