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Wang Yi, ministre des Affaires étrangères chinois: «  Dans le monde d’aujourd’hui, le succès de la gouvernance de la Chine est de plus en plus reconnu et apprécié »


Le conseiller d’Etat et ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi, a accordé une interview à l’agence de presse Xinhua et au China media group. Au cours des échanges avec nos confrères de ces deux médias, il a évoqué la situation internationale et la diplomatie chinoise en 2021. Lisez plutôt

Voici la transcription d’une interview accordée le 30 décembre par le Conseiller d’État et Ministre des Affaires étrangères Wang Yi à l’Agence de presse Xinhua et au China Media Group sur la situation internationale et la diplomatie chinoise en 2021 :

Q : En 2021, le Parti communiste chinois (PCC) a célébré son 100e anniversaire, et la Chine a parachevé l’édification intégrale d’une société de moyenne aisance et réalisé l’objectif du premier centenaire. Cette année a aussi été très intense pour la « cloud diplomatie » de Chef d’État. Quels sont vos commentaires sur le travail diplomatique dans l’ensemble en 2021 ?

Wang Yi : L’année 2021 s’inscrira dans les annales de l’histoire tant pour le monde que pour la Chine.

Le monde traverse une évolution accélérée de changements inédits sous l’effet d’une épidémie jamais connue depuis un siècle. L’occupation du Capitole, le moment Kaboul, le nationalisme vaccinal, le retour de l’ombre de la guerre froide et d’autres foyers d’instabilités se sont multipliés. Le monde entre à un rythme accéléré dans une période de turbulences et de transformations.

En Chine, sous la ferme direction du Comité central du PCC rassemblé autour du Camarade Xi Jinping, nous avons parachevé l’édification intégrale d’une société de moyenne aisance, célébré solennellement le centenaire du Parti, et entamé avec confiance la nouvelle marche vers la réalisation de l’objectif du deuxième centenaire. La diplomatie chinoise a puisé sa force dans les cent ans d’accomplissements du PCC, et avancé courageusement et résolument au travers des compétitions et défis, écrivant ainsi un nouveau chapitre splendide de la diplomatie de grand pays aux caractéristiques chinoises.

Premièrement, la diplomatie de Chef d’État a joué un rôle de pilotage. Le Président Xi Jinping a eu 79 entretiens téléphoniques avec des dirigeants étrangers et des responsables d’organisations internationales et participé à 40 activités diplomatiques importantes sous format virtuel. Il a renforcé la communication stratégique avec les dirigeants de différents pays, consolidé le consensus et planifié la coopération à l’échelle internationale, traçant de grandes perspectives et formant une forte synergie pour la construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité. La diplomatie de Chef d’État a contribué solidement à la stabilité globale des relations entre grands pays, approfondi les liens de bon voisinage et d’amitié avec les pays voisins, renforcé la coopération mutuellement bénéfique avec les pays en développement d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, et construit pour la Chine un réseau de partenariats global plus large et plus solide.

Deuxièmement, la diplomatie autour de la réponse à la COVID-19 a montré le sens des responsabilités de la Chine envers le monde. Nous avons toujours joué un rôle pionnier dans la coopération internationale contre l’épidémie, veillé à ce que les vaccins soient avant tout un bien public mondial et été en première ligne pour la distribution équitable des vaccins. Nous avons été parmi les premiers à prendre l’engagement de faire des vaccins contre la COVID-19 un bien public mondial, à soutenir la levée des droits de propriété intellectuelle sur les vaccins et à développer la coopération sur la production de vaccins avec les autres pays en développement. Nous avons aussi été parmi les premiers à coopérer avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur l’identification des origines du virus dans le monde, à préconiser le rejet de la politisation de l’épidémie et de l’étiquetage du virus, et à appeler à combattre le nouveau coronavirus de même que le virus politique. Par un ferme engagement et des actions concrètes, la Chine a maintenu le bon cap de la lutte internationale contre l’épidémie et apporté une contribution remarquable à la construction d’une communauté de santé pour tous.

Troisièmement, la diplomatie pour le développement a apporté la contribution chinoise au développement dans le monde. À de différentes occasions comme le Forum de Boao pour l’Asie, le Forum économique mondial à Davos, la Foire internationale du Commerce des Services de Chine et l’Exposition internationale d’Importation de la Chine, le Président Xi Jinping a annoncé de nouvelles mesures visant une plus grande ouverture, avec une liste négative plus courte, un meilleur environnement d’affaires et une plus grande ouverture sur le plan institutionnel, offrant des opportunités chinoises et apportant la contribution chinoise à la reprise économique mondiale. En réponse aux défis sérieux qu’a lancés l’épidémie aux autres pays en développement, le Président Xi Jinping a avancé solennellement l’Initiative pour le Développement mondial en vue de favoriser la synergie internationale dans la mise en œuvre accélérée du Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies, afin qu’aucun pays ni aucun individu ne soit laissé pour compte. Cette initiative a reçu jusqu’ici la réponse favorable et le soutien du système onusien et de près de 100 pays.

Quatrièmement, la diplomatie multilatérale a défendu l’équité et la justice. Nous avons porté haut le flambeau du multilatéralisme, œuvré à promouvoir les valeurs communes de l’humanité et défendu fermement le système international centré sur les Nations Unies et l’ordre international basé sur le droit international. Nous avons participé activement à la construction du système de gouvernance mondiale dans les domaines du climat, de l’environnement, de la santé et du numérique, et présenté de manière approfondie les visions de l’avenir partagé pour l’homme et la nature et de la communauté de toutes les vies sur la Terre, apportant des solutions et la force de la Chine dans la réforme du système de gouvernance mondiale.

Cinquièmement, la diplomatie au service du peuple a honoré notre engagement solennel. Nous avons œuvré activement à soutenir la construction de la nouvelle dynamique de développement, à mettre en place des « voies rapides » pour la circulation des personnes nécessaires et des « corridors verts » pour l’acheminement de matériels d’urgence, veillé à la propagation du virus venant de l’extérieur et à préserver les acquis de la riposte sanitaire dans le pays. En plaçant le peuple par-dessus toutes nos préoccupations, nous avons pris l’initiative de construire un système de protection des intérêts des ressortissants en outre-mer et d’alerte et prévention des risques, et sauvé avec succès des dizaines de ressortissants chinois pris en otage. Nous avons lancé rapidement le programme « pousse de printemps » pour vacciner des millions de nos compatriotes dans plus de 180 pays. « Où que vous soyez, la patrie est derrière vous », c’est la mission et l’engagement constants de la diplomatie chinoise.

Q : Le 6e plénum du XIXe Comité central du PCC tenu cette année attire une attention énorme de la communauté internationale. Selon vous, comment cette session pourra-t-elle guider la diplomatie chinoise ? Comment la communauté internationale voit-elle le centenaire du PCC ?

