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Daouda Simboro, président du groupe parlementaire UPC/RD:  » nous avons mis le doigt là où ça fait le plus mal  »


A l’Assemblée nationale, l’Union pour le progrès et le changement (UPC) a deux groupes parlementaires que sont le groupe UPC et l’autre UPC/renouveau démocratique. Si l’UPC a pu organiser les 20, 21 et 22 juillet derniers son deuxième congrès ordinaire, il faut dire que c’était sans les membres du groupe parlementaire UPC/RD dont Daouda Simboro est le président. Elu dans la circonscription électorale de la province de la Kossi sous la bannière de l’Union pour le progrès et le changement (UPC). Après ce congrès, des interrogations se posaient sur la situation exacte des membres de ce groupe parlementaire. Nous avons rencontré pour vous le député Daouda Simboro, qui évoque non seulement, les raisons de leur non-participation au congrès de l’UPC, mais aussi sa vision de la politique au Burkina, ainsi que l’avenir politique du Burkina et de la sous-région.Le groupe UPC/RD a été créé le 4 octobre 2017 en total respect des textes qui régissent la création d’un groupe parlementaire au sein de l’hémicycle et comprend 13 députés.

Quelles sont les raisons de l’absence de votre groupe parlementaire au 2ème congrès de l’UPC?

Nous avons évoqué notre position à maintes reprises lorsque nous en avions eu l’occasion et lorsque la question nous a été posée. Nous avions évoqué un problème de sécurité. On a demandé qu’on nous donne des gages pour notre sécurité. D’aucuns ont pu dire dans des organes de presse que ce n’était pas nécessaire vu que nous sommes des militants et que, comme tout autre militant, nous n’avons pas besoin de ces gages de sécurité. Ce qui est totalement absurde et faux, dans la mesure où certains membres de l’UPC/RD ont pu voir leurs domiciles assaillis et être objets d’attaques par voix de medias. Vous avez pu voir que certains organes de presse, tout en méprisant la déontologie, ont couvert des attitudes violentes, des réunionsde diffamation et ont accueilli des invités qui ont tenu des propos à la limite diffamatoires à notre endroit. On a pu également entendre que les militants ont tout le droit de réagir s’ils ne sont pas contents et qu’ils sont libres d’appliquer la méthode qu’ils veulent. C’est une incitation à peine voilée à des actes qui peuvent être répréhensibles. Alors, dans ces conditions où la sécurité n’est pas garantie, il n’y a pas de raison que nous partions nous asseoir à un congrès qui a toutes les allures d’une foire. Franchement, la présence ou l’absence ne signifiera pas grande chose, étant donné que la parole est contrôlée où l’organisation est millimétrée. Nous connaissons les différents intervenants de toutes façons; je ne suis pas sûr qu’ils auraient prévu une tribune pour nous permettre de prendre la parole. De toutes les façons, vous êtes de la presse, vous savez que moi, j’ai pu contourner cette disposition. J’ai fait une adresse à l’endroit des congressistes qui a eu plus d’audience que ceux-là mêmes qui participaient au congrès. J’ai envoyé mon message aux congressistes le 21 à 12h; je crois qu’à ce jour, si vous allez sur ma page Facebook, vous allez voir qu’il y a plus de 85 500 personnes qui ont été informées par mon message. Il y a eu pratiquement 200 partages et près de 700 commentaires. Du coup, je me dis que les partages qui ont été faits ont également dû être répercutés et lus. Donc, moi je pense que mon message est passé même auprès des participants au congrès.

Comment est-ce que vous, ainsi que les autres membres du Renouveau démocratique, vous vous sentez après le congrès de l’UPC?

Après le congrès, nous avons eu l’impression que nous avons mis le doigt là où ça fait le plus mal. Nous avons mis le doigt sur là où il y a effectivement le problème. Le congrès a tourné autour des démissionnaires. Ils ont voulu démontrer que malgré ce que nous posons comme problème, le parti se porte bien. Mais on sait comment ce «maquillage» est fait. S’ils pensent que c’est satisfaisant, tant mieux! Nous sommes toujours du parti et les problèmes demeurent. Il aurait été plus indiqué de profiter de ces instances pour régler ces problèmes. S’ils n’ont pas été réglés, on aura beau tourné autour du pot, on va tomber dedans un jour. Franchement, le congrès nous a réconfortés sur la voie sur laquelle nous nous sommes engagés, sur les questions que nous avons remises sur la table. Je crois qu’étape après étape, l’histoire est en train de nous donner raison.

