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« La seule chose juste, est la Paix » déclare le Pape François


L’Assemblée Générale des Nations Unies ferme ses portes sur une note sombre. Des amabilités ont été balancées comme signes du crépuscule de la paix. Ou plutôt, cette panne de sagesse du monde prétend-elle construire la paix au monde avec des délires verbaux au lance-flammes ?

Ma conviction est faite en regardant les enjeux de paix au Moyen Orient. La défaite du califat rêvé par Bagdadi est à portée de main des différentes coalitions hétéroclites, bigarrées et potentiellement confligènes. Le dire, c’est prendre appui sur le vote de ce 25 septembre 2017, le référendum d’Indépendance de ce jour des Kurdes d’Irak.

Pour ceux qui ont de la mémoire, ce vote référendaire kurde a l’air des impulsions irrédentistes et indépendantistes des républiques soviétiques de la fin de la décennie 90. L’actuel Secrétaire Perpétuel de l’Académie Française, Hélène Carrère d’Encausse l’avait déjà entrevu bien avant leur advenue dans son livre annonciateur, L’Empire éclaté en 1978. Parce que ce référendum ne présage rien de pacifique dans cette région déjà éprouvée par tant de haines ancestrales, de dictature de Saddam Hussein, des djihadistes moyenâgeux, de violations des droits fondamentaux des minorités religieuses notamment les Chrétiens, les Yézidis et toutes ces atteintes à l’identité, à la culture et aux langues. S’interroger sur le destin de paix au Proche Orient revient à quelque chose près, à constater la paix, ce « grand cadavre à la renverse » que pronostiquait sûrement le philosophe Jean Paul Sartre, observant le Parti Socialiste. Le Proche Orient est face à ses vieux démons, englué dans les batailles ancestrales des mémoires rivales. La Paix. Quelle paix ?

Celle dont parle le Saint Père, le Pape François en conversations avec le sociologue Dominique Wolton dans un livre récent : Pape François. Politique et Société aux Editions de l’Observatoire, 2017. Le Pape François dit : « Moi, je fais la guerre parce que je n’ai pas d’autre possibilité pour me défendre. Mais aucune guerre n’est juste. La seule chose juste, c’est la paix ». Ce Pape des pauvres, un homme de courage et de sincérité qui renverse même la vieille doctrine de la guerre juste héritée de Saint Augustin au V ème siècle, vulgarisée par Saint Thomas au 13è.

Toute cette tradition de la Loi canonique à la renverse. Pour la foi et la raison critique musulmane, le Pape François a été devancé par Averroès, le philosophe musulman de l’Islam des Lumières, au 12è siècle et mort Marrakech en 1198. Mais il y a aussi, contraposée, la lecture du Prix Nobel de la Paix, le Président Obama qui est convaincu que la guerre puisse avoir une cause juste. Par le droit des Etats ? Ce sont des monstres froids, dit Nietzsche. Un monstre a-t-il des droits au-dessus de ceux de la personne humaine. Les Présidents Mandela et Havel sont rejoints par le Pape François pour s’opposer à cette vision étriquée des droits. Les droits de l’Homme sont supérieurs aux droits des Etats. C’est ce que les droits des Rohingyas nous disent. Plus près de nous, il y a la repentance et le pardon initiés par le Président Guillaume Soro. Ses initiatives citoyennes, de mémoire et de construction de la paix des coeurs participent de la lutte inlassable pour la reconnaissance des droits des victimes comme première justice.

Bref, cette vision contemporaine politique de la Paix voulant qu’une guerre juste existe, à la renverse. Toutes ! Selon le Pape François, ce destin bienveillant. La promesse ultime, c’est la paix dans ce champ de tensions, de menaces et de ruines. Ce monde ! L’espace politique, un lieu où les mémoires s’affrontent. Pourtant, le glas sonne pour Daech et pour tous les bellicistes. La Paix ? Oui, la défaite du califat rêvé de Bagdadi est proche pour ne pas dire acquise. Mais alors, le destin de cette région peine, hier comme aujoud’hui, à épouser la paix promise. En attendant la paix perpétuelle de Kant. Cette défaite apporte-elle seulement le parfum de la paix ? A l’évidence, non. Pourquoi ?

