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Bobo-Dioulasso: les enseignants-chercheurs dénoncent la gouvernance financière et administrative du président de l’université Nazi Boni.


Le Syndicat national des enseignants-chercheurs (SYNADEC), section de l’université Nazi Boni, s’insurge, dans cette déclaration, contre une mauvaise gouvernance financière et administrative qui gangrènerait le fonctionnement de leur université. Il annonce un certain nombre d’actions -dont une grève du 17 au 19 mai 2022- pour exiger notamment le paiement de l’intégralité de la dette sociale.

« Camarades militants et sympathisants,

Comme vous le constatez tous, depuis un certain temps, notre institution traverse une crise budgétaire sans précédent. En effet, force est de constater que des publications médiatiques et malheureusement, mensongères, sont régulièrement distillées au grand public, à travers la presse et les réseaux sociaux sur un modèle de gouvernance vertueuse et inclusive qui serait instaurée à l’UNB. Toutefois, la réalité est aux antipodes de ce qui prévaut sur le terrain ; autrement, comment comprendre ou expliquer cette crise budgétaire dont parle subitement le Président ces derniers temps ?

Lors du conseil d’administration du 30 mars 2022, le Président lui-même annonçait que la dette sociale de l’UNB est passée à plus de 700 millions. Cette dette comprend :
 le cumul subséquent des émoluments de vacation des intervenants extérieurs à l’UNB pour dispenser des cours, des travaux dirigés et des travaux pratiques ;

– le non-paiement des actes académiques comprenant les soutenances, les copies supplémentaires, les heures supplémentaires, les travaux en commissions ;

– la correction des salaires due aux avancements et à des responsabilités administratives.

Il faut dire que depuis plus de deux ans, la majorité des personnes concernées par cette dette ne sont toujours pas rentrées dans leurs droits. Cela est très ahurissant et porte atteinte à la crédibilité de notre institution (UNB). Pour éclairer la lanterne de l’opinion nationale, il est important de souligner que cette crise n’est pas inhérente à la situation nationale ! Elle trouve plutôt son fondement dans la mal gouvernance et les choix hasardeux et chaotiques du Président Macaire S. Ouédraogo. Cette mal gouvernance est caractérisée par des dépenses de prestige, une mauvaise gestion des infrastructures de l’université et une mauvaise gouvernance administrative engendrant de nombreuses promesses non tenues.

A) Des dépenses de prestiges

Une dépense peut être certes légale mais inopportune. Depuis son arrivée à la tête de l’UNB en 2017, le Président Macaire S. Ouédraogo s’adonne à des dépenses non prioritaires. Ainsi, il place au dernier plan les activités justifiant la raison d’être d’une université : l’enseignement et la recherche. En effet, les travaux d’embellissement de l’ex-Présidence de l’UNB à Nasso caractérisés par son pavage et son fleurissement sont injustifiables puisque, dans le même temps, le Président de l’UNB emménageait dans un bureau du bâtiment LONAB au CFR à Bobo-Dioulasso. Et pour pousser le bouchon un peu plus loin, au même moment, il a entrepris la construction en un temps relativement court, d’une Présidence au CFR à Bobo-Dioulasso. Comment comprendre pareil investissement inopportun si ce n’est le manque de prospective et le goût immodéré pour le luxe ?

Tout se passe sans la consultation et l’avis des parties composantes de cette université et particulièrement les partenaires sociaux. A cela s’ajoute l’organisation fastueuse du 25e anniversaire de l’UNB en 2021 dans un contexte de tension budgétaire au mépris des priorités élémentaires de l’UNB.

Un autre point fort du Président actuel, est « l’événementialisation » à outrance des activités de l’UNB. Sous la Présidence de Macaire S. Ouédraogo, l’UNB a connu une explosion de manifestations avec notamment les multiples sorties de Masters sous parrainages ministériels tous azimuts et des communications excessives agrémentées de pause-café aux allures de fêtes et des frais de missions très dispendieux.

