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Sommet de Pau: « la colonisation n’est toujours pas terminée »Cheikh Dieng


Emmanuel Macron a, une nouvelle fois, rencontré les présidents du G5 Sahel, composé de cinq pays africains (Mali, Mauritanie, Niger, Burkina Faso et Tchad). Ce sommet de Pau qui s’est ouvert ce 13 janvier sous l’initiative du président français intervient deux mois après une grosse polémique sur une rencontre perçue en Afrique comme une convocation du maître Blanc adressée à ses sujets Nègres.

En effet, pour de nombreux panafricanistes, la convocation de ses 5 dirigeants africains par Emmanuel Macron est la preuve évidente que la colonisation n’est toujours pas terminée et que du côté de Paris, on perçoit les pays africains, non pas comme des alliés, mais plutôt des éternels sujets qui doivent obéir au doigt et à l’œil au colon.

Cependant, un détail attire l’attention de nombreux chercheurs sur l’obsession de Paris quant à l’avenir du Sahel. La France continue de défendre la thèse selon laquelle sa présence dans cette partie d’Afrique s’explique par le fait de combattre le terrorisme et « aider » les Etats du Sahel à assumer leurs souverainetés sur le territoire. Mais, cette explication a du mal à convaincre.

Voici ce que dit Macron sur la présence de l’armée française au Sahel. « Pourquoi la France est au Sahel ? Question qui est évoquée. Pour deux raisons simples : la première, c’est la lutte contre le terrorisme. Nous sommes au Sahel en guerre contre des groupes armés terroristes (…). Et la deuxième est que nous sommes là pour permettre aux Etats sahéliens d’assumer leur pleine souveraineté sur le territoire », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il déploiera 220 militaires pour renforcer l’opération Barkhane.

Le président français parle de lutter contre le terrorisme et de permettre aux Etats sahéliens d’assumer pleinement leur souveraineté. L’idée mérite d’être saluée si seulement elle est sincère. Néanmoins, à y voir de près, la présence française semble avoir d’autres motivations sous-jacentes que la France n’osera jamais dévoiler.

En effet, n’oublions pas que cette partie du continent africain (le Sahel) est une zone extrêmement riche en ressources naturelles : pétrole, gaz, or, phosphate, diamant, cuivre, uranium, cobalt, manganèse, nickel, zinc, bauxite, plutonium, argent, étain, sels, minéraux…La zone, ces dernières années, attise les intérêts des multinationales occidentales prêtes à tout pour l’avoir sous leur contrôle. Areva, premier producteur mondial d’uranium, s’y est déjà installée. Et Elle n’est pas la seule. American Corporation, Barrick Gold, Rand Gold…sont déjà sur place.

Il faut être très naïf pour croire que le déploiement massif de soldats français au Sahel ces dernières années réside dans la volonté de la France de sauver les Africains. Je rappelle que ces cinq pays du G5 Sahel sont des pays indépendants et devraient logiquement être capables de mener cette guerre contre le terrorisme sans que l’Occident n’ait son mot à dire.

De surcroît, le fait que les rencontres des chefs d’Etat de ces pays avec le président français se tiennent sur le sol français est déjà assez suspect. Pourquoi ces rencontres ne se tiennent pas en Afrique où se déroulent les opérations ? Telle est la question à laquelle beaucoup n’ont pas de réponses.

Cependant, la vraie question rarement évoquée par les médias est que la France est en guerre au Sahel, non pas contre les terroristes, mais contre des puissances étrangères (Etats-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne) qui, elles aussi, ont tout intérêt à contrôler cette partie du continent très riche en ressources naturelles. Pour éviter que ces pays tombent sous le contrôle des multinationales américaines, la stratégie est alors de militariser la zone et ainsi de dissuader les éventuels concurrents.

Pas besoin de chercher de midi à 14 heures. L’obsession de la France, pour que le Sahel soit une zone sûre, est donc purement guidée par des intérêts géopolitiques et géostratégiques. La France ne voudrait surtout pas se retrouver en concurrence avec les puissances étrangères susmentionnées et est prête à tout, surtout en pleine crise économico-sociale, pour que le Sahel soit sa chasse gardée.

Sauf que la France risque de se retrouver dans une situation beaucoup plus complexe au moment où le mouvement panafricaniste gagne du terrain sur le continent et exige, parfois avec violence, que les forces françaises (et avec elles les multinationales) quittent le continent sans délai.

La décision prise en décembre dernier par la France de changer le nom de la monnaie CFA qui désormais s’appellera ECO ne permettra pas de calmer les ardeurs, car au fond, beaucoup de spécialistes, se plaignent du fait que le mécanisme n’a pas changé. La nouvelle monnaie (ECO) restera arrimée à l’euro et sera fabriquée depuis la France.

La présence française au Sahel est l’aboutissement d’un long processus qui a été d’abord de fragiliser ces pays sur le plan militaire afin qu’ils n’arrivent jamais à assurer leur propre défense et ensuite d’y déployer des forces sur place soi-disant pour les « sauver ». Si les Africains sont si naïfs pour croire que c’est ainsi qu’ils atteindront leur souveraineté, et bien ! Ils attendront encore quelques siècles.

By Cheikh Dieng

Sourcele courrier

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