Est-ce qu’avec cette instance qui s’est tenue sans le RD, vous vous sentez de plus en plus mis à l’écart, et exclus de l’UPC?

Quand on examine effectivement les attitudes et les déclarations, on n’a vraiment pas l’impression qu’on veut que nous regardions dans la même direction. Sinon aujourd’hui, chaque parti, que ce soit nous ou les responsables de parti, chacun clame qu’il est toujours dans le parti. Effectivement, nous sommes toujours dans le parti parce que créer un groupe parlementaire n’est pas contraire à la loi; c’est juste un instrument de travail à l’intérieur de l’hémicycle. Ce qui n’enlève en rien la qualité de militant du parti. Le groupe parlementaire Paix justice et réconciliation nationale (PJRN) ou le groupe Burkinlim sont de quel parti politique? Aucun parti ne porte ces noms. Ce sont des regroupements d’environ 8 partis. Même à l’UPC, on a des députés du Paren, de l’UBN; est-ce que cela a changé quelque chose à leur capacité à travailler au sein de l’hémicycle? Je ne le pense pas. Le CDP a envoyé des députés à PJRN, l’UPC également. Franchement, se mettre à l’écart ou se considérer être toujours du parti sur la base de la création du groupe parlementaire est totalement absurde. Franchement, nous ne nous attardons pas sur ces interrogations. Nous avons créé le groupe parlementaire pour des raisons conservatoires. Nous nous sommes sentis dans une situation qui n’était pas confortable et nous nous sommes dits qu’étant donné que nous partageons les mêmes préoccupations, il serait bon que nous nous mettions ensemble pour travailler. Ceci est un instrument pour le premier responsable du parti. Mais si le message ou la perception individuelle n’a pas été mise en œuvre, nous en prenons acte.

 

Souvent, il y a des décisions qui se prennent au sein de l’hémicycle et vous en tant que représentant de l’UPC, vous n’y êtes pas associés; est-ce que cela n’anime pas en vous un sentiment d’exclusion du dit parti?

Il faut dire que les instances du parti existent et continuent d’exister. Quand ils prennent des décisions, parfois nous sommes d’accord et parfois non. Tant que cela ne touche pas aux conditions d’exercice de notre fonction, il n’y a aucun problème. Le travail parlementaire que nous faisons, nous le faisons à merveille. L’autre chose qu’il faut noter, c’est que le député dans le sens du vote, est totalement libre de voter parce que son mandat n’est pas impératif; on ne peut pas lui imposer un sens de vote. Cela est inscrit dans la Constitution qui consacre cela. Un parti politique ne peut outrepasser la constitution pour s’imposer à des militants, ne serait-ce que des députés, lesquels députés qui ont été légalement élus. En réalité s’il y a des décisions qui sont prises et qui concernent le bien du parti, il y a toujours des gens qui seront d’accord, même quand cela ne concerne pas le bien du parti, d’autres seront d’accord car ils ne font pas la distinction. En ce qui concerne le fonctionnement du parti, c’est quand on parle «pour amuser la galerie» que nous nous touchons au fonctionnement du parti. Sinon, dans notre déclaration liminaire, nous n’avons aucunement touché le fonctionnement du parti. Nous avons seulement réclamé pour les députés, une certaine indépendance et une certaine autonomie au niveau du vote, au niveau du fonctionnement du groupe. On ne peut pas dans le groupe de 33 personnes, désigner un certain nombre de personnes qui doivent faire tout et bénéficier de tous les avantages pendant que d’autres doivent regarder et se taire. Quand on dit cela, on dit qu’on est corrompu et acheté; c’est leur problème. Aujourd’hui, si ces gens pensent qu’ils sont convaincus de ce qu’ils avancent, je pense qu’ils peuvent user des dispositions disciplinaires.

Revenons un peu sur la question de sécurité; vous avez dit que par manque de sécurité, certains membres ont refusé de participer au congrès. Est-ce que vous n’avez pas pensé quitter le navire à cause de cette insécurité?

