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« Le handicap c’est dans les pieds et non dans la tête », selon Jacques Ouédraogo, artiste soudeur


Jacques Ouédraogo est un artiste soudeur, handicapé, employé actuellement à l’Association Manegré Nooma pour la Protection des Orphelins (AMPO). Sa vie fut remplie d’embuche, mais aujourd’hui, Jacques Ouédraogo, bien que toujours employé, est heureux de conter son histoire à travers une interpellation qu’il fait à ses frères qui vivent comme lui avec un handicap.  « Je veux faire savoir à mes frères que le handicap c’est dans les pieds et non dans la tête », a-t-il dit, souhaitant ainsi des encouragements des populations pour donner du tonus aux différentes initiatives des personnes vivant avec un handicaps dans le but de leur permettre de concrétiser leurs projets qu’ils portent pendant longtemps dans le cœur.

A Rio, au Brésil

Jacques Ouédraogo arrête ses études en classe de Cours Moyen deuxième année (CM2) par manque de moyens. « En son temps je n’avais pas de vélo pour aller à l’école. Il fallait que quelqu’un aille me déposer les matins et revienne me chercher tous les jours quand il y a cours. Mon père et mes frères me déposaient chaque jour à l’école. J’ai échoué à l’examen du CEPE à l’époque et il me fallait reprendre la classe. Mon père qui était conducteur était très souvent en mission et n’avait pas assez de temps pour aller me déposer à l’école. Mon frère qui me déposait aussi souvent a eu son baccalauréat et est allé à l’Université. Il n’y avait plus personne pour m’aider dans mes déplacements et comme je n’avais pas de

Des fauteuils roulant frabriqués dans l’atelier Tond Nao

vélo, j’ai dû abandonner les études », raconte-t-il.

Après ce périple, M. Ouédraogo s’est lancé dans le commerce avant de se convertir dans la soudure. Il a travaillé pendant six bonnes années avec « des amis » qui confectionnaient des tricycles pour personnes handicapées avant de postuler à un concours de recrutement de soudeurs desdits tricycles où il a été retenu et y a travailler pendant huit (8) ans. Ce projet étant arrivé à son terme, Jacques Ouédraogo a, par l’intermédiaire d’un de ses amis, rejoint l’Association Manegré Nooma pour la protection des orphelins (AMPO) où, avec six autres personnes il y travaille actuellement.

Pétri d’expérience dans le domaine de soudure des fauteuils roulants,  notre répondant a pu convaincre la fondatrice de AMPO à créer au nom de son association, un atelier de soudure où il y travaille depuis le 24 juin 2016. A côté de la soudure des fauteuils roulants, Jacques Ouédraogo met en valeur son génie créateur, son talent et sa force d’initiative en créant des œuvres d’art, des tables et des pots de fleurs qui suscitent l’admiration de plus d’un. Ces objets sont conçus par le recyclage du fer des pédales, des chaines et de fer d’autres natures de vélos et de certains engins, délaissés par des mécaniciens, et même par ses proches collaborateurs.

acques Ouédraogo, artistes soudeur

Malgré la beauté de ses œuvres, Jacques peine souvent à les rendre visibles sur le plan national et international, ce qui l’amène souvent à « galérer »« Quand on n’a pas des commandes on est obligé de galérer », déplore M. Ouédraogo qui espère, dans les années à venir, participer à des foires d’exposition avec ses œuvres afin de se faire connaitre sur le plan international. « Dans les années à venir si j’ai l’occasion de participer à des grandes exposition, des foires internationales ça me fera beaucoup plaisir », a-t-il dit. Mais pour y participer, il lui faut des moyens.

Aujourd’hui, Jacques Ouédraogo a une seule ambition.  Avoir des moyens pour ouvrir son propre atelier afin de « former et à partager » son expérience avec d’autres personnes.

Pour le moment à AMPO, M. Ouédraogo se plait bien. « Grâce à la maman Tinga, nous évolutions bien ici à AMPO. Elle est en train de changer beaucoup de choses pour nous, dans notre vie. A AMPO pour le moment on n’a pas de difficultés », nous a-t-il confié.

« Nous faisons tout pour ne pas mendier…»

Vue des objets d’art de Jacques Ouédraogo

Comme bon nombre de personnes, M. Ouédraogo rencontre lui aussi des difficultés dans ses activités. Le manque d’encouragement de la part des populations étouffe souvent ses efforts. « Nous faisons tout pour ne pas mendier sous prétexte que nous sommes dans une situation de handicap, mais quand on n’a pas d’appui dans tout ce que nous entreprenons, ça décourage », déplore-t-il, estimant de ce fait que l’encouragement des populations est le leitmotiv qui va tirer toutes les personnes handicapés qui entreprennent vers le développement. « Souvent on postule à des appels d’offre mais quand après les intéressés se rendent compte que nous sommes dans une situation de handicap, notre dossier est recalé », a déploré M. Ouédraogo. Même les structures censées leur apporter du soutien leur tournent souvent le dos. « A l’action sociale où on devrait être soutenu dans nos activités, on ne gagne rien », regrette-t-il, faisant allusion aux différents appels d’offre auxquels ils ont postulé sans succès dans cette institution.

Souleymane Sawadogo,
gérant de l’Association Tond Nao

Il lance un appel à toutes les personnes qui peuvent aider les handicapés dans leurs  activités, de le faire afin de leur offrir aussi un mieux-être. « Si aujourd’hui je m’efforce à faire certaines choses, c’est dans l’intention de montrer une image positive des personnes vivant avec un handicap, pour dire qu’on ne doit pas mendier, qu’on peut gagner notre vie par le travail. Je veux aussi faire savoir que la paralysie de nos membres ne doit pas impacter notre esprit. Je veux démontrer à certains frères que le handicap c’est dans les pieds et non dans la tête », explique-t-il.

Il a souhaité de ce fait que tous ceux qui verront ses œuvres et qui liront son message aient le courage et la bonté de soutenir les personnes vivant avec un handicap dans leurs différentes activités. Heureux d’avoir été reçu à AMPO, il a formulé le vœu que Dieu bénisse « maman Tinga, mère des Orphelins » qui apporte son soutien sans faille aux personnes en difficultés à travers son centre AMPO.

Jacques Ouédraogo a été formé par un « ami »suisse en basketball sur fauteuil roulant. Avec cette expérience e plus, il est actuellement moniteur et capitaine d’une équipe de basketball sur fauteuil roulant. Son talent l’a permis de participer aux jeux olympiques de 2016 à Rio de Janeiro, au Brésil où il a représenté le Burkina Faso dans cette compétition.

Nous avons rencontré les collaborateurs de Jacques Ouédraogo qui ont tous apprécié l’amitié qu’ils entretiennent avec M. Ouédraogo à l’atelier Tond Nao. « Jacques est quelqu’un de très talentueux », nous souffle Souleymane Sawadogo, gérant de l’atelier Tond Nao. « Jacques Ouédraogo est une personne qui a des idées, mais pour les concrétiser, il faut souvent que l’on l’accompagne. Il a toujours voulu créer quelque chose de spécial avec le peu qu’il a. C’est la raison qui a valu son recrutement dans le handicap solidaire. C’est grâce à ces idées, son talent d’artiste qu’il a été recruté à AMPO», a-t-il confiéentreprendreaufaso.com

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