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Togo : Faure Gnassingbé dans la tourmente


Le président  togolais,  Faure Essozimna Gnassingbé, la cinquantaine sonnée, doit chercher le sommeil en vain, ces temps-ci.  Face à son  refus manifeste d’opérer des réformes constitutionnelles, l’opposition, qui n’a de cesse crier à la dictature, est  repartie au front ces dernières semaines. Et la persévérance des opposants à affronter le régime répressif de Faure a payé, même s’il reste fort à faire pour réellement  «démocratiser»  le Togo. Un  projet de révision constitutionnelle a été adopté en conseil des ministres,  le mardi 5 septembre,  qui  devrait consacrer la limitation des mandats présidentiels et le retour à un scrutin à deux  tours. Les opposants n’en  demandaient  pas  mieux,  eux qui ont usé des semelles sur le pavé pour  faire entendre  raison à l’homme fort de Lomé.  Mais  leur satisfaction n’est pas encore  grande,  puisque  le  vote de ce projet de loi à l’Assemblée nationale ne semble pas pour demain. La session extraordinaire, ouverte, hier mardi 12 septembre,   doit débattre  de questions d’ordre budgétaire.  De quoi réchauffer, avec juste raison, les esprits dans les  rangs de l’opposition, pressée de voir le terrain de l’alternance balisé en terre togolaise. Et  pour ne rien arranger, l’ordre du jour n’a pas été modifié pour prendre en compte le projet de réforme constitutionnelle, lancé sous la contrainte par les autorités.  Peut-être que le maintien de la  pression de l’opposition, qui  a du reste manifesté à l’ouverture des travaux des parlementaires,   pourra  faire bouger  les lignes. Mais  encore faut-il que le pouvoir  montre une ferme volonté  d’impulser  des réformes politiques au Togo. Là-dessus, rien  n’est  gagné d’avance,  connaissant  les  manœuvres dilatoires  du chef de l’Etat  togolais, qui a visiblement  pris goût  du  pouvoir, au  point de ne plus vouloir quitter le luxueux  palais présidentiel en bordure de la mer. Il nous aurait  fait  dire le contraire s’il avait  été  lui-même  aux avant-postes  pour l’initiative des réformes politiques.  Hélas !  C’est  bien  l’outrecuidance et la combativité  de l’opposition qui ont  conduit à sa prise de décision de donner  un coup  de neuf  à la loi fondamentale.  Faure, qui a succédé  à son  défunt  père,  Eyadéma  en 2005,  aurait  voulu marcher sur le chemin de la démocratie,  qu’il n’aurait  pas cautionné la non-limitation des mandats présidentiels, dont il est le seul à profiter pour le moment.  Va-t-il alors aller jusqu’au  bout de ses efforts et  faire voter la  réforme constitutionnelle  au  Parlement ? On l’espère bien.  Toutes les considérations écartées,  Faure  a fait  un  pas  très  attendu de ses compatriotes, dont l’aspiration au changement est avérée.  Les récentes manifestations et  celles en vue, ont achevé de convaincre  plus  d’un observateur sur cette réalité.
A moins d’être en déphasage  avec les réalités de son pays,  le président togolais ne doit certainement  pas ignorer  cette donne.   Il est certes à son troisième mandat,  mais  les scrutins qui ont conduit à son élection et réélection ont toujours été entachés  de  violences. A la  vérité,  une bonne  partie des Togolais  n’a jamais épousé  l’idée  que leur  pays  reste à jamais aux mains de la famille Gnassingbé.  Le père  a régné sans partage, de 1967 jusqu’à sa mort en 2005 dans l’avion médicalisé qui le conduisait en France pour des soins.   Le fils  lui a emboîté  le pas avec  une gouvernance  qui laisse à désirer, à bien des égards.  Il suffit d’aller à Lomé pour voir  la misère et les plaintes des Togolais, condamnés pour la plupart à vivre dans l’expectative.  Faure doit  savoir  écouter la voix  de son peuple, en  laissant  la chance à d’autres compatriotes, puisqu’il n’est  pas indispensable dans la conduite des affaires étatiques. Le même problème d’alternance se pose aussi au Gabon avec  les Bongo,  et cela ne fait  pas  honneur  à l’Afrique.  D’ailleurs,  pour nombre de  Togolais, qui grognent dans la  rue,  Faure est à son dernier mandat et doit se préparer à dégager. Un point, un trait. Mais c’est  mal connaître le camp  présidentiel  qui  œuvre toujours en sourdine pour garder la main, en évoquant la non-rétroactivité des dispositions contenues dans le projet de révision de la Constitution.  Il n’est pas envisageable donc que Faure prenne la  retraite  aussi  facilement, comme le souhaitent  ses pourfendeurs.  Mais  le débat sur sa succession  est  plus que jamais d’actualité.  Le président togolais  doit  absolument  travailler à sortir de l’histoire par la grande porte que par la petite.  D’autres dirigeants l’ont appris à leurs dépens. …
Sidwaya
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