La transparence du vote pour la prise de décision des affaires du village est un mécanisme unique à Huangnidun. (PHOTO : YU XIANGJUN)

Le 3 juillet, de bon matin, Zhou Hongwei, secrétaire de la cellule du Parti du village de Huangnidun, du canton de Huang-xiang dans la ville de Lishui (Zhejiang), s’est rendu chez les villageois pour les consulter sur l’ajout de lampadaires et la mise à niveau des installations d’eau courante.

Selon M. Zhou, s’il s’agit d’une affaire impliquant les intérêts majeurs des villageois, il est nécessaire de consulter leurs opinions, « il faut donner le pouvoir de décision aux villageois, pour qu’ils prennent leur décision sur leurs propres affaires ».

La prise de décision

Début 2014, M. Zhou, qui faisait des affaires hors du village, est revenu à Huangnidun et a été élu secrétaire de la cellule du Parti du village. À cette époque, la province du Zhejiang menait une campagne de transparence dans l’administration des villages. Après avoir discuté avec d’autres cadres du village, M. Zhou a publié tous les comptes financiers des projets du village, dans l’espoir de gagner la confiance des villageois. Mais ces derniers s’en sont moqués, disant que ces comptes avaient été faits par les cadres eux-mêmes et n’étaient pas crédibles.

De nombreux problèmes subsistaient dans le village. M. Zhou a passé trois mois à aller consulter les villageois, de porte en porte, afin de mieux comprendre leurs besoins. À travers des entretiens, il a découvert que la cause de leurs tensions avec les cadres était due à l’opacité des informations sur les affaires du village. Pour les villageois, les affaires du village ne dépendraient que de la décision des cadres, tandis qu’eux, ils n’avaient pas leur mot à dire.

Comment réinstaurer un climat de confiance entre les cadres et les villageois ? Pour M. Zhou, la transparence est la clé. En conséquence, ils ont élu 52 représentants parmi des milliers de villageois et le vote à bulletin secret a été instauré pour toute question majeure concernant le village, donnant ainsi plus de pouvoir aux villageois dans les prises de décision.

Par la suite, le village a également invité un groupe de réflexion à participer aux réunions et à donner des conseils afin de conformer le vote aux lois et règlements.

Pendant longtemps, les villageois de Huang-nidun ont vécu de l’agriculture traditionnelle avec des revenus médiocres. Bishuiwan, au bord de la rivière Yanxi à l’entrée du village, est un site de baignade naturel reconnu par les gens. Cependant, pour profiter de cette ressource naturelle, il fallait abattre certains des orangers et des bambous, et démolir des bâtiments abandonnés de plusieurs dizaines de ménages, dont l’auberge de fortune de Liu Lianfu, qui avait nécessité un investissement de 200 000 yuans.

Lorsque les cadres se sont retrouvés face à ce dilemme, ce sont les villageois qui ont proposé de recourir au vote. Enfin, le projet de développement de Bishuiwan a été approuvé à l’unanimité. En tant que représentant des villageois, Liu Lianfu a pris l’initiative d’exprimer son soutien au développement du tourisme dans le village et a approuvé la démolition de son auberge. Les villageois concernés par la démolition des maisons et l’abattage des arbres ont aussi participé au développement du tourisme à leur manière.

Depuis plusieurs années, Zhang Zheng est responsable du travail sur le vote transparent de Huangxiang. Selon lui, ce vote, mis en place au cours de la réalisation du projet « 1 000 et 10 000 » à Lishui, consiste à donner le droit de choisir aux villageois, leur garantissant ainsi le droit de participer à la gestion et à la surveillance des affaires du village au niveau institutionnel. Les villageois acquièrent un sens de responsabilités et un sentiment d’appartenance lorsqu’ils participent à la prise de décision, rendant la gouvernance rurale plus dynamique.

De 2014 à nos jours, le village de Huangnidun a voté 106 affaires majeures du village, avec 98 % d’approbation en moyenne. Tous les villageois de Huangnidun sont au courant de ces prises de décision, et plus de 90 % d’entre eux en sont satisfaits

La restauration des demeures anciennes du district de Songyang est l’un des exemples les plus représentatifs de la revitalisation rurale du Zhejiang en 2022. (PHOTO : YU XIANGJUN)

La gouvernance

Le village de Songzhuang du district de Songyang, niché dans les montagnes verdoyantes, est un village de plus de 500 ans d’histoire. L’air y est frais et les paysages y sont beaux, ce qui en fait un lieu de villégiature parfait en été.

