.
.

L'actualité, en toute intégrité

.

L’approche ciblée de la pauvreté, une méthode chinoise qui a réussi


Les 25 représentants des médias chinois d’outre-mer de 17 pays et régions sont invités à visiter dans le département autonome yi de Liangshan (Sichuan) pour en savoir plus sur l’éradication de la pauvreté, le 17 juin 2021. La photo montre une journaliste avec une habitante du village de Sanhe dans sa nouvelle résidence

L’amélioration du bien-être de la population est au cœur des préoccupations du Parti communiste chinois. À partir du 1er octobre 1949, date de la fondation de la République populaire de Chine, de profondes réformes économiques et sociales ont été entreprises afin de sortir le pays du sous-développement. Elles ont permis de moderniser l’appareil productif et d’élever le niveau de vie du peuple chinois. L’espérance de vie moyenne s’est envolée à 78,2 ans, dépassant largement celle des États-Unis (76,4 ans). Certaines régions périphériques ou déshéritées, toutefois, n’ont pas rattrapé leur retard de développement au même rythme que les autres.

Il a donc fallu accompagner les régions les plus pauvres et les familles les plus démunies afin d’accélérer le rattrapage du niveau de vie moyen. Depuis 2012, une politique volontariste a alors été engagée afin d’extraire de la pauvreté les individus les plus vulnérables. Conduite de manière vigoureuse, cette lutte contre la pauvreté a mis l’accent sur les régions les moins bien dotées et les populations les plus fragiles, notamment à travers les programmes de revitalisation rurale. Fin 2020, grâce à huit années de travail acharné, la Chine a annoncé qu’elle avait « atteint l’objectif d’éliminer l’extrême pauvreté, un objectif clé pour la nouvelle ère de construction du socialisme aux caractéristiques chinoises ».

Selon les données fournies par le gouvernement,  » les 98,99 millions de personnes habitant dans les zones rurales qui vivaient en dessous du seuil de pauvreté sont toutes sorties de la pauvreté. La totalité des 128 000 villages pauvres et des 832 districts pauvres se sont débarrassés de la pauvreté. La Chine a éliminé la pauvreté dans des régions entières dans 14 zones pauvres contiguës à travers le pays ».

Cette éradication de l’extrême pauvreté, naturellement, est d’abord due à un accroissement significatif des revenus des populations concernées. Mais l’amélioration des conditions d’existence des plus démunis est également due au rattrapage accéléré, par les régions pauvres, de leur retard de développement. Dans ces régions, l’accès aux transports, à l’électricité, à l’eau potable et aux communications a été généralisé, mettant fin à une arriération pluriséculaire. Le succès de cette politique est attesté par la Banque mondiale, principal organisme international, avec l’ONU, à s’intéresser aux politiques de lutte contre la pauvreté. Selon cette institution, 66,3 % des Chinois vivaient en dessous du seuil international de pauvreté en 1990, mais ce nombre a chuté à 0,5 % seulement en 2016.

Au-delà des résultats, la méthode employée pour y parvenir est également très intéressante. Pour la première fois dans l’histoire de la Chine, les services compétents ont identifié chaque pauvre dans chaque village concerné. Puis elles ont organisé des programmes ciblés, pris des mesures adaptées aux besoins des ménages, et envoyé des secrétaires du Parti pour veiller à la réalisation des objectifs fixés. C’est cette « philosophie centrée sur les personnes » qui est à l’origine des succès rencontrés dans la lutte contre la pauvreté. L’approche « ciblée de lutte contre la pauvreté », en effet, a permis de se focaliser sur les ménages défavorisés, plutôt que sur des villages entiers, afin de conduire des projets sur mesure et d’allouer les fonds avec plus de précision.

C’est d’ailleurs ce que j’ai pu constater lors d’un voyage d’étude dans une zone rurale dépendant du district de Wuning, dans le Jiangxi, en 2019. J’ai notamment pu voir de mes propres yeux que cette politique impliquait le suivi de chaque personne concernée par un fonctionnaire mandaté par le Parti. Avec l’un de ces fonctionnaires, nous avons ainsi rendu visite à un homme d’une soixantaine d’années, M. Zhang, qui était chargé d’entretenir et de surveiller une vieille maison traditionnelle en cours de rénovation. La première chose qui m’a frappé, c’est la joie éprouvée par cet homme dans l’accomplissement de sa tâche. Il avait un travail, évidemment peu fatigant compte tenu de son âge, un statut, une reconnaissance sociale. La deuxième chose qui m’a frappé, c’est le sérieux avec lequel le fonctionnaire que j’accompagnais exécutait sa mission. Il savait que l’insertion sociale de cette personne dépendait de lui, et il avait à cœur de tout faire pour l’aider à surmonter toutes ses difficultés.

Arraché à la pauvreté, cet habitant d’une zone rurale du Jiangxi était l’un des 99 millions de bénéficiaires du programme d’éradication de la pauvreté. Je terminerai par une dernière remarque. L’originalité de la politique chinoise, à mon avis, réside aussi dans le fait que le revenu net par habitant n’est pas le seul critère retenu. Pour conduire cette politique, en effet, les autorités ont déterminé les « deux assurances et les trois garanties » : pour être radiés de la liste des ruraux pauvres, les intéressés doivent être totalement libérés des soucis alimentaires et vestimentaires, avoir accès à l’enseignement obligatoire, aux services médicaux et à un logement sûr. Or c’était bien le cas avec M. Zhang: non seulement il exerçait une activité utile lui procurant un petit revenu, mais la satisfaction de ses besoins essentiels en matière d’alimentation, de vêtement, de logement, de soins et de transport, était évidemment assurée.

Source:La Chine au présent                                Auteur:BRUNO GUIGUE

*BRUNO GUIGUE est chercheur en philosophie politique et analyste politique.

Share Button

Avis

  • Total Score 0%
User rating: 0.00% ( 0
votes )



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.