1. D ‘abord, le Proche Orient a connu comme d’autres contrées du monde, la loi du partage des grandes puissances. Naturellement au mépris des dynamiques identitaires, nationales, et géographiques locales. La France et le Royaume Uni, ont imposé ce partage, confidentiellement au moyen de l’Accord Sykes-Picot de 1916. Au crayon comme l »Afrique à Berlin en 1884, le Proche Orient fut divisé parce que la puissance ancienne, l’Empire Ottoman était l’ombre de lui-même, déjà en 1916.

2. La guerre froide et les interventions partisanes des puissances américaine et russe et ce depuis la II è Guerre Mondiale, cristallisèrent les mémoires concurrentes, entre les peuples, les religions, les alliances et mésalliances, entre les minorités, les zones de l’influence décisive.

3. Le pétrole pour les Etats-Unis est aussi devenu un intérêt stratégique vital. Asymétriquement, des états anti Occidentaux se sont érigés, doctrinalement et politiquement, pour contenir l’impérium américain et de ce fait, pouvaient compter sur le soutien multiforme de l’Union Soviétique d’antan et maintenant de la Fédération de Russie.

4. Ensuite, les deux guerres du Golfe pour renverser Saddam Hussein et aussi cet horrible attentat du 11 septembre contre les Tours Jumelles de New York. Nous sommes dans une région du monde où les desseins les plus sombres se croisent et s’entrechoquent pour le malheur des peuples. Des interventions au nom de la sécurité (Les Russes n’ont qu’une seule base militaire extérieure, elle se trouve en Syrie des Assad) ou au nom de la promotion de régimes démocratiques et libéraux (les Occidentaux en sont preneurs).

5. Enfin et cumulativement, toutes ces conjonctures et concurrences entre peuples, mémoires, cultures et confessions, les jeux d’influence et la sauvegarde des intérêts stratégiques, nous décrivent des perspectives assez sombres. La défaite de Daesch importe peu parce qu’acquise depuis le début de ses prétentions d’imposition d’un nouvel ordre confessionnel mondialisé, par le sang et le fer. En vérité, c’est un facteur aggravant. La Syrie du parti hégémonique Ba’as, laïc et républicain en dit long sur sa fragilité extrême, son impotence face au référendum d’autodétermination des Kurdes d’Irak. Les perspectives sombres renvoient aussi aux luttes d’influences opposant les Saoudiens et les Iraniens, avec en embuscade, le Qatar.

Ces dernières confrontations le sont au nom de la prédominance stratégique confessionnelle Sunnite-Shï ite, essentiellement (Liban, Bahreïn, Yémen). Elles se déportent sur la scène de la Conférence des Etats du Golfe et même au sein de la Conférence Islamique (Tchad et Sénégal en Afrique). Toute chose qui gêne des puissants pays comme la Turquie, soucieuse du destin étatique des Palestiniens, membre de l’Otan et ami de la Fédération de Russie et ayant des relations tantôt apaisées, tantôt tendues avec Israël, puissance militaire face aux défis sécuritaires existentiels, Etat fort, démocratique et libéral.

C’est dans ce contexte proche-oriental trouble, la péninsule coréenne aux portes de frappes nucléaires d’un autre effroi que l’Union Africaine, lors de cette Assemblée Générale des Nations Unies, interpelle le monde sur la nécessité de repenser, de reformer le Conseil de Sécurité aux fins d’y admettre des puissances de pondération venant d’Afrique, du Japon, du Brésil, du Canada, de l’Inde et du monde arabe. Trop d’appelés ? Plutôt un capharnaüm qui exile la sagesse et la paix. Il faudrait à ce monde-ci, un sage roi comme Salomon.

Source : www.guillaumesoro.ci

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