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ELECTIONS EN RDC: ENCORE UN NOUVEAU DÉLAI


504 jours. C’est le temps jugé nécessaire pour organiser les élections présidentielles, législatives et provinciales en RDC. Un délai qui, dans le meilleur des cas, devrait courir jusqu’en 2019. C’est ce qu’a annoncé la Commission électorale nationale indépendante de la République du Congo lors d’une rencontre avec la société civile. Déjà, en juillet dernier, son président, Corneille Nangaa, avait mis les pieds dans le plat, affirmant que les élections générales ne pourraient se tenir avant le 31 décembre 2017. C’était pourtant le deadline fixé par l’accord de la St-Sylvestre conclu entre les différents protagonistes de la crise née de la fin, en 2016, de l’ultime mandat de Joseph Kabila Kabengué. Principale raison invoquée alors, le retard qu’accusait le recensement électoral et qui était en partie dû à l’insécurité endémique dans certaines régions du pays, notamment dans les Kasaï. Un argument sécuritaire qui avait déjà du mal à passer dans les rangs de l’opposition congolaise, passablement excédée.

Aujourd’hui, on justifie ce long délai par le volume énorme de travail nécessaire à la préparation de ces grands rendez-vous. De l’adoption des dispositions du Code électoral à la préparation des listes de candidats en passant par l’acheminement des bulletins de vote et du matériel dans l’ensemble des bureaux de vote, la tâche s’annonce ardue pour la CENI, qui vient à peine de commencer l’enrôlement dans les Kasaï. Les retards s’accumulent sans que cette situation d’enlisement suscite la moindre inquiétude dans les allées du pouvoir. Comme on le voit, Kabila et les siens se hâtent lentement vers ce rendez-vous avec des urnes qui, paradoxalement, s’éloignent à mesure que l’on s’en approche. D’ailleurs pourquoi diable ce Mobutu aux petits pieds se rendrait-il à grandes enjambées à une présidentielle à laquelle il ne devrait pas prendre part selon les lois de son pays ?

Et comment d’ailleurs cette date butoir aurait-elle pu tenir alors que l’arrangement politique auquel elle devait s’adosser n’existe plus depuis belle lurette ? Laborieusement conquis par la Cenco, Conférence épiscopale du Congo, ce compromis de la St-Sylvestre n’a jamais été appliqué, puisque après avoir mis les prélats hors-jeu, Mobutu light s’est installé au centre du jeu, s’érigeant en arbitre tout acquis à la cause de son propre camp. Si le texte lui-même a été soigneusement détricoté, qu’en est-il de ses annexes ? Ainsi, bien avant que la question du calendrier électoral soit à l’ordre du jour, s’était posée celle de la nomination d’un Premier ministre de transition. Un poste qui, selon les termes de l’accord mort-né, devait échoir à la vraie opposition. Au lieu de cela, il a été successivement concédé à Sami Badibanga et à Bruno Tshibala, deux opposants certes, mais conviviaux. Quid du Comité de suivi de l’accord du 31 décembre, qui devait naturellement échoir à Etienne Tshissekedi avant que l’opposant historique ne décède ?

A l’évidence, l’entière responsabilité de la non-tenue de cette énième promesse électorale incombe à l’Etat qui, comme dans tous les pays qui se respectent, devait se donner les moyens d’organiser les élections à bonne date. Et voilà que depuis la fin officielle de son ultime mandat, le locataire du palais de la Nation campe sur ses positions et rien ne semble indiquer qu’il soit particulièrement pressé de se trouver un successeur ; bien au contraire, toutes ses actions ne visent qu’un objectif : gagner du temps afin d’opérer au moment opportun le charcutage constitutionnel qui lui permettra enfin de briguer un autre mandat. Le voilà donc engagé dans une véritable fuite en avant qui, elle aussi, aura une fin, car on ne voit pas comment le Rassemblement de l’opposition pourrait avaler cette nouvelle couleuvre aussi grosse qu’un anaconda que veut lui servir le pouvoir.

Marie Ouédraogo/ l’Observateur paalga

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