Suite à l’épidémie de COVID-19, la question de la « déglobalisation » est davantage débattue, notamment en Europe. Toutefois, Pierre-Noël Giraud, professeur à l’Université Paris Dauphine et professeur émérite à l’École des mines de Paris pense, lui, que la globalisation va se poursuivre. C’est ce qu’il a défendu lors du « Séminaire en ligne sur la coopération sino-française et la gouvernance mondiale post-épidémiques » ce jeudi 7 mai.
Selon lui, il faut distinguer trois globalisations interconnectées et interdépendantes.
Premièrement, la globalisation numérique, fondée sur la révolution numérique. « La prochaine étape, c’est la 5G, qui va connecter des milliards d’êtres humains et l’internet des objets qui va connecter des milliards voire des dizaines de milliards d’objets dans le monde à travers l’intelligence artificielle. » Pour lui, la question est de savoir si les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) vont sortir de Chine pour concurrencer les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft). Et comment s’organiserait la compétition entre ces géants numériques.
Vient ensuite la globalisation financière. « Je pense que la crise économique risque d’entraîner une énorme crise financière. » En cause, la production massive de monnaie par les Occidentaux. « Mais une partie va alimenter la spéculation sur les marchés financiers », craint-il.
Troisièmement, la globalisation des firmes, des emplois et des localisations. Il estime que l’Europe a besoin de pôles technologiques d’excellence sur son territoire, si elle ne veut pas rester spectatrice entre la Chine et les États-Unis.
À ce sujet, il a souligné le « déclin irréversible de l’impérialisme américain (…) Le fait majeur de ces dernières années, c’est l’émergence de la Chine à la parité technologique, économique et géopolitique avec les USA. » En conséquence, le multilatéralisme, s’il est toujours indispensable, devra être transformé.
