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Déstabiliser l’Asie-Pacifique pour sa survie : un mauvais calcul de l’Otan


Les dirigeants du Japon, de la République de Corée, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande ont participé, pour une deuxième année consécutive, au sommet de l’Otan, tenu les 11 et 12 juillet à Vilnius en Lituanie.  Certains analystes y voient l’intention de l’OTAN d’étendre sa sphère d’influence à la région Asie-Pacifique sous les auspices des États-Unis.

Produit de la guerre froide, l’Otan est depuis sa naissance le pilier central des États-Unis pour maintenir leur hégémonie. Depuis la fin de la guerre froide, poussée par la stratégie américaine, l’Otan a procédé à six cycles d’expansion vers l’Est, provoqué le conflit russo-ukrainien, créé une division en matière de sécurité en Europe et étendu continuellement ses antennes à la région Asie-Pacifique.

En janvier 2006, Victoria Newland, alors ambassadrice des États-Unis auprès de l’Otan, a avancé l’idée de « partenariat mondial », tentant d’étendre l’influence mondiale de l’Otan par la mise en place du mécanisme des pays associés avec le Japon, la République de Corée, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

En 2009, l’Otan a lancé un programme de coopération sur mesure afin de promouvoir la coopération entre l’organisation et les quatre pays de l’Asie-Pacifique en fonction de leurs besoins respectifs. En 2019, le département américain de la Défense a publié son rapport sur la stratégie indopacifique. Le Concept stratégique 2022 de l’Otan mentionne pour la première fois la Chine et la considère comme un « défi systémique ». Sous ce prétexte, l’Otan accélère sa présence en Asie-Pacifique.

L’Otan prétend être une « alliance de valeurs ». Après la guerre froide, l’Otan a façonné les systèmes politiques et de valeurs d’autres pays avec les valeurs occidentales, ce qui a conduit à la désintégration de la Yougoslavie, à la guerre civile en Bosnie-Herzégovine et à la question du Kosovo dans les années 1990. Au Moyen-Orient, les forces de la coalition de l’Otan, dirigées par les États-Unis, ont envahi l’Afghanistan et l’Irak et mené des frappes aériennes en Libye, provoquant de profonds désastres pour les populations locales. Si l’Otan intervient dans la région Asie-Pacifique et « occidentalise » la gouvernance interne et les valeurs des pays de la région, cela entraînera une résistance généralisée et provoquera des crises et des troubles.

Le Japon a fait entrer le loup dans la bergerie. En mai 2014, le Japon a signé le Programme individuel de partenariat et de coopération avec l’OTAN pour renforcer sa coopération avec l’Alliance.  Facile de comprendre ce geste : tout d’abord, le Japon est un suiviste des Américains ; ensuite, le pays a l’ambition de redevenir une puissance militaire et veut  s’appuyer sur l’Otan.  Cette dernière prévoit d’établir son premier bureau de liaison en Asie à Tokyo, ce qui a suscité une forte opposition de la part des populations de la région.

Récemment, de nombreuses personnes au Japon et en République de Corée ont organisé des rassemblements pour protester contre les manœuvres de l’Otan susceptibles de provoquer les tensions militaires, et pour s’opposer à l’expansion de l’Otan vers l’Asie-Pacifique. L’ancien Premier ministre australien Paul Keating a critiqué, dans une déclaration, « l’expansion provocatrice de l’Otan vers l’Asie ». A l’en croire, l’Alliance « exporte le poison de la rivalité vers l’Asie ».

En fait, au sein de l’Otan, des voix s’élèvent contre l’extension de sa sphère d’influence.  Par exemple, le président français Emmanuel Macron, qui a qualifié l’Otan de « mort cérébrale », s’opposait clairement à l’établissement d’un bureau de liaison de l’Alliance au Japon. Cette voix de la raison mérite de réflexion des membres de l’Otan.

La région Asie-Pacifique n’est pas un échiquier de rivalité entre grandes puissances. L’Otan dirigée par les États-Unis veut reproduire la soi-disant « expérience européenne » dans la région Asie-Pacifique, mais elle veut en fait reproduire la division et la confrontation dans la région Asie-Pacifique, ce que les peuples de la région n’accepteront jamais.  Si elle veut déstabiliser la région Asie-Pacifique pour « traîner son existence », elle a fait un mauvais calcul.  Comme l’a dit Ken Stone, chef de la Hamilton Coalition to Stop the War, une organisation canadienne anti-guerre, l’Otan est une organisation militaire agressive dirigée par les États-Unis, et qui, selon sa propre charte, a depuis longtemps perdu sa raison d’être.

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