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Visite annoncée de Macron à Ouaga: ce que des Burkinabè lui diraient…


Le Président français, Emmanuel Macron lors du traditionnel discours du chef de l’État français aux 170 ambassadeurs de France dans le monde, le  29 août 2017, a dévoilé les grandes lignes de sa politique étrangère. A propos de l’Afrique qui est selon lui un « continent d’avenir », Emmanuel Macron a désigné les luttes contre le terrorisme et contre l’immigration clandestine au nombre de ses priorités. Il a, par ailleurs, annoncé une visite à Ouagadougou, prochainement. Dans l’attente de l’hôte parisien, voici ce que des Burkinabè lui diraient s’ils l’avaient en face d’eux.

Rabi Yaméogo, porte-parole de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC)

«Si j’ai l’occasion de rencontrer le président français, Emmanuel Macron, je vais tout d’abord lui adresser mes félicitations pour son accession au pouvoir. Le parti avait en son temps envoyé un message de félicitations, parce que c’est la première fois qu’en France on élit un président libéral. Nous sommes du même courant politique. S’il y a des gens qui sont contents, c’est à l’UPC, parce que le cercle des présidents libéraux s’est agrandi. Mais il ne faudrait pas que les Burkinabè attendent trop du président français. Il a été élu pour résoudre les problèmes des Français. Et c’est au peuple français qu’il doit rendre compte. C’est vrai que sa venue renforce les relations entre les deux pays et c’est un honneur fait à notre pays. A l’entame de son mandat, il a visité certains pays et s’il vient au Burkina Faso, cela veut dire qu’il a notre pays dans sa ligne de mire. Je lui souhaiterais la bienvenue, n’importe quel président est la bienvenue au Burkina Faso. On ne sous-estime pas la contribution de la France dans la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso et toutes les autres formes de coopération. Mais une fois encore, il ne peut pas aller au-delà de ce qu’il peut faire ».

Maxime Kaboré, journaliste de la Web Radio Burkina24:

«Ce que je voudrais qu’il sache, c’est que le problème de l’Afrique, ce n’est pas le nombre élevé d’enfants par femme. Le problème de l’Afrique francophone c’est la France qui corrompt nos dirigeants et en fait ses bras financiers. Le problème c’est la Françafrique. Le problème c’est de déstabiliser la Libye de Kadhafi et par ricochet toute la bande Sahelo-saharienne. Le problème c’est d’entretenir des réseaux terroristes dans le Sahel pour justifier sa présence militaire et laisser la menace planer sur nos têtes. Le problème, c’est avoir du mal à réaliser que la jeunesse africaine est en train de prendre ses responsabilités et que dans un futur proche, l’Afrique ne sera plus cette vache laitière pour l’Europe».

Michael Tougri journaliste à Canal 3

«Nous avons appris comme tout le monde que le président Macron doit effectuer une visite au Burkina Faso. Il y a très longtemps qu’un président français a mis les pieds au Burkina. Nous analysons sa venue dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Il parlera sans doute avec le président Kaboré pour voir comment faire pour venir à bout de ce phénomène. On attend le président Macron également sur la question du FCFA qui fait beaucoup de bruit aujourd’hui. Presque tout le monde est sorti de son silence. Les pays qui utilisent le FCFA, les chefs d’Etat, etc., sont divisés sur la question. Aujourd’hui il est inacceptable que la dizaine de pays continue d’utiliser le FCFA. On ne dit pas de sortir ici et maintenant du FCFA, mais il faut trouver un mécanisme pour que dans les années à venir ces pays puissent avoir une souveraineté monétaire. Quant à la visite du président Macron, comme on ne connait pas vraiment le contenu, je pense que quand il va venir, les Burkinabè sont là. Ce qu’on veut dire au président Macron, nous le lui dirons sans faux- fuyant. Nous lui poserons les bonnes questions et on espère qu’il va nous donner les bonnes réponses aussi».

Francois Sama, enseignant de philosophie de lycée et collège

« A-t-on besoin d’une visite du président français? Non, je ne le pense pas. Plutôt que de rêver à une résolution des maux qui minent le Burkina voire l’Afrique par l’occident, nous devons sortir de ce sommeil dogmatique afin d’appréhender le folklore politique que cette visite couvre. Les solutions  des problèmes africains doivent être endogènes et non extérieurs à l’Afrique. La culture du don doit prendre fin au profit du donner et du recevoir. La question essentielle n’est pas ce que la France doit donner à l’Afrique mais qu’est-ce que les africains ont à mettre à jour devant les Français voire même devant le monde afin d’être compétitifs et sortir de cette mascarade culturelle.

Comme la visite est imminente, je propose qu’elle ne soit pas une occasion de soumission comme celle du Mali mais d’élévation voire l’expression d’une équité et de propositions réciproques concrètes.

La visite de Macron au Mali était une visite en vue de prendre connaissance des troupes françaises sur le territoire malien mais cela n’est rien d’autre qu’une manière de rabaisser le peuple malien. Normalement selon mon entendement, le président français devrait par respect au peuple malien se rendre à Bamako avant d’aller à Gao. Mais malheureusement, c’est le président malien qui l’a rejoint à Gao. Quelle honte! Ce scénario rabaisse et dit tout sur les rapports inégalitaires entre l’Afrique et le reste du monde, c’est cela que je ne veux pas voir au Burkina à travers la visite de Macron ».

Par Wakat Séra

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