Wang Yi : Le 6e plénum du XIXe Comité central du PCC a dressé un bilan global des accomplissements majeurs du Parti dans ses cents ans de lutte et en a tiré dix expériences historiques qui sont toutes d’une grande importance pour guider notre action diplomatique.

Maintenir la direction du Parti est l’orientation fondamentale de la diplomatie chinoise. Dans le monde d’aujourd’hui, le succès de la gouvernance de la Chine est de plus en plus reconnu et apprécié. Cela tient au fond à la direction centralisée et unifiée du Parti. La direction du Parti est aussi le plus grand atout politique de la diplomatie chinoise, le fondement de la diplomatie de grand pays aux caractéristiques chinoises et la garantie institutionnelle de tous nos accomplissements.

Placer le peuple au centre de notre action est la source de la force de la diplomatie chinoise. Ce n’est qu’en s’appuyant sur le peuple que la diplomatie chinoise peut résister à toute épreuve et poursuivre sa marche en avant. Nous, diplomates chinoises, mettrons toujours le peuple au centre de notre action. Nous défendrons les intérêts du peuple chinois et poursuivrons activement le principe de la diplomatie au service du peuple. Nous approfondirons l’amitié et la coopération avec les peuples des autres pays en vue de promouvoir une plus grande solidarité dans le monde.

Porter une vision mondiale est l’engagement initial de la diplomatie chinoise. Le PCC œuvre non seulement au bonheur du peuple chinois et au renouveau de la nation chinoise, mais également au progrès de l’humanité et à l’harmonie dans le monde. C’est un engagement et une mission que le Parti a inscrits sur son drapeau dès le jour de sa fondation. Nous, diplomates chinois, garderons à l’esprit la situation domestique et la situation internationale, et travaillerons avec les autres pays pour construire la communauté d’avenir partagé pour l’humanité.

Poursuivre l’esprit d’indépendance est la belle tradition de la diplomatie chinoise. Quelle que soit l’évolution de la situation internationale, nous poursuivrons fermement la politique étrangère d’indépendance et de paix de même que la voie de développement pacifique. En même temps, nous soutiendrons fermement les pays du monde, notamment les pays en développement, dans leurs efforts pour défendre la souveraineté et l’indépendance et explorer une voie de développement adaptée à leurs conditions nationales.

Se déterminer à lutter est le caractère distinct de la diplomatie chinoise. La diplomatie chinoise s’est développée au travers de la lutte contre l’invasion, le blocus, la sanction et l’ingérence. Elle incarne le caractère indomptable et intrépide de la nation chinoise et conserve l’excellente tradition de préserver les intérêts de l’État et de défendre l’équité et la justice. Dans la nouvelle marche vers le renouveau de la nation, nous continuerons de nous opposer fermement à tout agissement hégémonique et d’intimidation et assumerons activement nos responsabilités internationales de maintenir la paix et de promouvoir le développement.

Cette année marque le 100e anniversaire de la fondation du PCC. Nous avons reçu des messages de félicitations de plus de 600 partis et organisations politiques de plus de 170 pays. Lors de mes échanges avec les autres ministres des affaires étrangers et hauts fonctionnaires d’autres pays, ils ont toujours commencé par féliciter le PCC pour son centenaire. Dans nos échanges avec l’extérieur, nous pouvons mesurer en profondeur que la communauté internationale porte un plus grand intérêt, focalise une plus grande attention et apporte une plus grande adhésion au PCC. Nous, diplomates chinois, avons également travaillé activement pour présenter le PCC au monde, défendre son image et promouvoir ses exploits. Par exemple, les « 100 histoires dans les échanges du PCC avec l’extérieur », programme que nous avons lancé ont été lues, regardées et diffusées pour plus d’un milliard de fois en Chine et à l’étranger. Nous avons invité les diplomates en poste en Chine et les journalistes des grands médias internationaux à des sites historiques du Parti comme ceux dans les villes de Yan’an et de Jiaxing, le Musée de la Révolution du Mont Xiangshan et le Musée du Parti communiste chinois. Ces visites ont permis à nos amis étrangers de connaître l’histoire de ce grand Parti centenaire et de décrypter son code génétique. Beaucoup de personnalités étrangères, y compris des Occidentaux qui avaient eu des idées reçues sur le PCC, ont affirmé que ces visites sur place leur avaient permis d’avoir une idée toute nouvelle sur la Chine et le PCC, qu’ils éprouvaient une profonde admiration pour les grandes réalisations accomplies par le peuple chinois sous la direction du PCC et qu’ils souhaitaient sincèrement mieux connaître les clés de la réussite du PCC. Dans l’avenir, nous continuerons de présenter au monde l’image d’une Chine réelle et multidimensionnelle dans son ensemble et nous œuvrerons à gagner une  compréhension plus grande et plus profonde de la part de la communauté internationale pour le système chinois, la voie chinoise et les visions chinoises.

Q : Les États-Unis et certains d’autres pays cherchent à prôner les valeurs occidentales et provoquer des divisions idéologiques. Cette année, nous avons vu plusieurs confrontations entre différentes forces dans les enceintes multilatérales. Quels sont vos commentaires là-dessus ?

Wang Yi : Il y a certains dans ce monde qui se croient encore supérieurs aux autres et qui cherchent à imposer à autrui leur propre volonté. Ils mettent en avant arbitrairement des prétextes grandiloquents, comme règles, droits de l’homme, démocratie, pour dénigrer et encercler la Chine et bien d’autres pays en développement. Devant eux, nous ne devons ni céder ni reculer. Nous devons aller de l’avant pour les affronter, et travailler avec la majorité des pays du monde pour défendre l’équité et la justice et préserver le grand bien de toute l’humanité.

La première confrontation est celle entre le vrai et le faux multilatéralisme. Certains pays, en clamant des slogans du multilatéralisme, montent en réalité de « petits cercles » et cherchent à replonger le monde dans la confrontation de la guerre froide. Face à cela, la Chine a indiqué sans équivoque que tous les pays devaient défendre et pratiquer le véritable multilatéralisme, et souligné qu’il n’y avait qu’un seul système international au monde, celui centré sur les Nations Unies, et que tous les pays devaient défendre résolument l’autorité et la place des Nations Unies, s’opposer conjointement à la division et la confrontation, rejeter ensemble le jeu à somme nulle et promouvoir sans cesse la démocratisation des relations internationales. Cette position de la Chine a été saluée et soutenue par la majorité des pays du monde.

