photo illustrative –
20 Minutes
Après la baisse de la note de la dette américaine par l’agence de notation financière Fitch, le 1er août dernier, une vive passe d’armes a opposé le parti démocrate et le parti républicain. Les démocrates ont qualifié l’abaissement de la note de crédit des Etats-Unis de « résultat d’une crise de défaut de paiement créée par les républicains », tandis que les républicains en ont attribué la cause à la mauvaise gestion des affaires économiques par l’administration Biden.
Un nouveau cycle de jeu bipartisan qui a confirmé une raison importante pour laquelle l’agence de notation Fitch a dégradé la note de crédit de l’Oncle Sam. « Les impasses politiques répétées sur le plafond de la dette et les résolutions de dernière minute ont érodé la confiance dans la gestion budgétaire », justifie Fitch dans un communiqué. A en croire certains analystes, il s’agit là d’un premier avertissement pour Washington, à savoir que la polarisation politique entraîne un manque de capacité de gouvernance.
Dans la récente crise de la dette américaine, les deux partis ont trouvé un accord à la dernière minute pour suspendre le plafond de la dette pendant deux ans, ce qui a permis d’éviter un défaut de paiement de la dette américaine. Mais au cours des mois qui ont précédé, les deux partis, afin d’obtenir les plus gros avantages politiques, se sont livrés à un « bras de fer », jouant au « jeu du poulet », ce qui a beaucoup inquiété le marché. En mai dernier, Fitch avait placé la note américaine « sous surveillance ». Cet abaissement peut être considéré comme une nouvelle expression de déception et d’insatisfaction face au déclin continu de la capacité de gouvernance de l’administration américaine.
Dans le même communiqué, Fitch souligne que la situation financière des Etats-Unis continuera à se détériorer au cours des trois prochaines années et leur dette publique déjà élevée continuera d’augmenter. Il s’agit là d’un deuxième avertissement pour Washington : l’endettement des États-Unis est alarmant, les perspectives d’une économie basée sur l’expansion de la dette sont inquiétantes.
D’après les informations figurant sur le site web du département du Trésor américain, le montant de la dette du gouvernement fédéral au 31 juillet atteignait 32.600 milliards de dollars, ce qui équivaut à une dette de quelque 100.000 dollars par Américain. Fitch prévoit que la dette publique américaine atteindra 118,4 % du PIB du pays d’ici 2025. À titre de comparaison, le ratio médian dette/PIB pour les pays notés AAA par l’agence est de 39,3 %
Historiquement, ce n’est pas la première fois que la note de crédit des États-Unis est dégradée. En 2011, Standard & Poor’s, une autre agence de notation occidentale, a privé les États-Unis de leur triple A en raison d’une impasse politique sur le plafond de la dette. Mais cette fois, la situation est différente, pire encore. La dette du gouvernement fédéral des États-Unis a doublé. L’Institut Cato, un groupe de réflexion américain, a averti que l’augmentation continue de la dette du gouvernement fédéral freinera l’investissement privé, augmentera le risque d’une crise budgétaire soudaine et deviendra une question de « sécurité nationale » pour les États-Unis.
Le troisième signe d’alerte concerne la crédibilité des États-Unis, et pourrait accélérer le processus de « dédollarisation ». L’abaissement de la note de crédit des États-Unis par Fitch a déclenché une volatilité importante sur la plupart des marchés développés, et un certain nombre de pays évaluent déjà les effets négatifs de cette décision sur le monde.
Le statut du dollar américain en tant que monnaie internationale, repose sur le crédit gouvernemental. Une fois ce crédit érodé, il est naturel de faire de nouveaux choix. Depuis un certain temps, de l’Amérique latine au Moyen-Orient, à l’Afrique et à d’autres importantes sources d’énergie mondiales, en passant par les alliés des États-Unis d’Amérique en Europe et en Asie-Pacifique, de plus en plus de pays ont procédé ou prévoient de procéder à une « dédollarisation ».
Après la dégradation de la note américaine par Fitch, un certain nombre de fonctionnaires du gouvernement américain ont réagi vivement. Ils ont exprimé leur mécontentement et leur colère, en affirmant que cette décision « défie la réalité ». Cependant, cette décision n’est pas une surprise, mais reflète précisément la réalité. Au lieu de consacrer leur temps à des luttes partisanes, les politiciens de Washington devraient réfléchir à la manière de résoudre les problèmes économiques des États-Unis et de sauver réellement la face.
