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Rentrée 2021-2022: Déclaration de l’Union Générale des Etudiants Burkinabè (UGEB)


Camarades étudiantes et étudiants,

Le 15 octobre 2021, le ministre de l’Enseignement supérieur procédait au lancement officiel de la rentrée universitaire 2021-2022 à l’Université Thomas Sankara. En fait de rentrée, il n’en est rien pour ce qui concerne les universités publiques de notre pays. En effet, celles-ci peinent à achever les programmes des années académiques 2018-2019, 2019-2020 pour certains et 2020-2021 pour d’autres. Il s’agit plutôt d’une reprise des activités académiques dans ces universités. L’UGEB souhaite une bonne reprise des activités académiques à l’ensemble des étudiants des universités publiques de notre pays. Aux nouveaux bacheliers orientés dans ces universités qui attendent encore leur rentrée effective, elle leur prodigue ses encouragements. Quant aux étudiants des universités privées où la rentrée est effective, elle leur souhaite une bonne rentrée académique. Cette rentrée s’effectue dans un contexte national difficile caractérisé par  une crise sécuritaire sans précédent et sa gestion scandaleuse par le MPP.

Camarades étudiantes et étudiants,

Comme nous l’avons toujours dénoncé, la situation de l’enseignement en général et de celui supérieur est chaotique. Sur le plan des infrastructures, l’on note une insuffisance criante d’amphithéâtres, de salles de cours, de laboratoires bien équipés… En effet, des centres universitaires ont été créés sans sites propres. A titre illustratif, les centres universitaires de Dori, Kaya, Tenkodogo, Banfora créés depuis 2018 n’ont pas encore de sites propres.  Vingt-six ans après sa création, l’Université Nazi BONI (UNB), continue de louer des salles réparties sur 11 sites dont certaines sont inadaptées pour des activités académiques.  Il en est de même de l’Université Thomas SANKARA (UTS) qui près de quinze ans après sa création, continue de squatter les locaux inadaptés du SIAO et du centre camélien.

Sur le plan académique, l’application mécanique du LMD continue de faire des victimes dans les universités publiques. Le retard académique s’aggrave au fil des années allant de quelques mois à 4 ans. Il est aujourd’hui difficile pour certains étudiants de situer l’année académique dans laquelle ils se trouvent.  Par exemple, à l’Université Joseph Ki ZERBO (UJKZ) et à l’UNB se chevauchent cinq (5) années académiques (2017-2018, 2018-2019, 2019-2020, 2020-2021, 2021-2022). Le second cycle est inaccessible pour l’écrasante majorité d’étudiants qui parviennent malgré tout à boucler le cycle licence et ce, au regard notamment des conditions d’accès et du coût de certaines offres de formations. Pire, certaines filières comme l’UFR/SJPEG à l’UNB,  les filières de philosophie, SVT, SID et informatique à l’Université Norbert Zongo (UNZ) ne disposent même pas de second cycle.  Au même moment, on assiste à la création de masters privés à des couts exorbitants par des enseignants du public.

En dépit de cette situation difficile, les autorités universitaires ont imposé un nouveau régime d’études foncièrement anti-étudiant à travers l’adoption des arrêtés n°2019-073/MESRSI/SG/DGESup portant régime général des études du diplôme de Licence et de recherche dans les institutions publiques et privées d’enseignement supérieur et n°2019-074/MESRSI/SG/DGESup portant régime général des études du diplôme de Master et de recherche  dans les institutions publiques et privées d’enseignement supérieur. L’argument officiel avancé est d’harmoniser la mise en œuvre du système LMD dans notre pays aussi bien dans les institutions publiques que privées d’enseignement. Toutefois, ces arrêtés fixent des conditions draconiennes de passage d’une année à une autre. Ainsi, en ce qui concerne le cycle licence, l’arrêté pose comme exigence la validation de chacune des deux semestres 1 et 2 pour le passage en L2 et la validation des semestres 1, 2, 3 et 4 pour le passage en L3. La validation du L3 est soumise aux mêmes conditions et ne donne pas automatiquement droit à une inscription au master qui demeure toujours soumises aux critères ultra-sélectifs qui sont en cours actuellement dans les universités publiques. Le passage du Master 1 au Master II est soumis également aux mêmes conditions. En plus de ces éléments, les arrêtés ont également supprimé l’organisation de la session de rattrapage par semestre pour instituer une session unique de rattrapage au cours de laquelle les étudiants composeront simultanément pour les deux semestres que comptent l’année. En outre, il n’y a aucune possibilité de conserver une note de la session normale comme cela se faisait à l’université Nazi BONI.

A cela, il faut ajouter le manque criard d’enseignants. En effet, pendant que les normes du LMD recommandent 25 étudiants par enseignant, le ratio au Burkina est d’au moins 57 étudiants pour un enseignant soit plus de deux fois que la norme. Pire, le taux d’encadrement au second cycle et au cycle doctoral est très faible dans certaines UFR, d’où le contingentement des effectifs dans ces cycles.