La deuxième confrontation est celle entre les vraies et les fausses règles. Un petit nombre de pays prônent le prétendu « ordre fondé sur des règles » mais ne veulent pas accepter l’idée que les règles doivent se baser sur le droit international universellement reconnu. Ils cherchent en réalité à imposer à la communauté internationale leurs « règles domestiques » et les « règles de bande » qu’ils avaient élaborées avec leurs alliés. Face à cela, la Chine a souligné à maintes reprises aux Nations Unies et dans d’autres enceintes multilatérales qu’il n’y avait qu’un seul ensemble de règles au monde, à savoir, les normes fondamentales régissant les relations internationales basées sur la Charte des Nations Unies. Ces propos retentissants ont dévoilé le dessein de certains pays de pratiquer l’hégémonie sous le couvert des règles, et permis de préserver la stabilité de l’ordre international.

La troisième confrontation est celle entre les vrais et les faux droits de l’homme. Les États-Unis et certains d’autres pays ont de nombreux problèmes de droits de l’homme chez eux, mais ils ont toujours utilisé la question des droits de l’homme comme un outil pour s’ingérer dans les affaires intérieures d’autrui et n’ont cessé d’attaquer et de dénigrer la Chine et les autres pays en développement avec des accusations infondées. Face à cela, la Chine a remis les choses en bonne voie en présentant au monde la vision chinoise des droits de l’homme et les accomplissements qu’elle avait obtenus dans le développement des droits de l’homme. Dans le même temps, nous avons riposté résolument pour révéler l’hypocrisie de ce prétendu « défenseur des droits de l’homme ». La justice est dans le cœur de chacun. Cette année, au Conseil des droits de l’homme et à l’Assemblée générale des Nations Unies, nous avons déjoué à quatre reprises consécutives les motions anti-Chine avec un soutien écrasant. Environ 100 pays ont soutenu la position légitime de la Chine et se sont opposés à l’ingérence dans les affaires intérieures chinoises sous prétexte des droits de l’homme.

La quatrième confrontation est celle entre la vraie et la fausse  démocratie. En réponse au prétendu « Sommet pour la démocratie » et du faux débat sur « la démocratie contre l’autoritarisme » organisés par les États-Unis, la Chine a porté les valeurs communes de l’humanité, publié le rapport intitulé The State of Democracy in the United States et encouragé les discussions sur les critères et les pratiques de la démocratie dans les enceintes bilatérales et multilatérales. Cela a révélé les paradoxes et les défaillances dans la démocratie américaine et éveillé des doutes dans toute la communauté internationale sur les intentions des États-Unis. Le prétendu « Sommet pour la démocratie » s’est terminé à la hâte, sans consensus, ni résultat, ni perspectives. Cela démontre encore une fois que la démocratie est une valeur commune de l’humanité et qu’aucun pays n’est qualifié pour donner des leçons aux autres sur ce sujet. Seuls les peuples sont les mieux placés pour juger si la démocratie de leurs pays est vraie ou fausse, si elle est bonne ou mauvaise.

Q : La COVID-19 continue de se propager dans le monde. Comment la Chine a-t-elle contribué à la lutte solidaire dans la communauté internationale contre l’épidémie, à l’identification scientifique des origines du coronavirus, et à l’accélération de la reprise de l’économie mondiale ?

Wang Yi : Depuis l’apparition de la COVID-19, les Chinois, unis en bloc, ont lutté contre le virus dans le respect de la science, jouant un rôle exemplaire dans la riposte sanitaire dans la communauté internationale. En même temps, nous n’avons pas pensé seulement à nos propres intérêts, mais avons dès le début pris l’initiative de développer la coopération internationale pour apporter notre part de contribution à la préservation de la santé publique mondiale, au bénéfice du monde entier.

La Chine a lancé en premier des opérations d’aides humanitaires d’urgence à l’échelle internationale, ouvrant ainsi la coopération internationale axée sur les aides d’urgence en matériels. Jusqu’à présent, elle a fourni à la communauté internationale environ 372 milliards de masques, plus de 4,2 milliards de combinaisons de protection et 8,4 milliards de kits de dépistage. Depuis cette année, nous avons poursuivi ce combat collectif avec l’accent mis sur la coopération sur les vaccins. J’aimerais saisir cette occasion pour annoncer que jusqu’au 26 décembre 2021, la Chine a fourni plus de deux milliards de doses de vaccins à plus de 120 pays et organisations internationales. Nous avons ainsi honoré l’engagement pris par le Président Xi Jinping devant le monde entier et fait de notre pays celui qui a fourni le plus de vaccins au reste du monde. Une dose de vaccin sur deux utilisée dans le monde entier est fabriquée en Chine. Pour beaucoup de pays, surtout des pays en développement, les premiers vaccins arrivés sur leurs sols et la majorité des vaccins qu’ils ont obtenus jusqu’ici sont tous chinois. C’est un contraste frappant avec les promesses vaines de certains pays.

Récemment, le Président Xi Jinping a annoncé une nouvelle aide à l’Afrique, à savoir un milliard de doses de vaccins supplémentaires, dont 600 millions sous forme de don, pour contribuer à la réalisation de l’objectif fixé par l’Union Africaine de vacciner 60% de la population africaine contre la COVID-19 d’ici 2022. La Chine fournira aussi aux pays de l’ASEAN un don supplémentaire de 150 millions de doses de vaccins. Par ailleurs, nous soutenons le transfert de technologies par des entreprises chinoises aux autres pays en développement et développons la production conjointe de vaccins avec 20 pays. Bref, la Chine ne vise aucun intérêt géopolitique égoïste dans ses actions et n’assortit ses aides d’aucune condition politique. Elle entend, par ses actions concrètes, ériger une « grande muraille d’immunité » pour la santé humaine et offrir un « bouclier de santé » pour tous les pays en développement.

Q : Cette année marque le 20e anniversaire de la signature du Traité de bon voisinage et de coopération d’amitié sino-russe. Qu’est-ce que l’engagement de la Chine et de la Russie, deux grands pays, représente pour la stabilité stratégique et le développement du monde ? Comment voyez-vous les relations sino-russes d’aujourd’hui ?

Wang Yi : La Chine et la Russie sont deux grands pays d’influence mondiale. Le renforcement de leur coordination stratégique et de leur coopération pragmatique a une portée mondiale et joue un rôle irremplaçable.

Cette année, les deux parties ont solennellement commémoré le 20e anniversaire de la signature du Traité de bon voisinage et de coopération d’amitié sino-russe. Le Président Xi Jinping et le Président Vladimir Poutine ont annoncé officiellement la reconduction du Traité en l’enrichissant de nouvelles dimensions de l’ère nouvelle. Durant cette année, les deux Chefs d’État ont maintenu une étroite communication stratégique et ils se retrouveront dans un peu plus d’un mois pour le « rendez-vous aux Jeux Olympiques d’hiver ». Sous le pilotage des deux Chefs d’État, les relations sino-russes sont devenues plus matures, plus stables, plus résilientes et débordent de vitalité.