Cela n’est pas exclu; mais cela reste une décision individuelle. Il n’appartient à quiconque de décider de la démission d’un député qu’il soit de l’UPC ou d’un autre parti, lorsque le mandat de celui-ci est validé. Cette décision est personnelle. Celui qui sentira que tout est définitivement perdu, peut prendre lui-même la décision de démissionner. Ce n’est pas exclu que des députés prennent la décision de démissionner parce que les choses ne se passent pas telles qu’ils espéraient. Il faut savoir qu’être à l’UPC/RD n’est pas aussi inconfortable que cela; ce sont juste certaines personnes qui s’agitent autour de cette question. Nous avons parcouru le territoire, les provinces, nous avons échangé avec nos militants et ils nous ont compris. Nous sommes tranquilles! Vous voyez que le problème ne se pose plus avec la même acuité qu’en octobre ou en novembre. De plus, l’autre problème était que les gens ne comprenaient pas le fonctionnement de l’Assemblée nationale en termes de groupe parlementaire. Maintenant les gens sont édifiés. Ils se disent qu’il y a un problème de discipline, peut-être. Mais ces problèmes doivent être normalement résolus par le règlement intérieur du parti. C’est dire que la décision de rester ou de partir c’est comme les deux bouts d’une ficelle. Le parti peut décider de vous faire sortir, le député peut décider de vous faire sortir. Autant le parti ne prend pas la décision de faire sortir ceux qui ne respectent pas la discipline, autant le député n’est pas obligé de donner suite. C’est-à-dire que cette décision est individuelle, on ne peut pas l’imposer. Je vais vous dire une chose, quand vous partez dans les provinces, est-ce que vous êtes sûr qu’il y ait une seule province où on a distribué 10000 cartes de membres de parti? Je crois pas en cela, en dehors du cas du CDP en son temps. Tous ceux qui peuvent dire qu’ils ont été votés par 1001 personnes, peuvent dire que ce ne sont pas uniquement par les membres de son parti. Donc le mandat, il le doit au-delà des membres de son parti. Dans ce cas pourquoi voulez-vous que ce soit le parti qui décide qu’il doit céder son mandat?

 

Vous avez entrepris entre temps de donner des explications à votre parti par rapport à la création de l’UPC/RD, quel bilan pouvez-vous tirer de cette communication?

C’est un bilan totalement satisfaisant. Vous voyez qu’après cela, nous avons eu plus de sérénité. Il faut dire que nous n’avons pas été les premiers à aller voir la base. Certains responsables ont suggéré que le parti envoie des délégations pour aller récupérer leur base. Nous les avons laissé aller d’abord pour essayer de parler à la base. Quand vous allez par exemple à Nouna et que vous ne connaissez pas Nouna, vous n’avez pas contribué à mon choix à Nouna et vous partez par exemple pour essayer de me diffamer là-bas, pensez-vous que ceux qui me connaissent et qui travaillent avec moi nuit et jour vont vous laisser venir tranquillement me diffamer et puis repartir dire que vous avez réintégré la base ? Cette base a été construite pendant combien de temps? En un jour, en une semaine, en un an? Est-ce qu’il a suffi d’une seule mission pour construire cette basepour que vous alliez la récupérer?

 

Voulez-vous dire que jusqu’à présent vous n’avez rien perdu?

Absolument! J’ai l’exemple d’autres provinces où ce sont des personnes d’autres partis qui aident à mener les nouvelles responsabilités dévolues à l’UPC. Cependant, je ne vais pas rentrer dans ces détails. Sinon de toute façon, ils sont en train de renouveler les structures. Si c’est satisfaisant pour nous faire gagner les élections, c’est tant mieux. Si ce n’est pas satisfaisant nous en tirerons les conséquences dans quelques années.

 

Nous avons l’impression qu’avec le président de l’UPC, à un moment donné, on vous ouvre la porte et ensuite, on la referme. Est-ce que vous êtes prêts à aller aux élections avec lui dans ces conditions?