Sur le plan social, c’est la catastrophe. L’écrasante majorité des étudiants sont exclus du bénéfice des prestations du Restaurant universitaire du fait du contingentement des plats. S’agissant du logement, il faut souligner que l’écrasante majorité d’étudiants sont exclus du bénéfice du logement étudiant du fait du nombre limité de lits dans les cités universitaires. Ils sont ainsi à la merci des bailleurs véreux qui pratiquent des coûts de loyers exorbitants pour certains. D’autres sont contraints de loger dans les taudis des quartiers non-lotis avec tous les risques liés à l’insécurité.    Concernant la santé, il faut souligner que l’abonnement à la Mutuelle nationale de Santé des Etudiants (MUNASEB) n’est pas à la portée de la majorité des étudiants. Aussi, les prises en charge sont-elles plafonnées. C’est ce qui explique le faible taux d’abonnement de 2% des effectifs des étudiants. En dépit du plafonnement des prises en charge et de leur piètre qualité, les autorités universitaires nourrissent l’ambition de rendre obligatoire l’adhésion à la MUNASEB par l’ensemble des étudiants inscrits dans les universités publiques.  Pour ce faire, elles envisagent plusieurs options. Une première option serait de faire payer les frais d’adhésion en même temps que les frais de scolarité via les réseaux de téléphonie mobile de sorte à en faire une condition de validité de l’inscription.  Une autre option consiste à prélever les droits d’adhésion sur les allocations sociales déjà insuffisantes des étudiants. L’UGEB tient à souligner que l’adhésion à une mutuelle est libre et met en garde les autorités sur cette volonté d’en faire une obligation.  Relativement aux allocations sociales (bourse et aide), leurs taux sont restés statiques depuis près de dix ans en dépit du renchérissement continu du coût de la vie.

En matière de libertés, on assiste à une tentative de verrouillage des libertés démocratiques avec la relecture des franchises et libertés universitaires et du décret 646 portant régimes disciplinaires applicables aux étudiants et candidats aux concours organisés par les universités et instituts d’enseignement supérieur et de recherche lors de l’atelier tenu du 14 au 16 juin 2021 presqu’à huis clos. Les autorités entendent durcir l’exercice des libertés publiques sur le campus. Il est notamment prévu que les organisations d’étudiants ne puissent désormais se réclamer à caractère syndical. En outre, obligation leur est faite de demander l’autorisation de l’autorité universitaire pour la tenue de toute Assemblée Générale sur le campus. Ainsi, l’exercice de la liberté d’association consacrée par la Constitution est suspendu au bon vouloir des autorités universitaires ! De telles mesures liberticides visent à museler les étudiants et à permettre aux autorités de mettre en œuvre tranquillement leur plan de liquidation de l’enseignement supérieur concocté depuis des années.

La situation des étudiants des universités privés et de l’extérieur n’est guère reluisante.  Dans les universités privées qui poussent comme des champignons dans notre pays, l’heure est au bâclage de la formation avec parfois des enseignants non qualifiés, des volumes horaires réduits et ce, en dépit des frais de scolarité de plus en plus exorbitants payés par les étudiants. Malgré cela, les autorités continuent d’affecter des étudiants dans ces universités à travers la plateforme campus Faso. Pire, elles leur refusent le bénéfice de l’aide et de la bourse prétextant qu’elles payent déjà des frais de scolarité élevés pour leur formation.

A l’extérieur du pays, les étudiants burkinabè vivent un calvaire. Au Sénégal, par exemple, aucun système de logement n’est mis en place pour soulager les étudiants.   En France, la cité Fessart a été rouverte à la suite d’une lutte de l’AEBF. Mais le coût du loyer a été augmenté de 110%. Ainsi, pour un taux mensuel (moyenne) de la bourse de 630 euros, l’étudiant devra débourser 500 euros pour se loger, soit environ 5/6 de sa bourse.

Camarades étudiantes et étudiants,

La situation décrite plus haut nous interpelle sur notre devoir. Celui de nous battre pour la préservation de nos acquis et d’engranger d’autres.   C’est pourquoi, l’UGEB appelle les étudiants des universités publiques et privées à :

  • renforcer ses rangs à travers ses sections et comités d’initiative, à se mobiliser pour défendre leur cadre authentique de lutte qu’est l’UGEB contre toutes les velléités de liquidation d’où qu’elles viennent,
  • réunir les conditions pour des luttes d’envergure afin de mieux défendre nos intérêts matériels et moraux,
  • réunir les conditions de l’unité d’action entre tous les acteurs du système éducatif afin de contraindre les autorités à trouver des solutions idoines aux problèmes posés.

Pour la protection et la défense ferme de notre Union, en avant !

Pour l’amélioration de nos conditions de vie et d’étude, en avant !

Vive l’unité d’action entre les acteurs du système éducatif !

Vive la jeunesse estudiantine et combattive !

Vive l’UGEB !

Pain et liberté pour le peuple

Le Comité Exécutif

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