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Burkina Faso: après le Sanguié, le Passoré, on marche dans quelle région ?


Des populations de Yako dans le Passoré ont manifesté samedi dans leur localité pour exiger que justice soit rendue à leur fils, «au digne fils de la région», Gilbert Diendiéré. Car pour elles, plus de deux ans, soit 720 jours après son incarcération à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA), Gilbert Diendiéré devait être jugé, à défaut de lui accorder la liberté provisoire. 720 jours de détention préventive, c’est trop, clament-elles. Il a au moins droit à la justice martèlent encore les organisateurs de la marche.

Après le cas Djibrill Bassolé dans lequel les populations de sa région (j’insiste sur le mot) ont manifesté pour exiger sa libération, voilà qu’à Yako dans le Passoré, on marche aussi. A la seule différence qu’ici, on demande à la place de la liberté pure et simple, la justice. Peu importe! Dans tous les cas, il y a eu marche dans la région dont Gilbert Diendiéré est originaire. Et il y avait du monde. Et c’est là que se pose le problème. Car en effet, si dans chaque région du Burkina Faso, les populations doivent manifester pour exiger telle ou telle chose de la part du gouvernement à cause d’un de leur fils, il y a véritablement un problème. Ou du moins, tôt ou tard, il y aura problème. C’est peu de dire que de cette façon, on sème les germes d’un régionalisme dont on ne veut pas dire le nom. Gilbert Diendiéré et Djibrill Bassolé avant d’être originaires des régions qui considèrent qu’ils viennent de chez elles sont des Burkinabè. Ce qu’on leur reproche n’est pas du fait de leurs régions, mais du pays tout entier. C’est donc au nom du Burkina Faso et non d’une région qu’il faut défendre leur cause. Si c’est ainsi que cela doit être compris.

En effet, les manifestations et autres déclarations aux relents régionalistes sont de plus en plus perceptibles au Burkina Faso depuis un certain temps. Même si on fait semblant de ne pas les entendre, tôt ou tard ce sont des questions auxquelles il faudrait inéluctablement faire face. Aussi, comme gouverner c’est prévoir, il est mieux de s’y pencher pendant qu’il est temps.

Les conflits fonciers dans la plupart des campagnes ont des connotations régionalistes. Entre populations autochtones et allogènes, ce n’est pas toujours le même entendement quand il s’agit de l’occupation des terres. Pendant que les uns estiment qu’ils sont propriétaires de leurs terres et peuvent en jouir comme ils l’entendent, les autres soutiennent que la terre appartient à l’Etat. Mieux, une fois qu’on occupe une terre pendant des années, elle vous revient de plein droit. Entre les éleveurs et les agriculteurs, ce n’est pas toujours le parfum amour. Et le langage n’est pas diffèrent.

Aussi, si on a pu empêcher Pascal Zaïda de manifester dans la rue pour dire ce qu’il a à dire, empêcher Tahirou Barry de s’exprimer à la télévision nationale du Burkina pour dire ses vérités, on doit par moments avoir le même courage d’interdire certaines manifestations dont les conséquences peuvent être plus dommageables à long terme. Parce qu’elles peuvent compromettre dangereusement la paix et la cohésion sociale. C’est le Burkina qui gagne!

Dabaoué Audrianne KANI/Express du Faso

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