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Putsch manqué du 15 septembre 2015 :« Diendéré en est l’auteur intellectuel »


Le procès du putsch de septembre 2015 a repris ce mardi 11 juin 2019, après une pause de plus d’un mois. La parole est revenue aux avocats des Parties civiles pour leurs différentes plaidoiries. Au total, cinq d’entre eux ont pu s’exprimer.

Audience marathon au Tribunal militaire ce mardi 11 juin 2019, dans le cadre du coup d’Etat de septembre 2015. Cinq avocats des Parties civiles ont, en effet, pu parler devant un public sorti peu nombreux.

Les avocats des Parties civiles, après concertation, ont établi un ordre de passage. La file a débuté avec Maître Souleymane Ouédraogo. Il a amorcé sa plaidoirie par une question essentielle : « Qui l’aurait cru, d’autant plus que les présumés auteurs de ce putsch étaient redoutés ? ».

Dans son intervention, l’avocat « fils de soldat » a traduit sa satisfaction envers les membres du Ministère public pour leur « laborieux et loyal travail ». Aux accusés, Me Souleymane Ouédraogo a demandé de retenir quelque chose d’essentiel, au-delà des « gorges serrées ».

« Que la justice soit votre guide »…

« Les Parties civiles réclament, certes, la justice, mais pas dans la vengeance. Il ne s’agit nullement d’appliquer la loi du talion », a-t-il plaidé. Me Ouédraogo a par ailleurs fait savoir que les avocats des Parties civiles ont catégorisé l’ensemble des accusés en trois sous-groupes.

Il s’agit de ceux qui ont moins de charges, ceux qui ont choisi de se repentir et ceux qui ont choisi de tout nier malgré les évidences. « Nous ne vous demandons pas la pitié, ni la faveur, encore moins l’aumône, mais seulement la justice. A vous, revient la lourde tâche de dire le droit. Les Burkinabè ont le regard tourné vers vous », a dit Me Souleymane Ouédraogo à l’endroit des membres du Tribunal.

La sentence qui sera prononcée par ces derniers, selon l’avocat, est attendue du monde entier. « Que la justice soit votre guide », leur a-t-il souhaité, avant de laisser la parole à son confrère Maître Prosper Farama. Pour cet avocat reconnu pour être défenseur des droits des opprimés, des orphelins et des faibles, les soldats burkinabè, où qu’ils soient, doivent désormais être vus comme des héros et jamais comme des bourreaux.

« Plus jamais ça » !

« Au sortir de ce procès, que nous puissions dire « plus jamais ça ». Je n’ai aucune haine contre un accusé. Mais, l’issue de ce procès doit définitivement fermer la porte de l’impunité », a-t-il déclaré. Il a qualifié le putsch de 2015 de coup d’Etat le plus violent de l’histoire du Burkina.

Me Farama s’est ensuite évertué à envoyer l’auditoire dans un voyage historique. Il a évoqué l’ensemble des coups d’Etat qu’a connus le pays, cité et déploré plusieurs assassinats pendant « le règne sanglant du clan Compaoré ». Il a estimé que seul ce triste contexte historique et social du Burkina peut justifier le putsch du Conseil national pour la démocratie (CND).

A l’entendre, les textes de lois dressés aujourd’hui contre les présumés auteurs du putsch ont été adoptés par ces derniers pendant que le régime Compaoré et le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) faisaient la pluie et le beau temps. « Mais, pourquoi refusent-ils que ces lois soient appliquées sur eux ? », s’est demandé Me Farama, avant de répondre : « C’est cela l’iniquité ».

« Le Général Gilbert Diendéré en est l’auteur intellectuel »

Dans sa plaidoirie d’environ une heure, il s’est rappelé que presque tous les communiqués du CND se terminaient par « Que Dieu protège le Burkina Faso ». « Mais, de quel type de croyant peut-on être pour souhaiter cela ? », a-t-il répliqué pendant que le public verse dans le rire. Il a aussi parlé de l’interception des écoutes téléphoniques jugée illégale par certains accusés.

Me Farama a sollicité que, désormais, une fois que l’idée d’un putsch effleurerait l’esprit d’un militaire, que ce dernier prévienne le Juge afin qu’il prenne les dispositions légales qui s’imposent. Avant de passer le micro à une de ses consœurs, il a tenu à rassurer les accusés notamment l’Adjudant-Chef Moussa Nébié dit Rambo en ces termes : « Je n’ai rien contre quelqu’un. Je veux juste que le droit soit dit ».

C’est au tour de Me Zarata Ouédraogo, après l’appel nominatif de tous les accusés, de procéder au rappel des faits allant du 16 septembre 2015 à 10h jusqu’au désarmement effectif du RSP, avec focus sur les échanges téléphoniques effectués de part et d’autre par les Généraux Diendéré et Bassolé. Me Ali Néya et Me Louis Dayama ont respectivement intervenu sur la constitution des charges de trahison et d’attentat à la sureté de l’Etat et sur les dégradations volontaires aggravées de biens.

« Le Général Gilbert Diendéré en est l’auteur intellectuel », a conclu Me Néya après une analyse de près d’une heure. L’audience suspendue peu avant 17h se poursuit demain 12 juin 2019 à partir de 9h avec la plaidoirie du sixième avocat des Parties civiles.

Texte de Burkina 24

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