La Chine et la Russie ont donné un exemple à suivre pour le monde dans la lutte contre la COVID-19. Faisant toujours preuve de solidarité et d’entraide, les deux pays ont joué un rôle pionnier dans la recherche, le développement et la production de vaccins ainsi que leur fourniture au reste du monde, se sont opposées ensemble à la stigmatisation et à la politisation de l’épidémie et de l’identification des origines du virus et ont montré à la communauté internationale que la réponse solidaire est la bonne voie à suivre.

La Chine et la Russie ont injecté une forte impulsion à la reprise économique mondiale. La coopération tous azimuts entre la Chine et la Russie a été portée à un niveau plus élevé. Le volume des échanges commerciaux a battu un nouveau record. Les grands projets stratégiques sont mis en œuvre dans d’heureuses conditions, et la coopération en matière d’innovation scientifique et technologique est en plein essor. Tout cela a non seulement apporté une contribution importante au bien-être des deux peuples, mais aussi offert de nouvelles opportunités pour la reprise économique mondiale.

La Chine et la Russie ont fourni une garantie solide à la stabilité régionale. Les deux parties ont maintenu une coordination stratégique de haut niveau, travaillé à ce que l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) et les BRICS jouent un rôle constructif et renforcé la coordination stratégique sur les dossiers brûlants, offrant ainsi un appui essentiel à la promotion de la stabilité régionale et de la solidarité entre les pays en développement.

La Chine et la Russie ont assumé leurs responsabilités pour la gouvernance mondiale. Les deux parties ont défendu fermement le système international centré sur les Nations Unies et l’ordre international fondé sur le droit international, et se sont opposées ensemble aux ingérences dans les affaires intérieures d’autrui, aux sanctions unilatérales et aux pratiques d’extraterritorialité, devenant des piliers dans la mise en œuvre du véritable multilatéralisme et la préservation de l’équité et de la justice internationales et montrant au monde le sens des responsabilités digne d’un grand pays.

Nous sommes convaincus que, tant que la Chine et la Russie, deux grands pays, se tiennent côte à côte et approfondissent leur coordination main dans la main, l’ordre international ne saurait jamais être saboté, la justice internationale ne saurait jamais s’écrouler et l’hégémonisme ne saurait jamais triompher.

Q : Pendant cette année, les Chefs d’État chinois et américain ont eu deux conversations téléphoniques et un entretien en visioconférence. Les officiels de haut niveau des deux pays ont également eu plusieurs rencontres et entretiens. Dans le même temps, les États-Unis ne cessent d’entreprendre des actions négatives contre la Chine. Comment voyez-vous l’état actuel des relations sino-américaines ? Comment les deux pays peuvent-ils trouver une bonne voie de se traiter l’un l’autre ?

Wang Yi : Par rapport à ce qui s’était passé pendant des années précédentes, les relations entre la Chine et les États-Unis ont connu cette année un certain nombre de changements. Devant une Chine déterminée à défendre ses droits et à combattre l’hégémonie, la partie américaine s’est rendu compte qu’il était impossible de la faire céder en brandissant la menace de la pression maximale, et que ce genre de pratiques finiraient par compromettre ses propres intérêts. Des dirigeants et officiels de haut rang des États-Unis ont successivement affirmé que la partie américaine ne cherchait pas une nouvelle guerre froide, qu’elle ne cherchait pas à changer le système de la Chine, que la revitalisation de ses alliances n’était pas anti-Chine, qu’elle ne soutenait pas l’indépendance de Taiwan et qu’elle n’avait pas l’intention d’entrer en conflit ni en confrontation avec la Chine. Mais nous voyons dans le même temps que la partie américaine continue de multiplier des provocations sur des questions touchant à la souveraineté, à la sécurité et aux intérêts de développement de la Chine, et de porter préjudice aux relations sino-américaines. Ce décalage flagrant entre parole et action a suscité de sérieux doutes sur la crédibilité des États-Unis.

Les États-Unis prétendent souvent être une société fondée sur le crédit. Comme dit un vieil adage chinois, « un homme non crédible ne peut tenir sa place dans la société. » C’est aussi et surtout valable pour les relations interétatiques. Si la partie américaine veut préserver un minimum de crédibilité dans le monde, elle devra honorer ses engagements par des actions concrètes et joindre l’acte à la parole pour gagner la confiance du peuple chinois et de la communauté internationale.

Concernant la politique américaine de la Chine, l’attitude de la partie chinoise est claire et constante. Le Président Xi Jinping a avancé solennellement trois principes, à savoir le respect mutuel, la coexistence pacifique et la coopération gagnant-gagnant. Ces trois principes résultent des expériences et leçons tirées de plus d’un demi-siècle d’échanges entre les deux pays, et constituent la bonne voie à suivre pour la reprise d’un développement sain et stable des relations sino-américaines. Et la réalisation de cette perspective dépend de la capacité de la partie américaine de bien comprendre les trois choses suivantes :

Premièrement, le développement et le redressement de la Chine sont son droit légitime en tant que pays souverain et aussi et surtout une tendance irrésistible que personne ne saurait changer ni empêcher. Il vaut mieux la suivre plutôt que d’aller à contre-courant. Les relations sino-américaines pourront revenir sur la bonne voie et connaître un développement stable, tant que les États-Unis abandonnent véritablement leur obsession de contenir et d’endiguer le développement de la Chine.

Deuxièmement, quel que soit son niveau de développement, la Chine ne reprendra jamais le vieux chemin emprunté par des pays occidentaux pour rechercher l’hégémonie mondiale, et elle n’a aucune envie de changer, remplacer ou menacer qui que ce soit. La Chine et les États-Unis pourront tout à fait contribuer au développement de part et d’autre et réaliser une prospérité partagée tant que les États-Unis considèrent véritablement la Chine comme partenaire et non comme rival ou ennemi.

Troisièmement, le système social et la voie de développement de la Chine représentent un choix ferme et reflètent la volonté collective des 1,4 milliard de Chinois. Nous respectons le système et la voie des États-Unis, mais nous ne tolérons aucun dénigrement ni aucune atteinte au système et à la voie choisis par nous-mêmes. Les systèmes et voies chinois et américains pourront coexister pacifiquement et sans contradiction sur cette planète tant que la partie américaine abandonne véritablement son obsession de confrontation idéologique.

Q : L’Union européenne a fait savoir à plusieurs reprises que la Chine était un partenaire, mais aussi un rival systémique. La ratification de l’Accord global Chine-UE sur les investissements a rencontré des obstacles à cause des problèmes internes de la partie européenne. Comment voyez-vous l’évolution des relations sino-européennes ? Que fera la Chine pour que cet accord surmonte ces obstacles ?

