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Visite de Macron au Burkina: »Il faut sévir contre les organisateurs qui ont travaillé avec tant d’amateurisme pour nous servir ce fiasco retentissant qui ternit l’image du pays… » TRAORE Karim de Labola


...Et après la visite de Macron ?

Le jeune président français Emmanuel MACRON a effectué une visite d’amitié et de travail à Ouagadougou du 27 au 29 novembre 2017. Il a eu droit à un accueil digne de son rang, mais en marge il y a eu des remous.

Que retenir de cette visite officielle au-delà du communiqué conjoint de satisfecit ? E.MACRON est venu, a parlé et est reparti, nous laissant dans nos dissensions et contradictions manichéennes. Jamais visite d’un chef d’état étranger n’a soulevé autant de passion et de polémique.

De son discours fleuve prononcé à l’université Ouaga1 Joeph KI-ZERBO, il ressort un nouvel évangile selon saint Emmanuel : la fin d’une politique africaine de la France, la coopération plus efficace, l’émigration, la démographie, la lutte contre le terrorisme etc… Attendons de voir si ces déclarations de bonnes intentions vont résister à la realpolitik.

Devoir de mémoire pour les crimes de la colonisation, du néo-colonialisme oui, mais il ne faut pas se complaire dans le complexe du passéisme’’ et dans une contestation stériles à coup de ‘’ anti-isme’’ forcenés. La clé c’est le travail pour occuper sa place dans le concert des nations. Les USA ont été colonisés par l’Angleterre ; qui s’en souvient encore ?

Les États-Unis se sont vite défaits de la tutelle britannique pour devenir la première puissance mondiale crainte et respectée. Il y a à peine quelques décennies, la Chine était le terrain de jeu des puissances dites impérialistes et pataugeait dans le sous-développement ; aujourd’hui c’est la deuxième puissance économique du monde. Ce résultat spectaculaire, c’est par le travail ! Travaillons donc sans complexes à rendre nos ÉTATS africains plus forts ! Les relations entre États n’ont jamais été un jeu d’angélisme, tout est une question de rapport de force, et ce, depuis la nuit des temps. De GAULLE a été sans ambages dès le début sur la politique étrangère de la France :  » La France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts ’’ Ce n’est pas cynique mais cela a plutôt l’avantage d’être on ne peut plus clair, franc.

Aujourd’hui E.MACRON, comme tous les présidents français qui ont succédé à De Gaulle quel que soit leur bord idéologique, défend les intérêts de son pays. Il tient un discours décomplexé, de vérité. C’est de bonne guerre. En face, c’est à nous de travailler à défendre nos intérêts supérieurs ; c’est ce qui fait défaut depuis nos indépendances jugées factices. N’accusons pas facilement, éternellement la France des maux passés, actuels et à venir qui entravent notre développement. Il faut s’assumer, tout de suite et maintenant. Les incantations et slogans démagogiques et populistes n’ont jamais développé un pays. Il est temps de passer à des actions plus concertées et productives à long terme.

Le diable est souvent dans les détails et l’histoire est souvent cruelle. Si de la visite de F.MITTERAND le 17 novembre 1986 au Burkina Faso, l’histoire retient surtout la joute oratoire de l’éloquent camarade président Thomas SANKARA à l’encontre du vieux chef gaulois, cette fois ci, la piteuse prestation des étudiants burkinabè ce 28 novembre 2017 à ‘’l’amphi libyen’’ dans la phase de questions au Président MACRON ne pourra être passée sous silence. L’intervention des étudiants a été lamentable et indigne de l’amphithéâtre jugé à priori marxiste et panafricain par l’hôte du jour. Ce n’est pas seulement la pertinence des questions posées qui laisse à désirer (au regard des vrais enjeux stratégiques de la communauté estudiantine), mais c’est surtout le langage approximatif, douteux, médiocre de ces étudiants qui a été un naufrage intellectuel. La responsabilité de ceux qui ont sélectionné ces étudiants (peu importe le procédé) est entière pour la légèreté avec laquelle ils ont géré cette affaire virtuellement.

C’est quand même ahurissant de demander avec désinvolture à des étudiants sortis d’’un choix aléatoire d’aller se préparer tout bonnement sans encadrement, sans vérifier leur niveau dans la prise de parole en public. Au lieu de la crème de l’élite intellectuelle de ce temple du savoir, il semble qu’on a eu affaire à la lie des étudiants à une exception près. C’est là le nœud du problème. Il n’était pas superflu de faire une ’’répétition’’ avec ces étudiants avant ce grand ‘’oral’’ face à un rhéteur aussi redoutable que Macron. Beaucoup a déjà été dit sur cette déconvenue, mais il faut continuer à stigmatiser cette médiocrité qui frise l’insouciance afin que toutes les conséquences en soient tirées pour le futur.

Les autorités auraient tort de faire passer par pertes et profit cette bévue. Il faut faire un bilan sans complaisance de cet épisode et sévir contre les responsables, organisateurs, qui ont travaillé avec tant d’amateurisme et de dilettantisme pour nous servir ce fiasco retentissant qui ternit l’image du pays du très charismatique et cultivé Thomas SANKARA.

Ceci étant dit, les contestataires à outrance, doivent savoir souvent mettre un peu d’eau dans leur vin pour aller à l’essentiel même si nous sommes en démocratie. On ne combat pas l’impérialisme, le néo-colonialisme et tous les ‘’isme’’ tant décriés à coups de jérémiades puériles. Cet activisme débordant ne peut produire que le boucan médiatique, symbolique et sensationnel. Le milieu jeune et estudiantin est réputé par essence bouillonnant, mais la contestation radicale à outrance est parfois contre-productive in fine. On peut adapter sa stratégie en fonction de l’interlocuteur en faisant preuve de discernement pour aboutir à un résultat satisfaisant sans verser dans l’extrémisme dogmatique.

Il faut surtout donner sa contribution de façon responsable par le travail de tous les jours, chacun à son niveau, pour rendre notre pays plus fort économiquement et tout le meilleur suivra pour tous. Chaque Burkinabè, quelle que soit sa position, doit apporter sa modeste contribution dans la gestion de la cité au lieu de demeurer en spectateur suiviste et indifférent dans la marche de la nation ; comme le disait THUCYDIDE : « Un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile ».

TRAORE Karim de Labola
karimdelabola@yahoo.fr

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