A ce propos, nous en voulons pour preuve cette sortie médiatique de l’ex-ministre Alkassoum Maïga au cours de laquelle il a fustigé le comportement peu orthodoxe du Président de l’UNB qui avait tendance à lui remettre des fonds et de son DAF qui présentait, à sa signature, des états de paiement des frais de missions alors qu’il était déjà pris en charge au niveau du ministère (suivre ce lien : Facebook Live | Facebook).

Un autre constat ahurissant est qu’il ressort aussi du dernier Conseil d’Administration, du Conseil de la Formation et de la Vie Universitaire et dans le rapport d’activité 2021 de l’UNB que la ligne budgétaire allouée à la communication est passée d’un (1) million de prévision à dix-neuf millions sept cent soixante-dix-huit mille huit cent cinquante (19 778 850) Francs à l’exécution.

B) De la gestion des infrastructures

De fait, l’UNB a été délocalisée à Bobo-Dioulasso et ce, sans une planification judicieuse et sans une concertation préalable avec le corps enseignant et les partenaires sociaux. Le site initial de Nasso, situé à une quinzaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso est donc présentement en une friche, délaissé au profit de locations de salles disséminées dans la ville de Bobo-Dioulasso. Les raisons invoquées : la nappe phréatique (qui ne permettrait pas la construction de laboratoires) et le coût du transport des étudiants sont non fondées.

Partant de ces faits, il est écœurant de voir des salles de classes, des amphithéâtres, des bureaux de la Bibliothèque Universitaire Centrale abandonnés et croulants à Nasso par manque de prospective, d’anticipation et d’un minimum d’entretien. Malgré ce patrimoine immobilier, il est donc incompréhensible que l’UNB procède à de multiples locations de salles de cours dans toute la ville de Bobo-Dioulasso (ISFP, Entrepôt de la Chambre de Commerce, Centre Marhanata, Lycée Elohim, etc.) qui sont non seulement budgétivores mais posent aussi un problème de sécurisation de l’ensemble des acteurs et ne garantissent pas de conditions optimum d’étude.

C) De la gouvernance administrative

La gestion des résultats des examens est un point névralgique dans toutes les institutions universitaires. Afin de faciliter certaines opérations, Macaire S. Ouédraogo a acquis, depuis 2019, le logiciel Easyschool à coût de plusieurs millions au compte du budget de l’UNB. Ce programme a été présenté comme un outil simple, efficace et révolutionnaire qui viendra résoudre la majeure partie des problèmes de toutes les universités (A ce propos, suivre ce lien : (20+) Prof Macaire Samdpawindé OUEDRAOGO/Président Université Nazi BONI – Publications | Facebook).

En son temps, nous exprimions notre désarroi depuis notre dernière déclaration de mai 2020 en indiquant que ce logiciel est non opérationnel sur le terrain. En fin de compte, trois années après son acquisition, le programme ne fonctionne dans aucun des huit (08) établissements de l’UNB. Les premiers acteurs que sont les Directeurs, les Directeurs adjoints, les Coordonnateurs, les Chefs de département, les enseignants et les agents de la scolarité ont décrié son inefficacité se sont encore rabattus sur leur classique tableur Excel anciennement utilisé pour les différentes délibérations.

A cela s’ajoute la création d’un Pool Secrétariat fantaisiste (3 secrétaires pour la saisie des notes de l’ensemble des huit (8) établissements de l’UNB) qui fonctionne sur le budget de l’UNB mais qui n’a jamais pu jouer clairement son rôle compte tenu du nombre de personnes qui le composent. A cela, s’ajoute la pléthore du personnel administratif de la Présidence. La création de postes à coquille vide dans l’organigramme et le recrutement inopportun d’assistants dans certaines disciplines qui en disposent suffisamment, creuse ainsi le budget de l’Université. Cela est remarquablement une réalité ces dernières années à l’UNB.

D) Des promesses non tenues

Au début de l’année 2021, le Président de l’UNB a, maintes fois, affirmé, devant la communauté universitaire, qu’il a bénéficié, grâce à son leadership, d’un accompagnement du MINEFID qui a consenti débloquer la somme de six cent-millions (600 000 000) de francs pour apurer la dette sociale et la dette fournisseur de l’UNB. Pourtant, la dette n’a jamais été apurée jusqu’à nos jours, et pire, elle continue de s’accroitre.

