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Coopération: l’Afrique bascule de la France vers la Chine


Aujourd’hui les pays africains entretiennent des relations diplomatiques avec la quasi-totalité des puissances étrangères. La République populaire de Chine et la France en font partie. Dans cet article nous examinerons tour à tour les apports de ces deux nations au développement de l’Afrique.

Tout d’abord la France. Son lien avec l’Afrique est historique et a véritablement pris forme avec la tenue de la conférence de Berlin (1884-1885) marquant pour la France la prise de possession officielle de ses territoires coloniaux africains, exception faite du Sénégal, rattaché à la métropole à la faveur de l’installation, par des commerçants français, du premier comptoir dans l’île de Gorée, en 1626. Les anciennes colonies allemandes furent, quant à elles, placées sous tutelle française par la Société des Nations (SDN) en 1920, mais supervisées par les puissances alliées et victorieuses, au rang desquelles figurait, dès 1916, la France.

L’objectif exprimé de cette coopération est de contribuer au maintien de liens privilégiés avec les pays africains à qui elle a accordé l’indépendance. Mais au regard de l’imprécision de la coopération franco-africaine, elle a toujours été sujette à controverse et est devenue une politique publique plutôt opaque, ardue à rendre intelligible, difficile à jauger à l’aune de ses résultats. C’est une coopération dont les termes de références sont  le plus souvent ambigus et les projets élaborés parfois sur la base d’un référentiel politique peu explicite, mais plutôt dictés par des compromis, des orientations, des choix politiques, etc.

La France a mis en place des structures pour mieux gérer la coopération franco-africaine, on peut citer entre autres : les sommets franco-africains ; le réseau diplomatique de la France en Afrique et dans les organisations internationales ; le dispositif des forces armées prépositionnées et, plus particulièrement, le soutien de Paris aux opérations de maintien de la paix. Cela lui a permis de maintenir voire accroitre, sa présence diplomatique en Afrique. Elle est en relation avec presque tous les pays africains. La coopération au développement avec l’Afrique, si elle a toujours été une priorité clairement affirmée, elle fut toujours sujette à controverse. Au gré des circonstances, elle est devenue une politique publique plutôt opaque, ardue à rendre intelligible, difficile à jauger à l’aune de ses résultats.

Au début, l’Afrique recevait entre 40 % et 50 % des montants de l’aide bilatérale, faisant de la France le premier contributeur du continent, mais dans une proportion déclinante sur la dernière décennie. Aussi, les acteurs de la coopération française se sont mobilisés pour convaincre les Africains de son caractère dépolitisé, mais par la suite certains Africains ont compris que la coopération française était un jeu louche, voire malsain. Ils ont compris que pour la France, l’Afrique restait celle des « affaires », de la « Françafrique » guidée par des motivations mercantiles et mafieuses, dénoncée avec véhémence par François-Xavier Verschave (1998), celle des tyrans grand-guignolesques qui s’enrichissaient sans pudeur grâce à de véreux intermédiaires, c’est ce qui a amené certains Africains à tomber dans l’afropessimisme radical en combattant de toutes leurs forces la coopération française.

Pour une frange considérable de l’opinion publique africaine, c’est la France qui  a été responsable des perturbations que connurent ses anciennes colonies ou pays assimilés dans les années 1980 et 1990. Pour beaucoup, la France est le malheur de l’Afrique avec peu d’investissement, une politique coopérative qui maintient l’Afrique dans le sous- développement. Dans cette dynamique, la françafrique est souvent appelée la « mafiafrique ».

En termes de chiffres, l’aide publique au développement de la France portée par l’aide bilatérale est de +20,8% par rapport à 2019 en euros courants. L’Afrique subsaharienne, au cœur de la politique de développement française, est destinataire d’un tiers des montants consacrés, soit 2,9 milliards d’euros, en hausse de 40% par rapport à 2019. L’APD bilatérale allouée par la France aux pays les moins avancés (PMA) s’établit à 1,7 milliard d’euros.

La France a versé 1,9 milliard d’euros à la lutte contre la pandémie de Covid-19 dans les pays en développement en 2020. Le véritable problème est que l’aide de la France à l’Afrique est assortie de conditionnalités telles que les choix politiques, l’orientation de systèmes éducatifs, le choix de dirigeants, orientée vers le pillage des ressources, ce qui fait de la coopération franco-africaine, un instrument d’appauvrissement de l’Afrique.