Wang Yi : Cette année, les relations sino-européennes ont réalisé de nouveaux progrès. Le Président Xi Jinping a présidé deux Sommets Chine-France-Allemagne en visioconférence. Le Sommet Chine-PECO en visioconférence s’est tenu avec succès. Le Premier Ministre Li Keqiang a eu d’amples contacts avec des dirigeants européens et des personnalités des milieux industriel et commercial de l’Europe. La coopération économique et commerciale a progressé malgré une situation difficile et le volume des échanges commerciaux de cette année pourrait augmenter de 30% pour dépasser 800 milliards de dollars américains. L’Accord Chine-UE sur les indications géographiques est officiellement entré en vigueur. Les mécanismes de dialogue de haut niveau sur l’environnement et le climat et dans le domaine numérique ont été lancés officiellement. Le nombre de convois ferroviaires reliant la Chine et l’Europe a battu un nouveau record. Des projets emblématiques dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route » comme le port du Pirée et le chemin de fer Hongrie-Serbie ont obtenu de nouveaux progrès. La Chine et l’Europe partagent une large convergence de vues sur les sujets tels que la préservation du multilatéralisme et le renforcement de la gouvernance mondiale, et ont enregistré des résultats encourageants dans les domaines comme la lutte contre le changement climatique et la réponse collective à la COVID-19.

Dans le même temps, nous avons constaté une certaine « dissonance cognitive » dans la politique chinoise de l’Europe. Il est difficile d’imaginer que l’Europe, d’un côté, a établi avec la Chine le partenariat global stratégique, et de l’autre, la définit comme rival systémique. Cette logique a non seulement perturbé les relations sino-européennes, mais aussi semé des confusions chez nos amis européens eux-mêmes. La différence des systèmes de la Chine et de l’Europe ne veut pas dire qu’elles sont forcément des rivaux. Les deux parties peuvent tout à fait se respecter, s’inspirer et se renforcer mutuellement. Nous sommes prêts à multiplier des contacts et communications pour renforcer effectivement la connaissance mutuelle avec la partie européenne et à engager un dialogue franc avec elle dans une attitude ouverte sur les questions liées aux droits de l’homme, à la démocratie et autres. Dans le même temps, nous espérons que l’Europe, en tant qu’acteur majeur dans le processus de multipolarisation, pourra avoir le plus tôt possible une perception plus indépendante, plus objective et plus raisonnable de la Chine, et promouvoir et approfondir la coopération mutuellement bénéfique avec la Chine conformément au principe de l’autonomie stratégique. Si la Chine et l’Europe, deux grandes forces, deux grands marchés et deux grandes civilisations, peuvent se compléter mutuellement sur la base du respect mutuel et former une synergie, ce sera une chance pour le monde et pour l’humanité.

L’Accord Chine-UE sur les investissements est jusqu’ici l’accord économique et commercial doté du plus haut niveau d’ouverture et du seuil d’accès au marché le plus bas que la Chine ait signé. Cet accord est bénéfique pour la Chine et encore plus bénéfique pour l’Europe. Créer des obstacles à cet accord, c’est créer des obstacles à son propre développement. Au final, ce sont des intérêts de long terme des peuples européens qui seront compromis.

Q : En novembre dernier, le Président Xi Jinping a présidé en visioconférence le Sommet spécial commémorant le 30e anniversaire des relations de dialogue entre la Chine et l’ASEAN et porté avec les dirigeants des pays de l’ASEAN les relations Chine-ASEAN au niveau du partenariat global stratégique. Comment voyez-vous les progrès de la diplomatie chinoise de voisinage de cette année ?

Wang Yi : Cette année est une année d’engagement et de récolte pour la Chine et les autres pays asiatiques. Les relations Chine-ASEAN ont été portées à un niveau plus élevé, et les deux parties ont mené une lutte solidaire contre la COVID-19. Le Partenariat économique régional global (RCEP) a été signé et entrera très prochainement en vigueur. La coopération sur l’économie numérique, l’économie bleue et l’économie verte entre les deux parties s’est accélérée. L’interconnexion a été accélérée sur tous les plans et le chemin de fer Chine-Laos a été mis en service dans d’heureuses conditions. La question de la Mer de Chine méridionale a été effectivement gérée dans le cadre de la Déclaration sur la conduite des Parties en Mer de Chine méridionale et la liberté de navigation et de survol a été strictement garantie en vertu de la loi. Sur les dossiers brûlants comme l’Afghanistan et le Myanmar, la Chine a travaillé en étroite coordination avec les pays de la région pour préserver ensemble la stabilité dans la région.

L’Asie demeure la région la plus dynamique et la plus prometteuse dans le monde. Cette situation difficilement acquise est le fruit de la solidarité et des efforts conjoints de la Chine et des pays de la région depuis de longues années et mérite d’être préservée avec soins par tous. Dans le même temps, nous avons constaté que la situation régionale faisait face à de nouveaux défis et qu’il y avait deux tendances tout à fait différentes : L’une consiste à rechercher le développement et la prospérité par la confiance mutuelle et la coopération, et l’autre consiste à provoquer la division et la confrontation par la construction de « murs » et le « découplage ». Les pays asiatiques doivent regarder cette situation d’un œil perspicace, rester fermes dans leur position et faire le bon choix qui correspond à leurs intérêts fondamentaux et de long terme. Nous ne permettrons à aucun pays non régional de provoquer la  confrontation des blocs dans la région et de plonger l’Asie dans une nouvelle guerre froide. Nous ne permettrons à aucun pays non régional de faire table rase de l’architecture de coopération régionale existante et du processus de l’intégration dans la région pour en créer de nouveau selon leur propre volonté. Nous ne permettrons à aucun pays non régional de provoquer une course aux armements voire la prolifération des armes nucléaires dans la région et de menacer la sécurité et la stabilité en Asie.

Q : En novembre dernier, la 8e Conférence ministérielle du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) s’est tenue avec succès. Lors de cette conférence, le Président Xi Jinping a avancé l’idée de construire une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique dans la nouvelle ère. Quelles mesures la partie chinoise prendra-t-elle afin de promouvoir davantage ses relations avec les autres pays en développement, y compris les pays africains ?

Wang Yi : Cette année marque le 65e anniversaire de l’inauguration des relations diplomatiques entre la Chine et les pays africains. Nous venons d’organiser, malgré le contexte sanitaire, la 8e Conférence ministérielle du FCSA qui a été un grand succès. À cette occasion, le Président Xi Jinping a avancé pour la première fois l’esprit d’amitié et de coopération Chine-Afrique, présenté quatre propositions pour construire une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique dans la nouvelle ère et annoncé neuf programmes pour la coopération avec l’Afrique, posant un nouveau jalon dans les annales des relations sino-africaines.

