«Le Burkina Faso a bénéficié de la paix sociale pendant des années parce que, quelque part, nous avions un deal. Cela me semble évident d’autant que je dois rappeler qu’après le départ de Blaise Compaoré et les élections, à peine avons-nous mis en place le gouvernement le 12 janvier 2016, que nous avions le premier attentat au Burkina Faso et depuis, nous sommes dans une activité anti-terrorisme dont l’objectif est de nous empêcher de travailler». Quant à l’ex-Régiment de sécurité présidentielle, c’est «un tigre en papier» créé pour «protéger le seul pouvoir de Blaise Compaoré». C’est à Berlin en Allemagne, où il était en visite que le président Roch Marc Christian Kaboré a accusé l’ancien président Blaise Compaoré, d’avoir eu des liens avec des leaders terroristes. Ce qui a fait que le Burkina Faso a bénéficié de la paix sociale pendant des années. Lui, ayant refusé d’avoir un «deal» avec eux, c’est ce qui explique l’insécurité que nous vivons.
Il peut y avoir des vérités dans ces propos du président Roch Kaboré. Mais, en matière de gouvernance, chacun a ses méthodes. Si Blaise Compaoré avait dû tisser des liens avec des leaders terroristes et que cela a permis à son peuple d’être en paix, certainement que ce fut sa méthode. Ce qu’on peut faire remarquer et qui est un fait, est que sous son régime, il n’y a pas eu d’attentats au Burkina Faso. Pendant la transition qui a duré une année non plus. En refusant de faire des «deals» avec les leaders terroristes, c’est aussi la méthode de Roch Marc Christian Kaboré. Malheureusement, cette méthode ne porte pas pour le moment des fruits. Elle peut être meilleure, à condition qu’elle réussisse à mettre fin aux attaques terroristes et à sécuriser les Burkinabè. C’est tout ce que les Burkinabè attendent de lui et de son régime!
Du reste, le pouvoir, tout comme l’administration, est une continuité. Mais cela ne veut nullement dire qu’il n’est pas perfectible. Tout le monde connaît l’état et les conditions difficiles dans lesquels Roch est arrivé au pouvoir. C’était à lui de faire le meilleur diagnostic de la situation et lui apporter rapidement le remède qui convient le mieux. La Mauritanie, membre du G5 Sahel, ne connaît pas d’attaques terroristes. Comment font-ils, les Mauritaniens? Par contre, au Niger et au Mali, il y a des attaques terroristes. Est-ce parce que les présidents qui ont précédé avaient des deals avec des leaders terroristes? Le Ghana, le Togo, la Guinée, le Bénin ne connaissent pas l’insécurité que vit le Burkina. Est-ce parce que ces pays ont-ils des deals avec des leaders terroristes? La Côte d’Ivoire a connu une seule attaque terroriste. Puis, plus rien! Est-ce parce que Alassane Ouattara a négocié un deal avec des leaders terroristes?
Mais au fait, qu’y a-t-il de mauvais à pactiser avec le diable pour sécuriser son peuple, épargner des vies humaines et assurer le progrès pour les Burkinabè? Surtout qu’apparemment, les bailleurs semblent vouloir accompagner le pouvoir en place?
récit de Dabaoué Audrianne KANI
