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Côte d’Ivoire : l’éléphant d’Afrique est-il convalescent ?


Ce n’est qu’un secret de polichinelle pour les ivoiriens quant à la situation conflictuelle qui règne depuis peu entre le numéro un ivoirien, le  président Alassane Dramane Ouattara et son président de l’Assemblée nationale, Guillaume Kigbafori Soro.

A quand remontait la lune de miel ?

Guillaume Soro, l’ancien dirigeant de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), célèbre mouvement estudiantin ivoirien,  s’est très vite allié à Alassane Ouattara dès les années 2000 après que Ouattara soit exclu de l’élection présidentielle de 2000. C’est ainsi qu’il devient secrétaire général des Forces nouvelles de Côte d’Ivoire, le mouvement rebelle avec une branche armée ( les Forces armées des Forces nouvelles, FAFN) qui tiendra tête à Laurent Gbagbo.

Mais les liens entre les deux hommes vont plus se réchauffer après les élections controversées de 2010. Alors qu’il était premier ministre depuis 2007 sous Laurent Gbagbo (à cause des accords de paix), Soro va donner sa démission et rejoindre son parrain Alassane Ouattara, accusant Laurent Gbagbo d’être un tricheur et de se comporter en dictateur. Il demande à la communauté internationale de faire pression pour que Gbagbo quitte le pouvoir.

Après la série de tueries meurtrières ethnico-religieuse, suite au refus du camp Gbagbo de reconnaître les résultats des urnes tels proclamés par le Président de la CEI  sur les ondes d’une chaîne de télévision étrangère (la chaîne française France 24) et sous protection armée, depuis le siège de campagne du RDR ( le parti Ouattara) à l’Hôtel du Golfe, le mariage entre ces deux hommes sera définitivement scellé, du moins pour le meilleur mais pas le pire.

À la suite de la chute de Laurent Gbagbo et de l’arrivée à la présidence de la République d’Alassane Ouattara, Guillaume Soro nommé premier ministre forme son gouvernement avant d’être élu à l’unanimité président de l’Assemblée nationale en mars 2012.

Jusque-là, les liens se réchauffaient toujours, et de plus en plus…

Mais les déboires vont commencer entre les deux hommes dès que le “jeune homme” (tel qu’il s’est fait appeler récemment par Ouattara en visite au Niger, le 25 Octobre 2017) aura poussé un peu plus loin ses ambitions politiques.

Des ambitions contradictoires, de part et d’autre légitime, réveillent les vieux démons

Le “jeune homme” Guillaume Soro a envie de prendre la tête du pays un jour. Soro a même partagé ce projet avec certains de ses proches collaborateurs qui déjà sur le terrain balisent les lieux afin de faire porter au perchoir leur leader. C’est de là qu’a commencé les premiers clivages entre pro-Soro et pro-Ouattara, parce que ce projet ne semble pas trouver l’assentiment de M. Ouattara qui est dans un autre schéma. Lequel ?

Des successions d’événements, qui loin d’être du hasard, lézardent davantage le mur fissuré de l’union des deux hommes…

Commençant par de nombreuses mésententes, des polémiques, suivra les affaires de mutinerie, la découverte de caches d’armes, les accusations de Soul to soul envers Ouattara sans oublier la grande absence de Guillaume Soro lors du congrès du RDR, parti présidentiel. Une absence confirmée par l’intéressé qui affirme n’avoir pas été associé à l’événement. Le dernier événement en date est le fameux document de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) qui recommande la mise sous surveillance de trois proches conseillers de Guillaume Soro. Ses trois individus, selon ce document qui date du 13 octobre 2017, doivent être mis en observation sur ordre de la DST, la Direction de la Surveillance du Territoire, et leurs passeports immédiatement retirés.