En outre, au cours d’une rencontre avec l’ex-ministre Alkassoum Maïga sur les problèmes liés à l’arrêté conjoint n°2021-341/MESRSI/MINEFID avec les partenaires sociaux en novembre 2021, nous apprenions avec le ministre que son département a débloqué un fonds au mois de mai 2021 pour apurer la dette sociale dans toutes les universités publiques y compris l’UNB. Sur la question, le SYNADEC, secteur de l’UNB, a d’ailleurs initié de nombreuses rencontres avec les autorités universitaires sans suite.

Le dilatoire et les promesses non tenues sont devenus le sport favori des autorités universitaires. Suite au profond sentiment de frustration au sein du corps enseignant, les autorités sollicitent la compréhension et l’indulgence sur le règlement de la dette tout en étant incapable de préciser comment et à quel moment cette dette sera apurée.

Au même moment, cette même autorité universitaire manœuvre dans le dilatoire et les intrigues. Nous en voulons pour preuve, cette publication maladroite (https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=506523617684926&id=100049818771891) le 21/04/2022 du contenu des échanges avec le SYNADEC-UNB sur la page Facebook du président, après une rencontre tenue le 20/04/2022.

Cette publication dénote un manque notoire de discernement, de courtoisie et de responsabilité car il n’appartient en aucun cas à l’autorité universitaire de divulguer sur des réseaux sociaux le contenu des échanges avec une structure partenaire. Un compte rendu consensuel de ladite rencontre aurait dû être dressé en lieu et place. En tout état de cause, cela constitue une fuite en avant et traduit le type de considération et de respect que cette autorité universitaire porte sur le partenaire que nous sommes.

Dans ces conditions, actuellement, nous assistons, impuissants, à une dégradation profonde du climat social et à une détérioration de la qualité des enseignements et de la recherche, contrairement à ce que font croire les autorités de l’UNB. Il est alors primordial pour le SYNADEC, secteur de l’UNB, syndicat responsable et soucieux du bon fonctionnement de sa structure, de se faire entendre par les autorités universitaires et ministérielles pour trouver ensemble une solution permanente à la crise que vit l’UNB.

C’est ainsi que, les militants et sympathisants du SYNADEC Secteur de l’UNB réunis en Assemblée Générale extraordinaire le jeudi 28 avril 2022, après analyse de la situation dégradante qui prévaut à l’UNB, exigent par conséquent :
– l’arrêt de cette gouvernance mafieuse et opaque ;

– le paiement sans délai de toute la dette sociale à l’UNB.
En outre, l’Assemblée Générale a pris également les décisions suivantes en termes de mesures conservatoires :
– premièrement, l’arrêt immédiat des cours, TD et TP par les enseignants permanents de l’UNB ayant exécuté au moins leurs volumes horaires statutaires ;

– deuxièmement, un préavis de grève de 72 heures renouvelables, a été déposé auprès de la Présidence le vendredi 29 avril 2022 pour protester contre cette mauvaise gouvernance qui gangrène le fonctionnement de notre université et pour exiger le paiement de l’intégralité de la dette sociale. La grève aura lieu du 17 au 19 mai 2022 jusqu’à 00h00 si aucune solution n’est trouvée d’ici cette date.

Par conséquent, prenant à témoin l’opinion nationale face à cet état des choses, l’Assemblée Générale invite par conséquent tous les camarades militants et sympathisants à rester sereins et mobilisés autour de la défense de nos intérêts et ainsi de l’image de notre institution inscrite dans une vision d’excellence. Elle les invite, par ailleurs, à se tenir prêts pour les luttes qui s’annoncent.

En avant pour la défense de nos intérêts.

Pour le Bureau SYNADEC, Secteur de l’UNB
Le Secrétaire Général

Dr Sagnaba SOULAMA
Chevalier de l’Ordre des Palmes Académiques

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