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Gratuité des soins de santé au Burkina Faso: les populations vulnérables du Nord et Sahel soulagées


L’image contient peut-être : une personne ou plus et personnes assisesSur toute l’étendue du territoire national en avril 2016, le gouvernement a mis en œuvre la politique de gratuité de soins de santé des couches vulnérables de la société que sont les femmes enceintes et les enfants de 0 à 5 ans. Cette mesure sociale a-t-elle un impact positif dans les régions du Nord et Sahel, ou le taux de mortalité maternelle est élevé ?

Selon une enquête de l’institut national de la statistique et de la démographie (INSD), le taux de mortalité infanto-juvénile en 2015 était de 82 décès sur 1 000  naissances vivantes au Burkina Faso, pays des hommes intègres. Une situation liée à la vulnérabilité des populations. A cela s’ajoute la faiblesse de la couverture maladie et de la  fréquentation des centres de santé et aussi à l’analphabétisme des populations. Les indicateurs de santé ne sont pas performants. C’est dans cette optique que face à une telle urgence, en avril 2016 sur toute l’étendue du territoire national, le gouvernement a mis en œuvre la politique de gratuité de soins de santé des couches vulnérables de la société que sont les femmes enceintes et les enfants de 0 à 5 ans. Et selon le Dr Pierre Yaméogo, secrétaire technique chargé de la couverture sanitaire universelle, la politique de gratuité des soins a été conçue dans les règles de l’art et concerne l’acte de consultation et d’hospitalisation, les examens complémentaires, le carburant pour les évacuations et la mise en observation. Deux ans après sa mise en œuvre, quel est son impact à l’endroit des bénéficiaires dans certaines régions du Burkina Faso comme le Nord et le Sahel ? Il faut noter que le taux de mortalité maternelle est élevé dans cette partie du pays. Les populations sont informées de cette politique gouvernementale à travers les activités de sensibilisations et d’informations selon les acteurs. Pour Karim kindo, du comité villageois de développement (CVD) de Bogoya dans la commune de Ouahigouya, depuis la mise en œuvre de la gratuité des soins nous sommes informés. Cette mesure sociale consiste à prendre en charge gratuitement les femmes enceintes et les enfants de 0 à 5 ans. Et « Si tu arrives dans les centres de santé, on te demande seulement le carné de santé de l’enfant et s’il est dans cette tranche d’âge on le soigne gratuitement peu importe le temps. C’est pareil chez la femme enceinte. Notre inquiétude se trouve au niveau de la disponibilité des médicaments. Nous demandons au gouvernement de tenir ses engagements afin que les médicaments soient toujours disponibles aux bénéficiaires ». Au président CVD de Falagountou dans la province du Séno, Abdouramane Abdoulaye Maïga de soutenir que « La gratuité des soins est effective dans cette partie du Burkina mais sa mise en œuvre pose des problèmes ». Le chargé des thèmes, du suivi des politiques du conseil régional des organisations de la société civile du Nord, Rasmané Barry a précisé que « Nous remercions le Président du Faso pour avoir accompli une de ses décisions pendant la campagne. La gratuité des soins est effective dans notre région, partout les gens sont informés. Un travail de sensibilisation et d’information a été fait par les médias  et surtout par les organisations de la société civile ». Quant à Ali Ouédraogo, chef de service famille, genre et solidarité nationale à la direction régionale de la Femme du Nord « Nous pensons que c’est une bonne initiative de la part du gouvernement parce que cette gratuité des soins arrive à soulager vraiment la population vulnérable. Ce processus permet un temps soit peu de soulager des souffrants de cette frange de la population. Salimata Ouattara, habitant à Ouahigouya et bénéficiaire apprécie « C’est un geste louable de la part du gouvernement et les OGN car l’initiative a été débutée par les ONG et ensuite le gouvernement. La disponibilité des médicaments constitue la difficulté majeure mais c’est déjà un bon départ ». Au centre hospitalier régional (CHR) de Dori, Oumou Cissé, femme enceinte indique que cette mesure sociale lui permet de suivre normalement sa grossesse et surtout d’être en bonne santé.

Mesure salutaire du gouvernement   

Pour Amadé Traoré, directeur régional de la Santé du Nord, la gratuité des soins est véritablement la bienvenue

Pour Amadé Traoré, directeur régional de la Santé du Nord, la gratuité des soins est véritablement la bienvenue et la réalité de la barrière financière aux soins est effective. Il précise que « Avant la gratuité des soins, il y avait des retards au niveau des évaluations. Actuellement, si nous avons besoin d’une évacuation sanitaire, le carburant est disponible gratuitement. Si nous devons assurer la prise en charge dans un service surtout pour les complications la gratuité des soins nous permet de le faire. Et le cas spécifique de la région du Nord c’est une région ou la mortalité maternelle est élevée. Nous avons pratiquement doublé nos fréquentations dans les formations sanitaires. Des difficultés existent et nous sommes conscients. Quelques fois certains médicaments ont manqué mais nous avons plus de 70% de taux de satisfaction par rapport aux commandes en médicaments. Mais ces derniers temps, nous avons constaté une amélioration, l’effort qui est fait par le ministère de la santé et la CAMEG pour que les médicaments puissent être disponibles ». Et ajouta que « Tout ce qu’il y a comme engagement en matière de ressource financière, le ministère de la santé a toujours transféré les ressources et jusqu’à présent il n’y a pas un retard. Seulement, il faut travailler régulièrement à ce que tout le monde puissent connaitre la stratégie et comment il faut procéder dans les formations sanitaires avec les nouveaux agents qui arrivent. Nous sollicitons l’accompagnement de tous les acteurs pour cette gratuité puisse être une réussite. Au niveau du gouvernement nous sollicitons que l’accompagnement puisse toujours continuer et se renforcer pour le bonheur de nos populations. Le Naaba Tigré de Bogoya, dans le Yatenga, a noté que « Nous sommes informés mais seulement nous souhaitons qu’on donne des médicaments de qualité aux bénéficiaires afin d’éviter qu’ils reviennent encore dans les centres de santé pour la même maladie. Souleymane Ouédraogo, Association des jeunes pour le bien-être familial soutient que c’est une bonne initiative car elle soulage les bénéficiaires. Et « A Ouahigouya les gens sont informés de la gratuité des soins.