 Ça sent le roussi, et pourtant …

Les deux hommes nient toujours publiquement l’existence de crise. En visite le 25 octobre 2017 au Niger dans le cadre d’une mission de la CEDEAO, Alassane Ouattara déclarait … « Le président de l’Assemblée [Guillaume Soro] est un jeune homme que j’ai proposé à mon parti pour être président de l’Assemblée nationale. Il ne saurait y avoir de crise entre le président de l’Assemblée et moi-même. Au moment où il a pris fonction à l’Assemblée j’étais encore le président du Rassemblement des républicains dont il fait partie jusqu’à nouvel ordre. Donc il n’y a pas de crise. »

Interrogé après l’événement de “caches d’armes”, Bruno Koné porte-parole du gouvernement ivoirien a affirmé que … « Il n’y a pas de guerre ouverte. Il n’y a d’ailleurs aucune raison qu’il y en ait. Le président de l’Assemblée nationale est encore membre du RDR, du parti au pouvoir, il n’y a pas de raisons de dissension entre lui-même et le président de la République. En tout cas, s’il y a problème, ce dernier ne viendra pas du président de la République ».

Au même moment Soro va loin dans son ambition présidentielle en faisant un appel de pied aux partisans du principal challenger du président Ouattara qu’est l’ancien président Laurent Gbagbo,  délogé du palais présidentiel par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), proches d’Alassane Ouattara, avec l’appui de l’armée française puis arrêté le 11 avril 2011 et remis à la CPI où il attend avec scepticisme une libération conditionnelle à défaut d’un procès toujours reporté.

Plus encore, Soro s’est rapproché de Henri Konan BEDIE à l’occasion d’une rencontre médiatisée dans la capitale française. Il dira…« Pour ma part, j’ai décidé de demander, une fois de plus, pardon aux Ivoiriens, pour tout ce que, depuis 2002, j’ai pu consciemment ou inconsciemment commettre comme offenses à ce peuple qui a tant souffert. J’adopterai la même approche du Pardon et j’irai demander Pardon à mes aînés les présidents Henri Konan BEDIE, Alassane OUATTARA et aussi Laurent GBAGBO pour tous les torts, manquements ou offenses que moi-même ou mes proches ont pu causer à chacun d’entre eux spécifiquement »…Guillaume Soro.

Le dernier acte symbolique en date dans cette tragi-comédie politique est la déclaration du 22 octobre 2017, à l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, à son retour à Abidjan après deux mois d’absence du territoire national. Accueilli dans une liesse populaire par ses partisans qui scandaient son nom,  Guillaume Soro a commenté devant la presse, l’actualité politique ivoirienne….« Je suis revenu pour prendre toute ma place dans le jeu politique, pour contribuer du mieux que je peux à l’apaisement, contribuer à travailler à la réconciliation et à la paix civile. »  a déclaré M. Soro entouré par des députés venus l’accueillir. Et au “jeune homme” de poursuivre, « En ce qui concerne mes relations avec le président de la République, je peux vous assurer qu’elles sont bonnes. Je m’emploierai en toute humilité que ma relation avec le président de la République soit toujours bonne. D’ailLeurs, dans les prochains jours, en toute humilité j’irai voir le président de la République pour parler avec lui’’ ».

A toute cette tragi-comédie politique s’ajoute les bruits de couloir d’une éventuelle troisième candidature du président Alassane Ouattara , qui pourtant à maintes reprises a affiché sa volonté de laisser le fauteuil présidentiel. Quelle garantie qu’il tiendra promesses ? Et s’il tenait réellement promesses, il militera pour quel dauphin ?

Cette atmosphère de flou et d’hypocrisie n’est-il pas le signe précurseur des événements de 2011 dans lesquels beaucoup d’ivoiriens ont péris sans que justice ne soit rendue jusqu’à présent ?

Ne sommes-nous pas au début d’une nouvelle ère qui est celle d’une guerre sournoise aux conséquences imprévisibles ?

L’éléphant robuste d’Afrique, entre temps déboîté à la hanche par les multiples meurtrières crises électorales et ethinico-religieuses  s’est-il déjà remis de sa convalescence pour vouloir encore amorcer un virage ?

Que réserve ces deux hommes, non seulement aux ivoiriens mais aussi à l’Afrique de l’ouest qui a souffert de ces crises avec le peuple ivoirien ?

wait and see !!!

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