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Burkina Faso: des affaires indécentes à la maternité du secteur 30


MATERNITE DU SECTEUR 30 : Un lieu d'affairisme indécent et suicidaire

A la maternité du Csps du secteur 30 de Ouagadougou, il se passe des choses. l’activité médicale semble y être reléguée au second rang. On y fait un commerce très peu ordinaire : celui des produits médicaux qui semble être la fonction première de bon nombre d’agents de santé travaillant quotidiennement dans cette maternité.

Il arrive que la pharmacie soit vide de certains produits. Et pourtant, on les retrouve stockés et vendus aux patien­tes de façon surfacturée. Certains produits sont même imposés automatiquement aux patientes et cela sans quit­tance ni aucune forme d’explication. Les blouses blanches y sont devenues très sales au point qu’elles dégagent des odeurs dérangeantes. Les patientes grincent des dents mais ruminent leur colère. En attendant que les struc­tures de contrôle sortent de leur torpeur, des fraudeurs de médicaments roulent carrosse.

En choisissant la maternité du CSPS du secteur 30 de Ouagadougou pour leur consultation puis accou­chement, elles étaient loin de s’imaginer qu’elles seraient victimes de pratiques très peu orthodoxes de la part des agents de santé, ceux-là mêmes qui sont censés être les garants d’une consultation saine et désintéressée des patients. En effet, à en croire les témoignages des usagers de ce centre de santé, le rac­ket semble être le jeu favori de bon nombre d’agents de santé. Ainsi, leur enthou­siasme, leur bonne humeur et le professionnalisme est fonc­tion des bonnes affaires que peuvent générer les cas d’as­sistance des patients. Leur mission première qui est de veiller sur la santé de la femme depuis la grossesse jusqu’à l’accouchement, sem­ble être reléguée au second plan. Les pratiques très peu recommandables sont multi­ples mais le principe est sim­ple. Des produits médicaux, disparus de la pharmacie, se retrouvent être disponibles dans la maternité et mieux, ils sont surfacturés aux patients. Toujours selon des témoigna­ges concordants de patients de cette maternité, les agents de santé, lorsqu’ils prescrivent des produits aux patients, «ils font exprès et t’envoient à la pharmacie chercher les pro­duits tout en sachant que tu n’y trouveras aucun produit et que tu reviendras sur tes pas. C’est en ce moment qu’ils sur­facturent les produits pour les vendre». Le manège ici consisterait à faire réaliser aux patients et aux accompa­gnants, le manque de pro­duits en pharmacie par eux-mêmes pour ensuite les ven­dre en majorant les prix.

La gratuité encore plus chère !

C’est le cas de cette accom­pagnante qui avait en main une ordonnance prescrite par l’agent de santé. Selon la pharmacienne, dit-elle, l’or­donnance coûte au total 800 FCFA mais, les produits man­quent à la pharmacie. De retour, elle y paiera les pro­duits à 1600 FCFA au sein de la maternité. Deux couches et une injection ont coûté 6000 FCA au mari de cette autre femme en travail, alors qu’ils avaient prévu des couches, un matériel refusé par les agents de santé au prétexte qu’il fal­lait nécessairement les payer avec eux. Ce couple n’est pas le seul. D’autres patientes confient également avoir acheté des couches dans les pharmacies que les agents de santé ont refusé d’utiliser. Cependant, un accompa­gnant, en payant les couches, a exigé une quittance. Il n’en fallait pas plus pour faire monter la colère des affairis­tes qui lui ont rétorqué d’un ton singulier qu’«à la bou­tique, est-ce qu’il exigera un reçu». L’heure est grave ! Selon certaines parturientes, la gratuité est un leurre dans cette maternité. Les dépenses de santé sont devenues plus élevées en ces temps malgré «leur fameuse gratuité».Les témoignages des patientes de cette maternité sont parlants. Un mari témoigne avoir dépensé 4700 FCFA pour l’ensemble des dépenses d’accouchement de sa femme en 2005, mais en 2017, il en a dépensé environ 18000 FCFA, alors qu’il n’y a eu aucune complication à la naissance de ses enfants.

Fausse colère ou volonté de changer ?

Nous avons approché la Major, premier responsable du CSPS, pour comprendre davantage cette situation. Elle marque une grande surprise en apprenant que des pro­duits sont stockés dans la maternité et vendus par des agents de santé. Confondue, elle convoque l’agent respon­sable de la maternité qui, dans un ton hésitant, tente de nous faire croire qu’il ne s’a­git que d’une trousse d’ur­gence pour parer à d’éven­tuels cas qui se présente­raient. Selon elle, le principe serait d’utiliser dans l’ur­gence, un produit pour sauver une patiente et en retour celle-ci devrait aller chercher le même produit dans les pharmacies pour venir rem­placer. Mais aux dires de la responsable de la maternité, il y a des patients qui bénéfi­cient de cette mesure et qui, par la suite, refusent de remplacer les produits et c’est ce qui explique que l’argent est pris en même temps que la trousse est remise. Elle explique en plus qu’il y a des cas comme le saignement des femmes en travail et qui ne peuvent pas attendre. Mais, dira la Major, ce sont des «brebis galeuses» qui seraient à l’origine de cet affairisme indécent. Tout en signifiant que cette pratique est interdite, donc condamna­ble, elle promet un meilleur encadrement de cette méthode dite de réserve ou kits d’urgence.

Affaire à suivre !

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En plus de ce commerce d’un autre genre, des témoignages concordants font état de ce que les tables d’accouchement ne sont pas aseptisées après chaque passage, la prochaine par­turiente y monte avec tous les risques d’infection. Ce sont même les pagnes des patientes qui y sont utilisés comme des torchons pour nettoyer les salles. Cette pratique qui est devenue un phénomène de mode est observable par toutes celles qui s’y retrouvent. Par ailleurs, selon une source interne, des avortements clandestins sont monnaie courante dans cette maternité. Des agents de santé se prêtent à cet exercice inhumain pour se faire de l’argent. A notre pas­sage, nous confie la source, une femme serait même dans un état critique au sein de la mater­nité après une opération d’avortement. La sonnette d’alarme est tirée, il faut irrémédiablement faire quelque chose pour éradiquer ces pratiques qui mettent en danger la santé de la popula­tion.source: le journal le Reporter

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