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Coopération spatiale sino-africaine : une nouvelle ère de co-développement et de co-prospérité


La coopération spatiale présente un enjeu économique et stratégique de la plus haute importance, du reste  c’est que pense Dr. TALING TENE RODRIGUE, Chercheur Camerounais, Vice-directeur du Centre d’Études Francophones, Institut d’Études Africaines à l’Université Normale du Zhejiang, Chine. Lisez plutôt

L’année 2022 marque les 65 ans du lancement du SPOUTNIK 1 Russe, le premier satellite artificiel en orbite autour de la Terre qui a marqué le début de l’ère spatiale de l’humanité. Il a également marqué le début de l’économie spatiale où les pays du monde ont investi des milliards de dollars dans des projets de recherche et développement pour conquérir l’espace. En raison du développement de la technologie spatiale au fil des ans, le nombre de satellites dans l’espace a considérablement augmentés et ont dénombres de nos jours plus de 4 800 satellites artificiels actifs dans l’espace (Statistica.com).

Bien que le secteur spatial mondial soit en croissance, il reste dominé par l’Occident, en particulier les États-Unis qui contrôlent près de la moitié des satellites actifs en orbite autour de la Terre.Aucune description disponible.

Nombre de satellites en orbite par grand pays au 1er janvier 2022

En comparaison, la Chine est derrière les États-Unis avec 499 satellites actifs. Les technologies et applications spatiales ont le potentiel d’apporter d’importantes contributions au développement socioéconomique et à l’élimination de la pauvreté et des inégalités. Selon des statistiques récentes, l’économie spatiale mondiale est maintenant estimé à 447 milliards de dollars américains. En fait, « The Space Report 2021 Q2 » a révélé qu’en 2020, l’économie spatiale mondiale est passée à 447 milliards de dollars, soit une augmentation de 4,4% par rapport à un total révisé de 428 milliards de dollars en 2019. Cette économie spatiale de 447 milliards de dollars est 55% plus élevée qu’il y a dix ans et fait partie d’une tendance quinquennale de croissance ininterrompue.

Le secteur spatial africain en est encore à ses balbutiements. Les États africains contrôlent un total de seulement 41 satellites actifs, soit 0,85% du nombre total de satellites en orbite autour de la Terre exploités par 11 des 54 pays africains. Des pays comme l’Égypte, l’Afrique du Sud, l’Algérie et le Nigéria dominent le secteur contrôlant 30 des 41 satellites du continent. Par conséquent, il n’est pas surprenant que l’Afrique produise seulement 2% de l’économie spatiale mondiale. Cela rend l’Afrique dépendante de la plupart des services satellitaires provenant d’équipements et de technologies appartenant à l’Occident, compromettant ainsi son autonomie stratégique et sa souveraineté. En outre, le manque de capacités spatiales en Afrique sape la quête du continent d’atteindre des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies d’ici 2030. Ainsi donc, le développement de la technologie et des aptitudes spatiales est un domaine crucial de coopération entre l’Afrique et la Chine.

La volonté de la Chine de partager sa technologie spatiale avec l’Afrique est indubitable

L’Union africaine (UA) a adopté la Stratégie spatiale africaine pour permettre aux pays africains de tirer parti des opportunités offertes par l’exploration spatiale et les applications spatiales. L’intégration de la technologie spatiale dans la gestion et la gouvernance des ressources en eau, des ressources marines, de l’environnement, du climat et des infrastructures peut produire d’énormes avantages sociétaux et économiques pour l’Afrique. Au-delà de cela, la technologie spatiale est également devenue centrale dans les opérations militaires et de défense, la rendant ainsi essentielle pour la sécurité du continent.

Le mardi 6 septembre 2022, dans ses efforts pour accélérer la coopération avec le continent africain, la Chine à travers la Mission chinoise auprès de l’Union africaine et l’Agence chinoise des vols spatiaux habités, ont co-organisé avec l’Union africaine, le « Dialogue avec les Taikonautes », une sorte de vidéo-conférence qui a réuni des adolescents de plusieurs pays africains, leurs donnant l’opportunité de poser des questions de leur choix aux astronautes chinois de la station spatiale chinoise Tiangong.  Des élèves d’Algérie, d’Égypte, d’Éthiopie, de Namibie, du Nigéria, du Sénégal, de Somalie et d’Afrique du Sud ont ainsi participé virtuellement à ces échanges depuis leurs pays respectifs.

La jeunesse africaine participe virtuellement au « Dialogue avec les Taikonautes »

Rappelons que plusieurs pays africains, dont l’Éthiopie, l’Algérie, la Tunisie, l’Égypte et la Namibie, ont déjà commencé leur voyage spatial avec le soutien de la Chine, y compris les lancements de satellites et la construction d’infrastructures aérospatiales. Ainsi, l’événement, qui s’est tenu au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba, était une continuité de la coopération spatiale sino-africaine dans la nouvelle ère.