La chine. Au cours de ces dernières années, l’aide étrangère de la Chine a connu un développement rapide et son impact sur l’architecture internationale de l’aide a par conséquent été important. L’aide de la Chine à l’Afrique est pragmatique et est régie par des besoins pratiques

Avec la Chine, la plupart des pays africains découvrent un nouveau modèle de coopération. Il est basé sur une règle claire, « gagnant-gagnant » et des principes précis : 1º respect mutuel de l’intégrité territoriale et de la souveraineté ; 2º non-agression mutuelle ; 3º non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures ; 4º égalité et avantages mutuels ; 5º coexistence pacifique.

La coopération que la Chine entretient avec l’Afrique est beaucoup plus basée sur la confiance et n’oblige guère les pays africains à adopter des choix politiques.

L’ampleur et la nature des rapports sino-africains ont diamétralement changé depuis la fin des années 1990. Il y a eu surtout la mise en place à Pékin d’une nouvelle politique africaine qui a permis à l’Afrique de bénéficier de grands projets d’infrastructures de la part du gouvernement chinois, et l’assistance de la République populaire de Chine au développement des pays africains a atteint un niveau sans précédent, talonnant l’aide plus traditionnelle apportée par l’Occident et le Japon.   Cet essor des échanges et des projets novateurs de coopération a directement resserré les liens diplomatiques, voire stratégiques entre Pékin et la plupart des capitales africaines. Aujourd’hui, restant à l’écart des problèmes politiques intérieurs que ces États connaissent au nom de son troisième principe de coopération, à savoir la non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures, la Chine est de plus en plus favorablement accueillie comme une alternative aux diplomaties sourcilleuses et autres programmes d’aide contraignants des pays occidentaux, d’autant plus que la plupart de ces derniers, atteints par la crise, offrent moins que par le passé.

Contrairement à la France, la Chine a mis en place depuis 2000, un mécanisme huilé et efficace de communication, de gestion et de suivi, devenant un modèle de coopération avec l’Afrique pour la communauté internationale, qu’est le Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) qui permet d’apporter de la  »prospérité » aux générations actuelles et futures d’Africains et de Chinois.. Grace à cela, en 21 ans, les relations sino-africaines sont passées du «partenariat de type nouveau» au «partenariat stratégique de type nouveau», avant d’être portées aujourd’hui au «partenariat de coopération stratégique global».

Guidés par les principes de «sincérité, résultats réels, amitié et bonne foi» et « recherche du plus grand bien et des intérêts partagés» avancés par le Président chinois Xi Jinping, la Chine et l’Afrique ont vu ces dernières années se renforcer sans cesse leur confiance politique mutuelle et leur coopération pragmatique couronnée de succès avec des résultats fructueux.

La Chine est en passe  de devenir l’un des partenaires stratégiques les plus fiables du continent Africain qui s’avance vers le renouveau. Un partenariat stratégique qui se distingue par quatre caractéristiques :

Primo, une amitié sincère et solide qui se traduit par un soutien infaillible à la souveraineté et à l’indépendance des pays africains, ainsi qu’à leurs efforts visant à explorer une voie de développement adaptée à leur situation. Le Président chinois Xi Jinping a dit: « Pour nos amis africains, nous restons sincères comme toujours ».

Dans l’époque de la lutte anti-impérialiste et anti-coloniale, la Chine soutenait déjà résolument le peuple africain dans ses combats pour l’émancipation et contre l’agression ou l’ingérence étrangères.  De nos jours, la Chine n’a pas changé sa position ni cessé son appui aux pays africains dans les affaires internationales et régionales. Bien au contraire, elle défend farouchement les droits et intérêts légitimes des pays africains, exhorte la communauté internationale à respecter leurs souveraineté, indépendance et intégrité territoriale, et préconise la recherche des solutions à l’africaine par rapport aux problèmes africains. Le récent cas du Mali et le soutien de la Chine aux pays en proie au terrorisme et en quête de souveraineté nationale véritable et en lutte contre l’asservissement français est un exemple palpable que la Chine partage les difficultés de ses amis africains. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, le droit de vote de la Chine sert toujours à la défense des intérêts légitimes de l’Afrique.