C’est un geste louable de la part du gouvernement selon Salimata Ouattara, habitant à Ouahigouya et bénéficiaire

La population est sensibilisée et informée. Seulement le manque de médicaments met en cause la gratuité des soins ». Le chef de service Action sociale de santé à la marie de Ouahigouya, Karim Ouédraogo de renchérir que la gratuité des soins est une mesure salutaire du gouvernement qui contribue à améliorer la santé des plus vulnérables. Mais, selon lui, « il y a des difficultés dans la mise en œuvre. Les officines pharmaceutiques ne sont pas ravitaillées à tout moment. Et le remboursement ne se fait pas automatiquement. Il y a aussi certaine personne qui abuse et c’est l’une des causes de l’incivisme. Nous pensons que cette gratuité ne doit pas concernée tout le monde mais seulement les personnes vulnérables ». La communauté musulmane de Ouahigouya, à travers Omar Ouédraogo pense que la gratuité des soins vient à point nommée car elle soulage les populations nécessiteuses et les gens apprécient cette démarche car avant les femmes enceintes souffraient par manque de moyens pour se soigner. Le Pasteur Jean Sondo, Eglise des assemblées de Dieu à Ouahigouya tout comme l’Abbé Charles Gansoré, secrétaire exécutif de l’OCADES Caridas Burkina à Ouahigouya, « C’est une bonne initiative car elle soulage la population surtout sa jeunes frange et la femme enceinte. L’Eglise participe à la campagne de sensibilisation » 

Des difficultés qui entravent sa bonne marche 

Il s’agit notamment des ruptures en médicaments et consommables médicaux, des incompréhensions entre soignants et patients sur l’éligibilité à la mesure, de l’absence d’un système informatisé pour l’enrôlement, l’immatriculation et le suivi des bénéficiaires. Dr Simon Kaboré, directeur exécutif du réseau d’accès aux médicaments essentiels (RAME) de mentionner le non-remboursement des prestations dans les délais souhaités, la prescription de spécialités à la place des médicaments génériques et le non-respect de la gratuité par certains agents. Le Dr Bertrand Méda du syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) a pour sa part dénonce l’absence de documents officiels (manuel de procédure, arrêté sur les prestations concernées, plan de mise en œuvre) expliquant clairement les prestations couvertes par la mesure de gratuité. Ce qui, selon lui, conduit à des interprétations sur le terrain et exposant les agents de santé à des querelles avec les usagers. Par ailleurs, il a souligné le manque de mesures d’accompagnement de la politique en termes de ressources humaines, d’infrastructures et de plateaux techniques. Et, « Dans nos hôpitaux, on a gardé les mêmes sables de consultation et d’hospitalisation qui existaient avant l’instauration de la gratuité. Or, ces infrastructures étaient déjà insuffisantes ».           Dr Bertrand Méda dit être engagé dernière l’Etat dans cette politique de gratuité. « L’appréciation est positives même si la cible est limité ». Avant de dénoncer les ruptures de stocks et l’incapacité de la CAMEG à satisfaire plus de 60% des demandes. Cette  incapacité de la CAMEG à satisfaire les commandes était due à la crise qu’elle a connue. Après avoir regretté l’absence de plateaux techniques, le Dr Méda a fustigé l’Etat d’être allé à la gratuité sans mesure d’accompagnement (manques d’infrastructures et de ressources humaines). Daouda Sagaré, un sage résident à Dori a noté de nombreuses irrégularités dont le racket pratiqué par certains agents indélicats, la non disponibilité de certains produits, la prescription systématique d’un médicament comme le paracétamol, quel que soit le mal dont souffre le patient.

Des recommandations en vue de recadrer  

Comme recommandation pour la réussite de cette opération, des propositions sont faites à l’Etat de créer des pharmacies hospitalières, de bien payer les agents de santé pour qu’ils fassent bien leur travail. Aussi, il est impérieux que des sanctions soient appliquées afin de dissuader tout agent de toute indélicatesse. Des recommandations allant de la sensibilisation des agents et des usagers sur l’usage rationnel des médicaments et des services à la sécurisation de la chaîne d’approvisionnement afin de garantir une disponibilité permanente des intrants. A ce propos, le Dr Pierre Yaméogo du ministère de la santé a annoncé la mise en place d’un nouveau circuit de paiement des factures qui, à ses dires, devrait permettre de résoudre le problème de ruptures en médicaments et consommables médicaux.

De Dori, Jules TIENDREBEOGO

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