Les astronautes chinois Chen Dong, Liu Yang et Cai Xuzhe ont été envoyés en orbite en juin 2022 pour une mission de six mois sur le Shenzhou 14 afin d’aider à assembler la station spatiale Tiangong. Ils ont répondu à des questions allant de leur vie en orbite aux expériences scientifiques menées à bord du vaisseau spatial. « On peut aussi voir quelques grandes villes, notamment la nuit, les villes très éclairées sont faciles à voir », ont-ils déclaré en réponse à une question d’un élève algérien. « Par temps clair, les astronautes peuvent apercevoir le Sahara – le plus grand désert chaud du monde – ou le mont Kilimandjaro – la plus haute montagne d’Afrique, à travers des hublots sur le vaisseau spatial Tiangong », ont fait entendre les astronautes.

Le chef de la mission de la Chine auprès de l’Union africaine, l’ambassadeur Hu Changchun, a fait de brèves remarques sur la coopération spatiale sino-africaine en ces termes : « Ces dernières années, sous l’impulsion de l’initiative ‘la Ceinture et la Route’ et du ‘Forum sur la coopération sino-africaine’, la coopération spatiale est devenue un point fort dans la promotion de notre partenariat de coopération stratégique global. Les échanges diversifiés ont porté leurs fruits, notamment dans la fabrication et le lancement de satellites, la construction d’infrastructures aérospatiales, le partage des ressources satellitaires, la formation d’ingénieurs et la recherche conjointe ».

Le Commissaire de l’Union africaine à l’éducation, à la science, à la technologie et à l’innovation, le professeur Mohamed Belhocine présent à la cérémonie, a rappelé que le « African Outer Space Program » est un fleuron de l’Agenda 2063 axé sur quatre domaines principaux, à savoir l’observation de la Terre, la communication par satellite, la navigation et le positionnement, ainsi que l’astronomie et les sciences spatiales. « À l’ère nouvelle de la coopération spatiale sino-africaine, l’Afrique est ouverte à une coopération mutuellement bénéfique puisqu’elle a été qualifiée de nouvel eldorado pour les affaires spatiales, et elle est facilement propice à des engagements sur un scénario gagnant-gagnant », a déclaré Belhocine.

 

Les jeunes Camerounais ont été des témoins oculaires du spectacle spatiale télévisé

 

La Chine est un grand ami et un partenaire économique important du Cameroun. Bien que jusqu’à présent la République du Cameroun n’ait pas encore officiellement lancé de programme spatial formel, les gerbes ont été lancés en 2019 par le ministère des Postes et Télécommunications de l’État du Cameroun. En fait, il y a 3 ans, une étude de faisabilité pour un programme spatial Camerounais fut initiée. Le projet, prétendument connu sous le nom de CAMSPACE, a été inauguré par la ministre des Postes et Télécommunications du pays, Minette Libom Li Likeng, le 17 juillet 2019, en signant un document détaillant l’organisation et le fonctionnement du groupe qui devait mener l’étude. Les principaux objectifs du projet sont de fournir des données sur la capacité du pays à mener un programme spatial et d’étudier les processus de déploiement des réseaux satellitaires, ainsi que les ressources humaines nécessaires, l’évaluation de l’impact environnemental requise, évaluer le coût du programme spatial national et les avantages potentiels ainsi que la viabilité économique dudit programme. Le groupe de travail est composé d’experts issus de plus de vingt administrations et institutions des secteurs de l’enseignement supérieur, des télécommunications, de la recherche, de l’agriculture, de la santé, de l’environnement, de l’exploitation minière et de la technologie. Selon Minette Minette Libom Likeng, le groupe sera dissous une fois le rapport d’étude soumis au ministère des Communications. En cas de succès, CAMSPACE pourrait propulser le Cameroun dans les rangs des pays africains comme l’Afrique du Sud, le Ghana, l’Angola, le Maroc, l’Algérie, l’Égypte, le Nigeria et le Rwanda qui ont déjà leurs propres satellites.

La coopération avec la Chine est donc une bonne opportunité pour le Cameroun de réaliser son programme CAMSPACE. En tant que témoin oculaire du « Dialogue avec les Taikonautes » depuis l’Institut Confucius de l’Université Yaoundé II, au Cameroun, j’entrevois un avenir brillant d’une coopération spatiale Sino-Camerounaise dans cette nouvelle ère. En effet, j’ai vu une jeunesse très fière et très excitée de communiquer avec des astronautes loin dans l’espace, comme s’il s’agissait de leurs voisins d’à côté. « Si ce rêve est devenu réalité pour nos jeunes enfants, alors ils pourront à leur tour réaliser le rêve des générations futur une fois qu’ils auront grandi », a chuchoté une mère qui regardait en direct le « Dialogue avec les Taikonautes » avec sa jeune fille.

« Dialogue avec les Taikonautes » à l’Institut Confucius de l’Université Yaoundé II, Cameroun.

En un mot, non seulement la coopération spatiale sino-africaine est devenue un enjeu économique et stratégique de la plus haute importance pour l’Afrique au jours d’aujourd’hui, mais aussi la Chine fait progressivement ses preuves à travers des actions concrètes pour être un partenaire fiable pour l’avenir de l’Afrique.

Des événements tels que le « Dialogue avec les Taïkonautes » ne sont que la face visible de l’iceberg de coopérations multiples entre la Chine et les pays africains à travers son organe continental, l’Union africaine.

Dr. TALING TENE RODRIGUE, Chercheur Camerounais, Vice-directeur du Centre d’Études Francophones, Institut d’Études Africaines à l’Université Normale du Zhejiang, Chine

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