Secundo, un attachement aux principes de l’équité et de gagnant-gagnant dans le plus grand respect des intérêts de l’Afrique. Pour la Chine, la fraternité avec les pays africains est plus précieuse que l’intérêt pure et simple. En tant que pays socialiste dirigé par le Parti Communiste Chinois, la Chine fonde sa diplomatie sur l’internationalisme et s’emploie à la prospérité commune du monde entier. Les pays africains ont découvert cette noble vision dans la coopération : la prospérité commune

Dans cette dynamique, elle n’hésite pas à mobiliser ses propres ressources pour aider les pays en développement à progresser ensemble. Dans la coopération sino-africaine, la Chine ne cherche pas son propre gain exorbitant mais plutôt ménage les intérêts des pays africains. Elle fait souvent des concessions amicales en faveur de ces derniers quand il s’agit de l’intérêt à long terme. Depuis 2000, le total de l’importation chinoise en provenance de l’Afrique a atteint 1,2 trillion de dollars américains. De janvier à septembre de 2021, la RDC par exemple a enregistré un excédent de 6.152 milliards de dollars dans son commerce avec la Chine.  Le Burkina est bénéficiaire de plusieurs appuis dans plusieurs domaines, de la construction de complexes scolaires à celle d’hôpital de référence en passant par l’érection d’un centre de démonstration de la culture du mil et l’équipement de plusieurs centaines de jeunes en kits d’installation dans le domaine entrepreneurial, etc.

Comme le Burkina, les autres pays africains en relation avec la Chine profitent de façon incroyable de la coopération sino-africaine. Dans cette lancée, les investissements chinois en Afrique maintiennent un rythme de croissance soutenu, et le stock d’investissements directs chinois en Afrique a atteint 43,4 milliards de dollars, soit une contribution à plus de 20 % de la croissance économique du continent.

Dans le cadre du FCSA, des assistances directes, prêts, allègements de dettes et d’autres politiques préférentielles jouent également des rôles très positifs pour l’Afrique. Récemment, la Chine a annulé des prêts sans intérêt arrivant à échéance à la fin 2020 en faveur de 15 pays africains.

Tertio, une fidélité à ses promesses et une persévérance dans la mise en œuvre de ses engagements. Le FCSA publie tous les trois ans un plan d’action contenant des centaines de mesures bénéfiques pour l’Afrique. Lors du Sommet de Beijing en 2018, la partie chinoise a déclaré un méga-plan de coopération avec l’Afrique en «huit initiatives».

Actuellement, plus de 880 projets ont été réalisés. Parmi eux, on trouve grand nombre de projets étroitement liés au bien-être de la population africaine. Selon les statistiques, la Chine a jusqu’à présent, construit et modernisé sur le continent africain plus de 10 000 kilomètres de voies ferrées, environs 100 000 kilomètres de routes, plus de 400 services médicaux, et plus de 1 200 services d’éducation. Elle a également créé 4,5 millions d’emplois en Afrique. La liste est loin d’être exhaustive.

Grâce à ces résultats de la coopération sino-africaine, les conditions de vie du peuple africain se sont largement améliorées. Elle a appuyé les entreprises de presse pour les rendre plus opérationnelles avec la capacité d’information-communication plus accrue.

Quarto, un esprit d’ouverture et d’inclusion pour inviter tous les partenaires du monde à apporter chacun sa pierre à la bâtisse de la coopération avec l’Afrique qui se voit offrir plus de bénéfices et d’opportunités.

La Chine adopte une attitude ouverte dans sa coopération avec l’Afrique, pratique le multilatéralisme et s’oppose à l’exclusivisme. Face aux nouveaux défis, la Chine a lancé conjointement avec les pays africains une « Initiative sur le partenariat pour le développement de l’Afrique», dans le but de créer une meilleure synergie au sein de la communauté internationale en terme de la coopération avec l’Afrique, et de promouvoir la paix, le redressement économique et le progrès social en Afrique dans le contexte post-pandémique.

Il est partout prouvé que la coopération avec la Chine a permis à l’Afrique de mobiliser plus de ressources de développement, de renforcer sa capacité de développement et améliorer son climat d’affaires, et de se doter de nouveaux atouts quand elle fait face aux autres partenaires du monde.

Aux moments critiques de la COVID-19 qui s’est propagée partout dans le monde entier. La Chine a assisté l’Afrique pour faire face à des tâches ardues telles que vaincre la pandémie, stabiliser l’économie et assurer le bien-être de la population.

Au regard de ces données, pour beaucoup d’Africains la Chine est une opportunité, surtout qu’elle est disposée à partager avec l’Afrique, ses expériences de développement, à encourager ses entreprises à accroître leurs investissements en Afrique, à mettre en œuvre avec les pays africains des projets de coopération générateurs d’emploi et bénéfiques à la population, et à activer plus de potentiel de coopération dans des domaines comme les infrastructures, l’économie numérique, la modernisation agricole et l’interconnexion des chaînes de production et d’approvisionnement et ce, dans la dynamique de l’initiative «la Ceinture et la Route» avec les grandes stratégies de développement de l’Afrique, afin de promouvoir un nouvel élan de coopération.

Jérôme KABORE

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