Néanmois, Songzhuang était un village dépeuplé qui n’intéressait personne il y a tout juste dix ans. En 2014, il a été inclus dans la liste des villages traditionnels chinois classés, et a ainsi reçu une subvention de 3 millions de yuans. Grâce aux résultats obtenus en matière de protection et de restauration, en 2018, le village a reçu un fonds supplémentaire du programme de protection des villages traditionnels, ce qui a changé la donne de fond en comble.

L’investisseuse shanghaïenne Sun Yingying est une « nouvelle » à Songzhuang. En 2018, elle a vu l’opportunité qu’offraient les beaux paysages, alors elle a signé un contrat de réaménagement avec 18 maisons anciennes, qui allaient reprendre vie. Depuis lors, le village dispose de chambres d’hôtes, de cafés, de restaurants, de librairies, de salles de conférence et de spas. Lors de la Fête nationale de 2022, le flux quotidien moyen de touristes dans le village atteignait 2 000, un nombre presque décuplé en trois ans.

Ye Shengzhong, originaire de Songzhuang, vit de la plantation de pêchers dans le village depuis de nombreuses années. Auparavant, il devait transporter ses pêches jusqu’en ville pour les vendre, mais aujourd’hui, il s’en sort en les vendant aux touristes, sans sortir du village.

Li Wensheng, qui travaillait et vivait à Shanghai, est de retour dans son village natal de Songzhuang avec sa femme pour leur retraite. Il a ouvert un petit magasin, et a aussi pressé son frère, qui faisait des affaires à Ningbo (Zhejiang), de revenir. Pendant la haute saison, le snack traditionnel fabriqué par son frère peut se vendre par milliers chaque jour.

« La dynamique endogène du village a été stimulée et la vitalité surgit, tout cela est dû aux efforts conjoints des nouveaux, des natifs et de ceux qui sont de retour », conclut Ye Genzhong, secrétaire de la cellule du Parti de Songzhuang. Le dynamisme de l’innovation et de l’entrepreneuriat des trois groupes de gens apporte du potentiel au village.

« Qui pouvait imaginer que le village se développerait si bien ! », s’exclame Ye Gaoshui, ancien secrétaire de la cellule du Parti âgé de 78 ans, en voyant les évolutions prodigieuses du village. D’après lui, ces trois groupes de gens sont à la fois planificateurs, participants et promoteurs de la gouvernance et du développement ruraux. Grâce à leurs efforts communs, une coordination entre la protection des villages anciens et le développement industriel s’est installée.

Un conseiller juridique forme les médiateurs du canton de Jizhai.(PHOTO : YU XIANGJUN)

La médiation

Dans le village de Huangfangkou du canton de Jizhai, dans le district de Qingtian (Zhejiang), en raison de la rénovation des infrastructures et de l’amélioration de l’environnement, certains bâtiments appartenant à deux villageois ont dû être démolis. La démolition a affecté pendant un certain temps la vie et les déplacements des villageois, qui s’en sont plaints.

L’amélioration de l’environnement est une bonne chose pour les villageois. Mais s’ils ne soutiennent pas le plan, cela pourrait tourner en casse-tête. Face à cette situation, le comité de médiation du canton de Jizhai a invité les villageois au centre de médiation. Le comité, composé de médiateurs, de cadres du village et des représentants des villageois, leur a explicité le contexte et la planification de l’amélioration de l’environnement. Les deux villageois qui devaient voir leurs biens être démolis ont fini par comprendre et accepter la décision qui allait permettre d’élargir les routes du village.

Ce modèle de médiation des conflits et des différends en milieu rural est nommé « modèle de Jizhai ». Liu Jinglei, secrétaire adjoint du Comité du Parti de Jizhai, a expliqué ce modèle : les villageois peuvent choisir le médiateur en lequel ils ont confiance, d’autres villageois sont aussi autorisés à assister à la séance de médiation et à faire des remarques après la médiation. En plus de régler les différends, le comité de médiation de Jizhai se charge de sensibiliser les villageois à la loi. Certains différends ont alors pu être réglés à l’amiable, sans son intervention.

Dans le district de Qingtian, on compte actuellement plus de 100 médiateurs experts. Ils se démènent dans les régions rurales pour résoudre les conflits et les différends, renforçant les villageois dans un sentiment de satisfaction, de bonheur et de sécurité. Plus important encore, c’est que les différends entre villageois sont de moins en moins nombreux à mesure du développement économique rural et de l’embellissement de l’environnement.

Source：La Chine au présentAuteur：ZHANG JUAN, MA LI et XIA YUANYUAN