Qui a fermé la porte à laquelle vous faites allusion, et à qui ? Il n’y a pas de porte qui ait été ouverte ou fermée. Les gens ont mis dans leurs têtes qu’étant donné que nous avons créé un groupe parlementaire, nous avons quitté le parti. Mais ce n’est pas le cas, nous n’avons jamais quitté le parti et toute démission doit être volontaire et matérialisée. On ne peut pas présumer une démission. Par exemple vous vous ne pouvez pas dire que je crois que Simboro a démissionné. Quand vous démissionnez vous devez écrire pour dire «je démissionne» pour compter de ce jour et pour telle raison. Et cela, personne ne l’a fait jusqu’à présent. Si le parti avait «fermé la porte», il devait prendre une décision pour dire qu’à partir de ce moment vous ne faites plus partie; est-ce qu’ils l’ont fait? Quand on dit qu’une porte est ouverte, qu’une main est tendue, tendue à qui? Ouverte à qui? Pour quelle raison? Il y a autant d’interrogations! En réalité, il n’y a pas de réelle volonté, ce n’est que de l’hypocrisie politique.

 

Quel avenir prévoyez-vous pour votre groupe parlementaire ainsi que pour ses membres?

Je vous ai dit que le groupe parlementaire est un outil pour travailler à l’Assemblée. Ce n’est pas un parti politique et ça n’a pas vraiment vocation d’en être un. Aujourd’hui, qu’on y croit ou pas, je pense qu’il y aura un jour où nous allons nous asseoir pour parler sérieusement des problèmes. Si on s’accorde, la rupture, il faudrait l’enterrer. Si on ne s’accorde pas, chacun tirera les conséquences en toutes responsabilité, tant de la part du parti que des députés. La première projection que je puisse faire au nom de tout le groupe, c’est dire que c’est toujours la casquette de l’UPC qui prévaut; nous ne l’avons pas abandonnée. Nous avons été obligés de réagir et de tenir ferme par rapport à la cabale qui a été organisée contre nous. Nous n’allions quand même pas cautionner des dispositions anti-républicaines. Quand on fait des choses en conformité avec la loi et que quelqu’un dise non, il n’y a pas moyen; si la manière y est il n’y a pas de problème; sinon, tant qu’on est sûr que la loi est de notre côté, on ne le fera pas! L’autre option, c’est que les députés décident de dire soit collectivement ou individuellement, qu’ils en ont marre d’espérer en vain qu’une solution soit trouvée. Ce n’est pas le cas, mais nous allons prendre nos responsabilités et à partir de ce moment, celui qui pense qu’il est assez fort, se lancera en indépendant ou rejoindra un autre parti. Il n’y a pas une décision collective qui est possible à ce niveau. Quand je regarde les spéculations des gens dans la presse, ils disent qu’ils vont se retrouver dans tel ou tel parti, cela me fait rire. Aujourd’hui, quand vous dites qu’ils vont partir dans un parti X, est-ce que ce parti est prêt à accueillir par exemple Daouda Simboro? A part la Kossi, est-ce qu’il sera possible d’accueillir par exemple Moussa Tindano dans la Gnagna? A partir du moment où il faut en venir à une décision collective, cette décision collective doit arranger tout le monde. Pas une seule personne ne devrait être lésée par une décision éventuelle qui sera à prendre. C’est pourquoi j’imagine que ça va être difficile de dire qu’ils vont rejoindre tel ou tel parti. Il y en a qui vont jusqu’à imaginer la création d’un autre parti politique. Un ami m’a dit un jour qu’à 50 ans, «s’il ne peut pas diriger un parti politique, c’est qu’il peut considérer qu’il a échoué dans sa vie». Beaucoup d’entre nous ont cet âge; le problème est que pour faire fonctionner les partis politiques il faut de l’argent et nous ne l’avons pas. Moi je connais ma situation et l’argent je ne l’ai pas. Même si j’en avais, je ne suis pas sûr de le prendre pour faire fonctionner un parti. Cependant, si d’aventure j’avais le sentiment d’être écouté même sans argent, et que les gens étaient vraiment prêts à changer comme ils le prétendent, je pourrai prendre mes responsabilités; c’est de l’ordre du possible.

 

Je vais revenir sur une de vos déclarations à la presse et qui fait la polémique actuellement. C’est lorsque que vous dites que dans les semaines à venir, tous les partis vont être secoués; sur quelle base tenez-vous ces propos?

