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Conclusions de l’enquête du drame d’Inata: Pourquoi le président Kaboré les a-t-il rejetés


De Mahamoudou SOULAMA

C’est la question qui taraude tous les esprits, alimentant depuis le lundi 06 décembre 2021 toutes les conversations dont elle est au centre.

Certains privilégient la thèse du conflit d’intérêts où l’autorité sous laquelle l’enquête a été effectuée n’a pas laissé s’exprimer la vérité des faits, en raison de ce que sa responsabilité dans le drame, qui est objectivement avérée, n’a pas été mentionnée dans le rapport remis au Chef de l’Etat.

Pour les tenants de cette approche des choses : le Président du Faso n’ayant pas vu les noms des personnes qui devraient selon leur hypothèse figurer au titre des responsables du drame, a ainsi rejeté les conclusions du rapport qu’il a reçues, pour réclamer qu’on lui soumette sous dix jours un nouveau rapport conforme à ses attentes.

Ce raisonnement ne peut être retenu comme motif du rejet des conclusions de l’enquête de responsabilité sur les circonstances du drame d’Inata ; parce qu’il y est clairement soutenu que le Chef de l’Etat connaît d’avance les responsables du drame.

Si tel était le cas, pourquoi encore diligenter une enquête dont on a déjà les résultats ?

Surtout, comment le Président du Faso sait-il avant toute enquête qui est responsable du drame ?

Sérieusement : il est impossible qu’il puisse disposer de ce type d’information sur le drame, en dehors d’une enquête. Sinon, il engagerait autrement sa responsabilité personnelle en tant que complice, chose qui est en toute vraisemblance impossible.

La thèse de la défaillance de l’autorité responsable de l’enquête étant ainsi écartée, il reste maintenant la seconde piste de réflexion explorée par les autres, qui soutiennent que le rejet des conclusions de l’enquête sur le drame d’Inata s’explique par la présence au titre des responsables de l’incident mentionnés dans le rapport, de proches collaborateurs du Chef de l’Etat ; d’où l’embarras à lui causé, l’obligeant à renvoyer les enquêteurs pour bien revoir les résultats de leurs travaux.

Cette dernière hypothèse paraît vraissemblable pour une raison essentielle : depuis son accession au pouvoir en décembre 2015, le Président Kaboré a, au titre de ses collaborateurs directs, privilégié la gendarmerie nationale à qui il a accordé plus de pouvoirs que les militaires bérets rouges dont on dit qu’il a une méfiance frisant à la limite l’aversion.

Or, comme nous l’avions souligné clairement dans notre précédente tribune : le détachement de gendarmerie posté sur le site minier non-fonctionnel d’Inata, n’était pas placé sous la responsabilité du Commandant des opérations du Groupement des Forces du Secteur Nord (GFSN), ni sous l’autorité du patron de la 1ère région de gendarmerie.

Les gendarmes en poste à la mine désaffectée d’Inata, étaient sous la responsabilité directe de l’Etat-Major de la Gendarmerie Nationale (EMGN). Ce, en vertu d’un contrat privé de gardiennage passé directement entre le ou les propriétaires de la mine et la gendarmerie, y représentée naturellement par son Etat-Major.

Les conclusions de l’enquête de responsabilité du drame d’Inata, que le Président lui-même a fait diligenter, ayant fait sans doute ressortir la responsabilité d’officiers de l’Etat-Major de la Gendarmerie Nationale dans ce drame, il se comprend le malaise que cette situation cause au CHEF DE L’ETAT qui, ainsi, se voit DANS L’OBLIGATION, comme lui-même l’avait promis au Peuple dans son adresse de crise faite au plus profond de la nuit du 25 novembre 2021 dernier au Peuple du Burkina, DE SANCTIONNER SES…PROTECTEURS A L’EMGN !

La TROUPE à la gendarmerie payant le plus lourd tribut dans la guerre antiterroriste, et ayant du reste payé ce précium doloris dans l’attaque d’Inata, naturellement n’acceptera guère que des innocents en son sein soient sancctionnés dans cette enquête pour des choses qu’ils n’ont pas faites.

Le Président du Faso s’est engagé devant le Peuple du Burkina dans la nuit du 25 novembre 2021, à sanctionner sans complaisance aucune toute responsabilité avérée à l’issue de cette de responsabilité qu’il a personnellement fait diligenter.

Tiendra-t-il parole, au risque certain de se priver lui-même de ses protecteurs qui ne sont autre que ses collaborateurs officiers supérieurs de l’EMGN qui font son pouvoir ?

Se permettra-t-il, au risque élevé aujourd’hui de perdre le Graal, d’être en phase avec le Peuple du Burkina, l’Exclusif Souverain du Pouvoir d’Etat dont il est depuis décembre 2015 l’usufruitier jusqu’à l’échéance de désignation d’un nouveau Président en 2025, en sanctionnant ses proches collaborateurs-protecteurs présents au sein de l’EMGN, dont la responsabilité a été mentionnée dans le rapport de cette enquête de responsabilité faite sur le drame d’Inata ?

Le Président Kaboré est ainsi mis face à ses propres responsabilités auxquelles il ne peut se permettre de se soustraire, comme lui rappelle l’adage juridique en la matière consacré suivant :

Mahamoudou SOULAMA

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