Cette année a aussi été marquée par d’importants progrès dans nos relations avec les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, les pays arabes, les pays insulaires du Pacifique et les autres pays en développement. Notre coopération s’est avérée fructueuse dans divers domaines.

Quels que soient les changements de la situation internationale, la Chine, membre fidèle du camp des pays en développement, reste déterminée à se tenir du côté des nombreux pays en développement et à approfondir la coopération mutuellement bénéfique avec eux. Le vote de Chine aux Nations Unies appartient aux pays en développement. Tournés vers l’avenir, nous axerons nos efforts dans les domaines suivants :

Premièrement, poursuivre la solidarité et construire ensemble un rempart vaccinal. La Chine continuera à déployer tous les efforts pour fournir des vaccins et du matériel médical aux autres pays en développement qui en ont besoin, afin d’assurer effectivement l’accessibilité et l’abordabilité des vaccins dans les pays en développement et de renforcer leurs capacités, leur confiance et leur détermination dans la lutte contre le virus.

Deuxièmement, poursuivre les bénéfices mutuels et construire ensemble un moteur de développement. Nous resterons fidèles au principe de recherche du plus grand bien et des intérêts partagés, et continuerons à promouvoir la synergie avec les stratégies des autres pays en développement et à élargir davantage les échanges commerciaux, les investissements et la coopération pragmatique, en vue de soutenir les autres pays dans le renforcement de leurs capacités de développement durable et de développement autonome.

Troisièmement, poursuivre le principe de sincérité, de résultats effectifs, d’amitié et de bonne foi et construire ensemble un pont d’amitié. Nous renforcerons davantage les échanges et l’inspiration mutuelle avec les autres pays en développement dans les domaines des échanges entre partis politiques et sur les affaires politiques, de la réduction de la pauvreté, du développement, de la santé et autres, approfondirons sans cesse l’amitié avec les peuples des autres pays en développement et défendrons ensemble les droits et intérêts légitimes des pays en développement, pour que l’esprit d’amitié et de coopération se transmette de génération en génération.

Q : Cette année, avec le retrait précipité des États-Unis, la situation en Afghanistan a attiré l’attention de toute la communauté internationale. Quel rôle la Chine a-t-elle joué dans le règlement des dossiers brûlants tels que la question de l’Afghanistan ?

Wang Yi : Cette année, le monde entier a été témoin du « moment Kaboul » avec le retrait précipité des troupes américaines d’Afghanistan. Le désengagement irresponsable des États-Unis a laissé pour conséquences une crise humanitaire profonde au peuple afghan et des défis sécuritaires énormes pour la stabilité régionale. Des scènes chaotiques voire inhumaines à l’aéroport de Kaboul resteront à jamais gravées dans la mémoire de l’humanité comme une empreinte historique de l’échec de la prétendue « transformation démocratique ».

Face au changement soudain de la situation en Afghanistan, la Chine n’est pas restée les bras croisés. Au contraire, elle est immédiatement venue en aide au peuple afghan avec l’envoi d’aides humanitaires d’urgence dont notamment des dons en vaccins et nourritures et des fournitures pour affronter l’hiver. Le peuple afghan a souffert des années durant des guerres et des bouleversements, et ne doit pas subir de nouvelles souffrances à cause de l’épidémie ou du manque de nourritures et fournitures. En plus, nous avons favorisé activement la coordination internationale et joué un rôle constructif en faveur d’une transition stable de la situation en Afghanistan, ce qui a été salué et apprécié par les différents milieux de la société afghane. Actuellement, le pays fait toujours face à de sérieux défis en matière d’économie, de bien-être social, de sécurité et de gouvernance. La Chine poursuivra sa politique d’amitié envers l’ensemble du peuple afghan et soutiendra l’Afghanistan dans ses efforts visant à mettre en place un gouvernement inclusif, à mettre fin aux troubles, à rétablir la stabilité et à reconstruire le pays, pour que le peuple afghan vive en paix et en sécurité.

Je voudrais souligner que les grands pays majeurs ont des responsabilités particulières et importantes à assumer pour la paix et la stabilité dans le monde. Dans la gestion des dossiers brûlants, ils doivent défendre la justice et non rechercher des intérêts égoïstes, œuvrer à la paix et non recourir abusivement à la force, encourager le dialogue et non imposer arbitrairement des sanctions, et respecter la volonté des pays concernés et non abuser de leur puissance pour imposer leur propre volonté.

Depuis un an, la Chine a toujours gardé à l’esprit et rempli ses responsabilités et sa vocation. Elle a avancé une proposition en cinq points pour promouvoir la paix et la stabilité au Moyen-Orient et encouragé les pays de la région à sortir des rivalités géopolitiques entre grands pays et à frayer une voie vers l’émergence collective dans l’unité. Elle a avancé une vision en trois points pour la mise en œuvre de la « solution à deux États » en vue de contribuer à une solution juste à la question palestinienne et à une gouvernance effective dans l’État de Palestine. Elle a présenté une proposition en quatre points sur le règlement de la question syrienne et soutenu la Syrie dans ses efforts pour accélérer la réconciliation et la reconstruction et retourner dans la grande famille arabe. Elle a œuvré à la reprise de l’application du Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien (JCPOA) et préservé le régime international de non-prolifération nucléaire. Elle a travaillé à promouvoir le dialogue entre les différentes parties au Myanmar et à les encourager à relancer le processus de transition démocratique. Elle a aussi œuvré à la paix et à la stabilité dans la Péninsule coréenne et continué à promouvoir en parallèle la mise en place d’un mécanisme de paix et la dénucléarisation de la Péninsule.

Comme les faits l’ont prouvé, le développement de la Chine augmente les forces pour la paix et la montée de l’influence de la Chine amplifie les facteurs constructifs. La Chine entend continuer à travailler avec les pays du monde pour jouer son rôle dans la promotion de la paix dans le monde et dans la région et y apporter une plus grande contribution.

Q : Lors du débat général de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le Président Xi Jinping a avancé pour la première fois l’Initiative pour le Développement mondial, ce qui a attiré une grande attention de la communauté internationale. Quel est le rapport entre cette initiative et la vision de la communauté d’avenir partagé pour l’humanité ? Que fera la Chine pour la mettre en œuvre ?

Wang Yi : Le développement est la première priorité de la gouvernance du pays et un thème perpétuel pour la société humaine. Sans le développement, tout ne serait que de vains mots. L’Initiative pour le Développement mondial, bien public mondial offert par la Chine, est une traduction importante de la vision de la communauté d’avenir partagé pour l’humanité et illustre la vision mondiale et le dévouement au service du peuple du Président Xi Jinping. L’idée essentielle de l’initiative est de placer le peuple au cœur de l’action. Son principal objectif est de favoriser une mise en œuvre plus rapide du Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies en surmontant les défis posés par la COVID-19. Et sa vocation fondamentale est de répondre à l’aspiration des peuples du monde à une vie meilleure et de réaliser les valeurs communes de l’humanité. Lancée il y a seulement un peu plus de trois mois, elle a déjà reçu un écho favorable et le soutien des institutions onusiennes et d’autres organisations internationales ainsi que de près de 100 pays dans le monde.