Aujourd’hui, quand vous analysez le paysage politique du Burkina Faso, est-ce que vous osez un instant croire que la situation va être aussi linéaire jusqu’en 2020? Je veux seulement prendre pour exemple, entre le mois de mai et celui de juin, combien de nouveaux partis ont été créés? Si je ne m’abuse, environ 5 à 6 partis. La caractéristique commune de tous ces partis est qu’ils ont affiché l’espoir du renouveau démocratique, du renouveau du Burkina. C’est dire qu’il y a un besoin de renouveau qui est en train d’être perçu. Ce besoin ne va pas s’arrêter juste en quelques mois; cela va continuer. Il y aura à un moment donné, une inflation de partis politiques. Ces partis seront à un moment donné, obligés de s’agripper pour être forts et créer d’autres grands partis. Du coup, il n’y aura pas que ces trois «grands baobabs» dont on parle dans le paysage politique burkinabè. On ne va pas créer de nouveaux militants, il faudra les prendre quelque part. On les prendra un peu partout. Aujourd’hui, le besoin de renouveau qui fait que les gens ne veulent pas le dire, et franchement, est tel qu’il va falloir passer à une transition générationnelle. En Côte-d’Ivoire, Alassane Ouattara l’a perçu, et il dit qu’il faudra «passer la main à une nouvelle génération». Sur RFI, j’écoutais le porte-parole de IBK au Mali, qui dit qu’après ce mandat, il va «passer la main à une autre génération». Deux pays qui nous entourent et avec lesquels nous sommes très proches en termes de caractéristiques, avec lesquels nous avons beaucoup de similitudes et dont les chefs sont en train de boucler une génération. De année 2000 à 2025, cela va faire une génération que nous aurons changé de siècle, pensez-vous que cela se passera simplement? La Côte-d’Ivoire et le Mali sont des exemples plus proches de chez nous et ils nous ont donné le signal. Moi je suis convaincu que le problème va se poser également chez nous au Burkina. Je sais que dans tous les grands partis, il y a des gens qui vont poser le problème. Ceux qui sont avisés et qui vont passer volontairement la main pour impliquer une nouvelle génération, vont réussir une transition en douceur. C’est eux qui vont gagner. Ceux qui pensent que le dictat d’un individu peut continuer de prévaloir durant des années et des années, vont en faire un amer constat. Ils vont prêcher dans un désert où il n’y aura pas d’auditoire. Si vous regardez ces éléments que je viens d’exposer, on n’a pas besoin de savoir que des mutations vont intervenir. Tout le monde masque ses difficultés mais cela fini par jaillir. Rien qu’aujourd’hui, nous avons appris la démission de Rasmané Ouédraogo du NAFA; cela n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Quand on prend le CDP aujourd’hui, on se rend compte qu’il y a beaucoup de sous partis qui ne partagent pas forcément les mêmes points de vue. Nous, nous n’en sommes pas à ce niveau: notre crise a été mal gérée sinon elle ne devrait pas être une crise mais un avantage. Elle a été gérée conformément à des réactions personnelles et individuelles. Si la crise avait été gérée comme une crise institutionnelle, elle n’aurait pas prise cette ampleur ou cette tournure. Si vous prenez le CDP qui couve sa crise, l’URNIR/PS, le Parent où il y a aussi des déchirures, vous remarquerez que ces partis sont arrivés dans un ordre précis aux élections passées. Normalement, ce sont ces partis qu’on appelle les grands partis, mais ils sont secoués oui ou non? Ce dont je suis ignorant, c’est pour le parti au pouvoir. Mais, au sein de cette majorité, on peut parier qu’il y a aussi des problèmes. Vous avez vu la déclaration de Wendlasida François Ouédraogo, qui dit: «il y a des problèmes dans certains petits partis de la majorité». Je ne sais pas ce qui se passe au MPP, mais je sais que si le problème se pose et qu’il est bien géré, ils vont opérer une transition en douceur. Tout dépendra des acteurs en face, mais je crois bien qu’ils ont les moyens de juguler certaines crises par rapport à d’autres.

 

Comment est-ce que vous voyez l’avenir du pays d’ici 2020?

