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Visite de Macron au Burkina: un hôte, deux accueils


Au fur et à mesure que la visite du président français, Emmanuel Macron s’approche, la polémique enfle au pays des hommes intègres. Entre ceux qui veulent lui réserver un accueil chaleureux digne de son rang et ceux qui, s’ils le pouvaient, allaient interdire le président français de fouler le sol burkinabè. C’est une tradition pour la plupart des chefs d’Etat des pays occidentaux de choisir un pays africain à partir duquel ils s’adressent à tout le continent. Emmanuel Macron a choisi le Burkina. Il pouvait choisir un autre pays, mais sans doute a-t-il compris que le pays le mieux indiqué dans le contexte actuel de l’Afrique est le Burkina.

En effet, le passé politique et démocratique récent du Burkina Faso à travers sa jeunesse a, sans aucun doute, inspiré le président français qui, à 39 ans, s’y reconnaît. Car, lui-même a pris ses responsabilités pour renouveler une classe française vieille de plusieurs générations. En venant au Burkina, Emmanuel Macron veut certainement prendre cette jeunesse burkinabè comme exemple à suivre par les autres jeunesses africaines. S’il se trouve des Burkinabè qui ne veulent pas de cela, c’est bien leur droit.

Seulement, il faut le dire tout de suite, il ne revient pas à la France de dire au Burkina Faso ou à toute l’Afrique, notamment francophone, de faire ses choix politiques ou économiques. Si les pays africains et leurs peuples estiment qu’ils sont suffisamment forts sur les plans économique, politique et social, c’est à eux qu’il revient de prendre leurs responsabilités en décrochant avec leur ancienne colonie. Du reste, arrivé au pouvoir il y a à peine sept mois (il a été élu le 7 mai 2017), Emmanuel Macron a bien indiqué que les relations entre la France et l’Afrique vont connaître des changements. Autrement dit, la France n’interviendra plus en Afrique comme par le passé dans le cadre de la Françafrique où Paris décidait parfois des choix pour l’Afrique. On se rappelle du discours de la Baule qui avait intimidé presque l’ordre aux chefs d’Etats d’aller au multipartisme, à la démocratie. Faute de quoi, la France n’assurerait plus l’aide au développement.

C’est donc une occasion à saisir par la jeunesse africaine pour mettre fin, définitivement, à un système colonial dans lequel elle ne se reconnaît pas du tout. Aussi, faut-il se réjouir que des organisations de la société dénoncent la mainmise de la France sur certaines questions dans nos pays. Il faut aussi se réjouir que des organisations syndicales aient emboité le même pas. L’Afrique d’aujourd’hui ne doit plus être celle d’hier. Autrement dit, nos Etats doivent être suffisamment indépendants et souverains pour discuter d’égal à égal avec toutes les nations. Qu’elles soient puissantes, moins puissantes ou pas du tout. Si François Mitterrand s’est vu obligé de venir au Burkina Faso en 1986 sous la Révolution alors que le premier ennemi de cette révolution c’était l’impérialisme incarné par la France, c’est parce que le pays était caractérisé par son indépendance et sa grande décision de porter lui-même sa croix sans l’aide de qui que ce soit. Alors!

Dabaoué Audrianne KANI/Express du Faso

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