La Chine non seulement est l’auteur de cette initiative majeure, mais elle sera aussi un acteur de sa mise en œuvre. Nous entendons travailler à accroître la synergie des stratégies de coopération pour le développement avec les différentes parties par les plateformes de l’ONU et les voies multilatérale et bilatérale en vue d’un renforcement mutuel entre les processus de développement de différents pays, régions et mécanismes. Nous œuvrerons à approfondir la coopération pragmatique dans les huit domaines prioritaires identifiés par l’initiative pour créer une grande synergie en faveur de la réalisation des 17 objectifs de développement durable de l’ONU dans les délais prévus. Nous concrétiserons activement l’octroi dans les trois ans à venir des aides supplémentaires de 3 milliards de dollars américains pour soutenir effectivement la riposte sanitaire et la reprise du développement économique et social dans les pays en développement, en vue de construire ensemble avec les autres parties une communauté d’avenir partagé pour le développement mondial.

Q : Cette année marque le cinquantenaire du rétablissement de la République populaire de Chine dans son siège légitime aux Nations Unies. Comment voyez-vous le rôle de la Chine sur la scène internationale pendant les 50 ans écoulés ? Dans la situation actuelle, pourquoi on insiste sur la poursuite du multilatéralisme ?

Wang Yi : Il y a 50 ans, la Chine nouvelle a été rétablie dans son siège légitime aux Nations Unies. C’était une victoire du peuple chinois et aussi celle de toutes les forces pour la paix et la justice.

Depuis 50 ans, la Chine, le plus grand pays en développement et membre permanent du Conseil de Sécurité, a joué un rôle de plus en plus important dans la préservation de la paix mondiale et apporté une contribution de plus en plus grande au progrès de l’humanité.

Nous avons toujours poursuivi la voie du développement pacifique. Nous n’avons provoqué aucune guerre et avons toujours œuvré au règlement politique des dossiers brûlants. La Chine est le premier pourvoyeur de casques bleus parmi les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité et le deuxième contributeur financier aux opérations onusiennes de maintien de la paix et à l’ONU.

Nous avons défendu résolument l’équité et la justice internationales. Nous avons défendu les normes fondamentales régissant les relations internationales basées sur la Charte des Nations Unies, le droit de tous les peuples de choisir une voie de développement et un système politique en fonction des conditions de leur pays respectif, et les justes causes des pays en développement.

Nous avons appliqué la stratégie d’ouverture mutuellement bénéfique. La Chine a fait plus qu’elle avait promis lors de son adhésion à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) il y a 20 ans en ce qui concerne la baisse des droits de douane et l’ouverture du marché et contribué à hauteur d’environ 30% à la croissance mondiale depuis des années.

Nous avons participé activement aux affaires internationales. Nous avons approfondi sans cesse la coopération avec l’ONU et adhéré à presque toutes les organisations internationales intergouvernementales et à plus de 600 conventions internationales. Nous avons gagné la reconnaissance et le respect du monde par des actions concrètes, et la nation chinoise se tient dans le concert des nations avec une grande dignité.

50 ans après, le multilatéralisme est mis à rude épreuve. Certains pays prennent des actions unilatérales sous le couvert du multilatéralisme. Les membres de la communauté internationale doivent dénoncer ensemble le pseudo-multilatéralisme sous toutes ses formes, préserver sans ambiguïté l’ordre international fondé sur le droit international, et promouvoir résolument la démocratisation des relations internationales.

Q : Les Jeux Olympiques d’hiver de Beijing s’ouvriront prochainement. Quelques pays dont les États-Unis ont déclaré qu’ils n’y enverraient pas de représentants officiels. Comment le voyez-vous ?

Wang Yi : « La compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, de solidarité et de fair-play », telle est l’essence de l’esprit olympique. La politisation par quelques pays des Jeux Olympiques est purement et simplement une violation et une profanation de l’esprit olympique. Il y a quelque temps, la 76e session de l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté par consensus une résolution coparrainée par 173 États membres sur la Trêve olympique pour les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de Beijing. C’est une illustration parfaite de l’attachement collectif de la communauté internationale à l’esprit olympique et de son soutien énergique aux Jeux Olympiques d’hiver de Beijing. Ce sont des athlètes des différents pays et des centaines de millions d’amateurs de sport du monde qui sont des protagonistes sur la scène olympique. Les manipulations politiques de quelques politiciens occidentaux ne pourront pas porter la moindre atteinte à la splendeur des Jeux Olympiques, et ne feront que révéler leurs intentions ignobles.

Fidèle à l’approche verte, inclusive, ouverte et intègre, la Chine mènera à bien tous les préparatifs avec exigence et qualité pour fournir à tous les peuples du monde une édition de Jeux Olympiques simplifiée, sûre et splendide. Nous sommes convaincus que les Jeux Olympiques d’hiver de Beijing résisteront à toutes les perturbations et qu’ils permettront de faire rayonner l’esprit olympique, de promouvoir l’amitié et l’entraide entre les peuples et d’afficher la force de la solidarité et de la coopération internationales, en vue d’apporter plus de confiance et de courage à notre monde secoué par la COVID-19.

Q : Cette année, la Chine a rétabli ses relations diplomatiques avec le Nicaragua et rétrogradé ses relations avec la Lituanie au niveau de chargé d’affaires, illustrant sa ferme détermination à défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale. Comment voyez-vous les perspectives de la diplomatie chinoise liée à Taiwan ?

Wang Yi : Il y a quelque temps, le Nicaragua a rétabli ses relations diplomatiques avec la Chine et s’est remis sur la bonne voie du principe d’une seule Chine. Le cercle d’amis de la Chine s’est ainsi élargi. Cela démontre pleinement que l’attachement au principe d’une seule Chine va dans le sens de la justice internationale, répond à la volonté des peuples et correspond à la tendance générale de notre époque. Sur la question de Taiwan, je tiens à souligner les points suivants.

