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AUKUS : une conspiration nucléaire décortiquée


Lors de la récente réunion du Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), les participants se sont fermement opposés à la coopération États-Unis-Royaume-Uni-Australie en matière de sous-marins à propulsion nucléaire, connue sous le nom d’AUKUS.

Le représentant chinois a appelé toutes les parties à promouvoir le processus de discussions intergouvernementales au sein de l’Agence. Les représentants de plus de 20 pays, dont la Russie, le Pakistan, l’Indonésie et le Brésil, ont fait écho à la position de la Chine et lancé un appel commun en faveur du respect du régime international de non-prolifération et des règles internationales.

C’est la huitième fois consécutive que l’AIEA a examiné le dossier de l’AUKUS dans le cadre de discussions intergouvernementales, sur proposition de la Chine. La tentative des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Australie de contraindre le secrétariat à conclure des accords d’exemption de garanties a été encore une fois déjouée.

Au cours de ladite réunion, le diplomate chinois est allé droit au cœur du dossier.  Les pays de l’AUKUS ont mis en œuvre une coopération militaire stratégique à « des fins géopolitiques bien connues », a-t-il souligné avec sagacité. Une remarque qui touche au vif les intentions profondes de l’AUKUS. Qu’est-ce que ce bloc exclusif veut faire dans la région Asie-Pacifique ? La réponse est parfaitement claire : sous le couvert de la coopération en matière de sous-marins nucléaires, ils veulent faire de l’Australie une position avancée pour promouvoir la stratégie géopolitique des États-Unis et transplanter le scénario de l’OTAN consistant à provoquer des conflits et des affrontements régionaux dans la région Asie-Pacifique en vue des intérêts géopolitiques.

Si la coopération sur la propulsion nucléaire navale dans le cadre de l’AUKUS suscite une forte opposition, c’est parce qu’une telle pratique crée un mauvais précédent en termes de jurisprudences, de procédures et de règles, et les conséquences négatives sont dangereuses et énormes.

D’un point de vue juridique, la coopération entre les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Australie sur les sous-marins nucléaires constitue une violation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, du Statut de l’Agence internationale de l’énergie atomique et du Traité sur la zone dénucléarisée du Pacifique Sud.  Il s’agit en apparence d’une coopération sur les sous-marins nucléaires comme les trois pays l’ont prétendue, mais en réalité d’un acte de prolifération nucléaire.

Selon les estimations des experts en contrôle des armements, les matières nucléaires de qualité militaire qui seront transférées en Australie par les États-Unis et le Royaume-Uni sont de l’ordre de tonnes et pourraient produire 64 à 80 armes nucléaires. Ce plan, une fois mis en œuvre, compromettra gravement le régime international de non-prolifération et aura un impact sur la construction d’une zone dénucléarisée en Asie du Sud-Est.  Une « boîte de Pandore » serait ainsi ouverte.

Le Premier ministre cambodgien Hun Sen a récemment mis en garde contre toute coopération en matière de sous-marins nucléaires entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie.  Selon lui, une telle coopération marquait le début d’une dangereuse course aux armements.  « Si cette situation perdurait, le monde serait confronté à un danger encore plus grand », a-t-il fait remarquer.  Il a également fait part de l’opposition ferme de l’ASEAN à la prolifération des armes nucléaires.

D’un point de vue procédural, les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Australie, parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, doivent obtenir l’approbation de l’Agence internationale de l’énergie atomique pour promouvoir la coopération nucléaire. Face à la condamnation et l’opposition unanimes de la communauté internationale, les trois pays ont tenté par tous les moyens de tricher sur la procédure afin de « blanchir » leur coopération en matière de sous-marins nucléaires.

Ces deux dernières années, les trois pays de l’AUKUS se sont livrés à une série de manipulations au sein de l’AIEA dans le but d’obtenir le « feu vert » pour leur coopération en matière de sous-marins nucléaires.  Ils ont tenté de contraindre le secrétariat à conclure des accords d’exemption de garanties ; ils ont instrumentalisé le directeur général pour publier des rapports trompeurs et partiaux ; et ils ont cherché à inclure un amendement pour « légitimer » leur coopération sur la propulsion nucléaire navale dans la résolution de la Conférence générale de l’agence.  Ironiquement, toutes ces manipulations se sont soldées par un échec.

En termes de règles, la discussion sur le dossier de l’AUKUS au sein de l’AIEA doit se baser sur le respect du principe du consensus.  Les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie prônent d’une part un « ordre international fondé sur des règles », et d’autre part, ils contraignent les États membres de l’AIEA à prendre parti et à s’engager dans la confrontation entre les camps.  Il s’agit d’une pratique du « deux poids, deux mesures », qui sert de preuve solide que les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie défient et sapent les règles internationales.

La région Asie-Pacifique est une terre de coopération et de développement, et non un échiquier pour une rivalité entre grandes puissances. La sûreté nucléaire touche à l’avenir de l’humanité, et ne peut être en aucun cas un outil politique permettant à certaines personnes de poursuivre leurs intérêts égoïstes. Mue par un dessein inavouable, la coopération de l’AUKUS sur les sous-marins nucléaires est d’une nature vile et sérieusement dangereuse.  Elle n’est en aucun cas une affaire privée au sein des trois pays, mais doit être gérée par les États membres de l’AIEA.

Denis HOO, Correspondant à Pékin 

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