Il faut le dire clairement, nous sommes en train de «reprendre du poil de la bête». En repartant une année en arrière, tout le monde se demandait si le régime en place allait terminer son mandat. Après l’insurrection, chacun a pensé à lui-même pour occuper le fauteuil présidentiel, plutôt que de s’occuper du pays. S’ils avaient pensé au pays, peut être qu’en ce moment nous parlerions d’une vraie relance du pays, d’une vraie implantation de la démocratie. Aujourd’hui, la parole est libérée mais cela fait plus de dégâts que le bonheur des populations. Je prends l’exemple des réseaux sociaux: tout le monde est devenu expert en tout, chacun veut voir son avis appliqué par le gouvernement. On a élu quelqu’un et c’est à lui de conduire sa politique. Constitutionnellement, il ne doit rendre compte qu’à la fin de son mandat, pour que la population ait la possibilité de le sanctionner. On s’acharne aujourd’hui sur le gouvernement, sur le président du Faso. La critique est facile mais qui est réellement responsable? L’action suppose un acteur, un résultat et une responsabilisation.C’est celui à qui la responsabilité incombe qui a la responsabilité. L’acteur des politiques publiques c’est le gouvernement; la responsabilité lui incombe donc. Si vous avez une responsabilité vous devez avoir la marge de manœuvre, avoir les moyens et outils nécessaire, toutes choses qu’on ne veut pas accorder au parti au pouvoir. On croit qu’il est faible, et qu’on a tous les droits après l’insurrection. Il faut arrêter l’hypocrisie, permettez au régime au pouvoir de travailler; qu’on soit de l’opposition ou de la majorité! On n’a pas le droit de les empêcher de travailler. Au départ, ce régime avait commencé à se laisser déstabiliser par les réseaux sociaux, les mouvements d’humeurs des syndicats et autres. Ils doivent garder le cap, regarder dans la direction qu’ils se sont fixés et avancer.

Certains disent que vous avez créé le groupe parlementaire dans l’optique d’être ministre; est-ce que si vous êtes appelé à servir le gouvernement, vous allez répondre à l’appel?

La campagne de dénigrement qui s’en est suivie était des déclarations désespérées. Nous sommes 13; pensez-vous que nous allons avoir 13 postes au sein du gouvernement? Moi je suis économiste; vous pensez que je vais aller prendre un ministère qui n’a rien à voir avec le domaine où je pourrai mettre en valeur mes connaissances? C’est totalement absurde et enfantin! C’est pour cela, je dis qu’un parti ne doit pas raisonner comme un individu parce qu’il va refléter les tares et les faiblesses de cet individu. Effectivement les individus qui sont allés parler, vous avez vu par la suite leurs tares: totalement bêtes! Je suis un Burkinabè et suis préoccupé par le développement de mon pays; par son rayonnement. Vous croyez que si je peux tant soit peu contribuer à réaliser les aspirations de mon peuple, je vais me poser la question de savoir où je dois m’asseoir pour le faire? C’est méconnaître totalement le sens des engagements des hommes que vous avez élus comme députés. Mon engagement en politique a un sens; ce n’est pas pour un parti en priorité; le parti n’est qu’un instrument pour réaliser un engagement. J’ai toujours dis et clamé fort que mon parti politique, c’est la Kossi et les populations de la Kossi. Si c’est en étant ministre que je peux contribuer à faire valoir leurs aspirations, je veux bien! Si c’est en qualité de député, cela me convient; si c’est en tant qu’employé de bureau, je n’en fais pas un problème! Nous sommes 13 dans le groupe et il y a des gens qui ont plus de 60 ans, vous pensez qu’ils veulent être ministres? Pensez-vous que les 12 autres membres se sont dits que pour que Simboro soit ministre il faut qu’on crée ce groupe? Ces dires n’avaient qu’un seul objectif et cela, je ne le dirai pas ici, mais c’est perdu d’avance! Je m’assume, il y a quelqu’un qui nomme des gens ministre. Le président nomme des ministres qui forment son gouvernement. Ce n’est pas dire que je porte mes bagages et quand il y a un train qui passe, j’y rentre pour être ministre. La décision d’accepter ou pas si on me le propose ne doit ni dépendre de la presse, ni des «oiseaux de mauvais augures». Cela dépendra de moi et de celui qui me le propose. Moi je n’ai pas de position tranchée par rapport à cela. Cela reste ma décision! Quand je suis convaincu par rapport à la pertinence de mes principes, je les suis jusqu’à ce qu’on m’apporte la preuve du contraire. C’est ce qui contrarie justement certaines personnes. Moi, je crois que tant que je pourrai prendre la parole pour dire certaines choses qui pourront arranger le Burkina, je ne vais pas regarder le visage de quelqu’un pour m’en abstenir; je vais y aller!

Entretien réalisé par

Firmin OUATTARA

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