Il n’existe qu’une seule Chine dans le monde et Taiwan fait partie intégrante de la Chine. C’est un fait historique et juridique indéniable. Malgré la confrontation politique entre les deux rives du Détroit en raison de la guerre civile du passé, la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de la Chine n’ont jamais été divisées et ne seront jamais divisées. C’est cela le statu quo réel de la question de Taiwan et aussi l’essence même du « Consensus de 1992 » qui incarne le principe d’une seule Chine. Tout cela constitue le fondement pour les deux rives du Détroit de rechercher un développement pacifique de leurs relations. Cependant, les autorités du Parti démocratique progressiste se sont obstinées à entraver ce statu quo et ce fondement, et sont devenues l’auteur même des tensions dans le Détroit de Taiwan. Les États-Unis, en violant les engagements qu’ils avaient pris lors de l’établissement des relations diplomatiques avec la Chine, ont laissé faire voire encouragé les forces visant l’« indépendance de Taiwan », et cherché à déformer et à vider le principe d’une seule Chine. Cela non seulement entraînera Taiwan dans une situation extrêmement dangereuse, mais aussi fera payer aux États-Unis un prix insupportable.

La réalisation de la réunification de la Chine est une tendance irrésistible, et tout acte visant l’« indépendance de Taiwan » aboutira inexorablement à un échec. Taiwan n’a aucune autre issue que la réunification avec la partie continentale de la Chine. C’est une tendance inéluctable de l’Histoire et en est un aboutissement logique.

Q : Le XXe Congrès national du PCC se tiendra en 2022. Dans la nouvelle marche vers la réalisation de l’objectif du deuxième centenaire, comment la diplomatie chinoise servira-t-elle le développement du pays ? À votre avis, quelles seront les priorités de la diplomatie chinoise en 2022 ?

Wang Yi : En 2022, rassemblés plus étroitement autour du Comité central du PCC ayant le Camarade Xi Jinping en son centre, tous les membres du service diplomatique se mobiliseront pour assumer les responsabilités envers le Parti, promouvoir l’intérêt général du pays et servir le peuple. Nous déploierons nos efforts pour accomplir les huit tâches majeures suivantes :

Premièrement, nous ne ménagerons aucun effort pour créer un environnement extérieur favorable au XXe Congrès national du PCC. Le XXe Congrès national du PCC est l’événement de première priorité et l’agenda politique le plus important du Parti et de l’État en 2022. Nous préviendrons et résoudrons fermement les risques et défis extérieurs de toutes sortes et raconterons activement les histoires du PCC et du peuple chinois, en vue de créer un environnement extérieur sûr et stable pour la tenue avec succès du Congrès. Ce sera le fil conducteur de la diplomatie chinoise pour toute l’année 2022.

Deuxièmement, nous apporterons une contribution solide au succès des Jeux Olympiques d’hiver de Beijing. Les Jeux Olympiques d’hiver de Beijing approchent. Nous ferons rayonner l’esprit olympique, créerons une ambiance internationale positive, amicale et harmonieuse pour les Jeux Olympiques d’hiver de Beijing, et offrirons au monde une édition simplifiée, sûre et splendide.

Troisièmement, nous travaillerons activement à orienter la réforme du système de la gouvernance mondiale. En 2022, l’Asie accueillira de multiples agendas multilatéraux. La Chine assumera la présidence et tiendra le Sommet des BRICS. La réunion des leaders de l’APEC et les sommets du G20 et de l’OCS se tiendront également dans des pays asiatiques. La gouvernance mondiale sera à l’heure de l’Asie. Nous y prendrons une part active, y jouerons un rôle d’orientation et continuerons de porter haut l’étendard du véritable multilatéralisme, de sorte à apporter plus de sagesse chinoise et à injecter plus d’énergies asiatiques à la réforme et au perfectionnement du système de la gouvernance mondiale.

Quatrièmement, nous œuvrerons activement à relever les multiples défis dans l’après-COVID-19. Nous mettrons en œuvre intégralement l’Initiative pour l’action mondiale de coopération sur les vaccins et développerons activement la coopération sur la R&D des médicaments pour préserver l’intérêt général de la lutte solidaire mondiale contre la COVID-19 et créer une synergie internationale en vue de prévenir rigoureusement les futures pandémies. Nous renforcerons la communication et la coopération avec les autres pays et les Nations Unies et ferons valoir la complémentarité avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et promouvrons sur tous les plans la mise en œuvre de l’Initiative pour le Développement mondial.

Cinquièmement, nous approfondirons et élargirons les partenariats dans le monde. L’année 2022 marquera des anniversaires décennaux des relations diplomatiques de la Chine avec plusieurs pays. Nous saisirons ces opportunités pour consolider davantage l’amitié traditionnelle bilatérale et élargir la coopération. Nous travaillerons au développement globalement stable et équilibré des relations entre grands pays, ferons avancer sans cesse le développement intégré avec les pays voisins et soutiendrons pleinement le partage des fruits de développement par les pays en développement.

Sixièmement, nous continuerons de défendre fermement les intérêts vitaux du pays. Nous assumerons toutes nos responsabilités pour être à la hauteur des attentes du Parti et du peuple. Nous lutterons résolument et énergiquement contre toute tentative de saboter la souveraineté, la sécurité et les intérêts de développement de la Chine et réagirons avec détermination et efficacité à tout acte portant atteinte aux droits et intérêts légitimes et légaux du peuple chinois.

Septièmement, nous servirons activement l’ouverture et le développement du pays. Nous poursuivrons la coopération de haute qualité dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route », préserverons la stabilité et le bon fonctionnement des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales, prendrons une part active à la gouvernance climatique mondiale et contribuerons davantage à la transition et au développement verts et bas carbone en Chine. Nous travaillerons à une bonne mise en œuvre du RCEP, à l’adhésion à l’Accord du Partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP), à conclure rapidement l’arrangement de libre-échange Chine-Conseil de Coopération du Golfe, à accélérer les négociations de libre-échange Chine-Japon-République de Corée et à explorer les moyens de promouvoir la libéralisation et la facilitation du commerce et de l’investissement avec l’Europe, l’Afrique et l’Amérique latine et les Caraïbes, de sorte à promouvoir les circulations domestique et internationale et à contribuer à la construction de la nouvelle dynamique de développement.

Huitièmement, nous mettrons toute notre énergie au service du peuple. Nous approfondirons la réforme des services consulaires, améliorerons les mécanismes et systèmes de la protection consulaires, et travaillerons à l’accélération de la législation sur la protection consulaire et du développement des services consulaires intelligents et des services consulaires numériques. Nous construirons plus rapidement le système pour la protection des ressortissants et intérêts chinois à l’étranger pour protéger effectivement la sécurité ainsi que les droits et intérêts des ressortissants et établissements chinois légitimes à l’étranger.

2022 est l’Année du Tigre du calendrier lunaire chinois. La diplomatie chinoise œuvrera en solidarité et en coopération avec la communauté internationale, avec une vision mondiale, un moral solide et des actions concrètes, à insuffler une « vitalité du tigre » à la paix et au développement dans le monde, et à faire progresser vaillamment le développement de l’humanité à l’allure d’un tigre sur sa lancée.

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