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«Ma part de vérité», Jean-Baptiste devrait-il se taire ?


Un homme politique bien averti m’avait prévenu que pour savoir que Thomas Sankara est «vénéré», et même «sacralisé», il fallait se rendre en dehors du Burkina Faso. En outre, me disait-il «partout où vous allez, quand on dit que vous êtes du Burkina Faso, la référence c’est Thomas Sankara». «Ça fait que lorsque vous tentez de faire croire que Sankara avait aussi des défauts et non pas seulement des qualités, vous êtes tout de suite contredit. Car, les jeunes, surtout eux, ne voient que les côtés positifs de Thomas Sankara».

Partant de ce postulat, et au regard des volets de bois verts à l’encontre du président Jean-Baptiste Ouédraogo alors qu’il a bien dit «Ma part de vérité», je comprends davantage qu’à Thomas Sankara, il ne faut pas toucher. Car, selon une certaine opinion jeune au Burkina et en Afrique, Sankara est une référence. Même s’il a eu des défauts, on veut retenir de lui ses valeurs de patriotisme, d’intégrité, d’engagement, de panafricaniste, ses combats contre la corruption, l’impérialisme, pour l’émancipation de la femme, etc. Dans le principe, cela n’est pas une mauvaise option. Car, même si on s’améliore à partir des erreurs des autres, on s’améliore davantage à partir de ses propres forces, des forces des autres.

Malheureusement, ceux qui défendent ces valeurs qu’incarnait Thomas Sankara ne le font pas comme Thomas Sankara l’aurait fait. Thomas Sankara lui-même ne reconnaissait pas en lui des faiblesses, comme tout homme? Le ton utilisé contre l’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo est très loin d’être celui que Thomas Sankara utiliserait pour défendre ses positions. Il savait bien que la liberté d’opinion ne veut pas dire manquer de respect à autrui. Sur ce point notamment, Sankara a été bien respectueux de ses semblables, savait leur transmettre ses idées et ses ressaisissements sans verser dans l’indiscipline, la mal-éducation et surtout l’arrogance et le mépris.

Quand on lit la plupart des posts, des réactions et autres écrits sur les réseaux sociaux, on se convainc que la liberté d’expression est mal comprise au Burkina Faso.

Jean-Baptiste Ouédraogo, ancien président de la République de Haute-Volta a, au moins, droit à des égards. Même si son opinion ne plaît pas, c’est la sienne. Comment peut-on dans un pays, en même temps prôner la démocratie, la liberté d’expression et s’attaquer à un homme pour avoir donné son opinion? A la limite, c’est du terrorisme intellectuel, de l’intolérance, de l’anti-démocratie ou encore de la pensée unique.

Evidemment, le chemin de la vraie démocratie semble être encore très loin. Surtout quand on se rend compte que tous ceux qui se sont exprimés de manière violente contre le président Jean-Baptiste Ouédraogo sont pour la plupart des jeunes. Qui veulent le changement mais qui, contre toute attente, semblent refuser de changer eux-mêmes ou du moins ne veulent pas s’inscrire dans la logique d’un changement progressif.

Sankara était certes un modèle, puis une icône. Mais c’est avec beaucoup de discernement que ces œuvres pourront servir.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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