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Madame Hien née Soma Téné Thérèse, Femme Ouaga FM 2019: « la question de sécurité n’est pas le seul apanage des agents de sécurité »


L’image contient peut-être : 1 personne, lunettesLa promotion de la cohésion sociale et de la paix restent des défis énormes à relever dans notre pays, le Burkina Faso. Les Gouvernants y consacrent d’énormes efforts. Elles constituent également une préoccupation pour madame Hien née SomaTéné Thérèse, Femme Ouaga FM 2019 qui en fait son cheval de bataille. Dans l’entretien qu’elle a bien voulu nous accorder, cette dame d’une modestie surprenante, enseignante de formation, nous livre sa contribution pour une culture réelle, surtout à la base de la paix au Burkina.

Tinganews.com: Pouvez- vous vous présenter à nos lecteurs. ?

Mme Hien née Soma Téné Thérèse: Je m’appelle Téné Thérèse Hien /Soma. Je suis directrice d’école, femme Ouaga FM 2019.

 Dans quel domaine d’activités exercez-vous ?

Je suis dans le domaine de la communication non violente en milieu scolaire.

Vous avez été récemment désignée Femme de l’Année 2019 de la Radio Ouaga FM ; dites nous ce qui vous a valu cette distinction

Avant de parler de mon prix qui m’a valu le titre « femme de l’année, femme Ouaga FM », je tiens à réitérer toute ma gratitude envers Ouaga FM, qui œuvre de manière à mettre en lumière les actions de la femme. C’est une vraie démarche pour l’épanouissement de la femme.

Le thème de la compétition était le thème du 8 mars : Paix, sécurité, cohésion sociale. J’ai traité ce thème sous l’angle de l’éducation. Je me suis dit que la question de sécurité, de paix et de cohésion sociale n’est pas le seul apanage des agents de sécurité, des spécialistes de la question de paix. Où que nous soyons, qui que nous soyons, nous pouvons travailler pour qu’il y ait la paix dans notre environnement immédiat.

J’ai pris service comme directrice dans une école de Ouaga 14 en 2008, j’ai mis au point une approche dénommée “communication non violente en milieux scolaire“, afin de résoudre les problèmes de violences auxquels j’étais confrontée.

Cette méthode, qui tire ses fondements de la communication non violente créée par Marshall Rosenberg, m’a permis de ramener la paix entre l’école et le village où je travaille. Aujourd’hui l’école est intégrée dans le village. Au sein de l’école, les enfants sont organisés en clubs. Ces clubs ont pour rôle de recenser les conflits à l’école et d’apporter des solutions. Une manière pour moi d’impliquer les enfants dans la recherche de solutions dans des situations conflictuelles. Ils deviennent alors des artisans de paix.

Si nous commençons dès maintenant à inculquer des notions de paix dans les esprits encore malléables de nos touts petits, nous pourrons changer le monde.

L’école a été reconnue en 2015 comme une école source de changement. C’est avec ces résultats que j’ai postulé à la compétition lancée par Ouaga FM.

Le jury a reconnu la pertinence de ma démarche dans la recherche de la paix, de la sécurité à l’école, et de la cohésion sociale. Les témoignages faits par les leaders communautaires, les parents d’élèves ont totalement convaincu le jury qui m’a donné une moyenne de 15,29/20.

Le 7 Mai 2019 j’ai donc eu le trophée Femme Ouaga FM, des mains de Mme le ministre de l’action humanitaire, Mme Laurence Marshall Ilboudo.

 Comment arrivez-vous à faire passer vos messages de paix avec les enfants quand on sait qu’ils vivent au quotidien dans un environnement pratiquement marqué par la violence de toute nature ?

Les enfants nous surprennent quand nous leur faisons confiance. Cette méthode les implique dans la recherche de la paix à l’école, si bien que les violences ont considérablement dimunié.

Quels sont sont projets ?

Mes projets, c’est de mettre la communication non violente comme un outil entre les mains des Burkinabè, afin de contribuer à changer les mentalités,

Je rêve de classes où l’esprit d’empathie, ou l’esprit de tolérance, de paix de démocratie doit être semé et se manifester au quotidien dans les comportements. Pour moi, la paix, la démocratie peuvent être enseignées tout comme la grammaire, les math, les sciences, afin que nos enfants grandissent avec le sentiment d’être des artisans de paix. Retirons les machettes les gourdins, les boites d’allumettes de leurs mains et remplaçons-les par les graines de la paix qu’ils sèmeront et entretiendront.

Introduire les modules de CNV dans nos écoles de formation, pourrait outiller les jeunes enseignants à enseigner la paix et à la semer dans les esprits encore malléables de nos touts petits. Et comme l’appétit vient en mangeant, il m’arrive de penser que les tensions qui perdurent ou qui naissent au Faso prouvent qu’il est indispensable d’opter pour un changement de comportement, en développant d’autres potentialités basées sur des valeurs plus humaines, qui favorisent la cohésion, l’épanouissement. Renforcer le capital humain est aujourd’hui un impératif pour cette cohésion sociale, gage d’un développement durable. Promouvoir la culture de la paix avec soi, avec les autres comme alternative au Burkina Faso, pourrait passer par des stratégies à mettre en œuvre pour faire découvrir la Communication Non Violente par : les enfants, la jeunesse, dans nos familles, nos prisons.  C’est un processus qui peut conduire à des changements sociaux profonds, basés sur l’amour, la compassion, l’écoute active, en un mot l’empathie. Elle pourrait être un processus à mettre à la disposition des populations afin de contribuer à l’installation de la paix et davantage de sécurité dans notre cher Faso.

Si nous sommes unis pour la paix, nous réussirons. La paix est un vaste champ dans lequel chacun doit cultiver sa portion, Par l’amour, la tolérance, l’esprit de sacrifice. L’amour est l’antidote de la haine. Pour terminer, je suis en train de préparer une caravane de paix, à travers tout le pays.

Quel message avez-vous à l’endroit de vos partenaires et des autres femmes ?

Le message que j’ai à l’endroit de mes partenaires et des aux femmes est ceci :

Chers partenaires, l’heure est grave. Le problème d’incivisme, de violences suscite beaucoup de questions, beaucoup d’inquiétudes au Burkina Faso. Les autorités, à la croisée des chemins cherchent des voies et moyens pour résoudre cette crise. Je vous demande d’accompagner les projets de paix. On peut avoir des ambitions et être limité parce qu’il nous manque les ressources minimums. Le travail que j’ai pu abattre, a été effectif grâce à une ONG du nom de EIRENE.Avec 5 millions, j’ai exécuté 3projets de paix. Aujourd’hui les parents, le village, les enseignants, les enfants en sortent bénéficiaires et c’est l’éducation qui gagne.

Je demande à toutes les femmes de me rejoindre sur ce champ de bataille. Sans lutte, rien n’est gagné d’avance. La femme par excellence est faite pour donner la vie et l’entretenir. A chaque fois qu’une vie est ôtée, c’est une femme qui pleure, quel que soit le bord où était cet enfant. A quel moment nous avons échoué ? A quel moment nous n’avons pas su donner suffisamment d’empathie à nos enfants, au point que certains en arrivent aujourd’hui à des comportements extrêmement violents ?

 Aujourdhui, il est loisible de constater l’incivisme grandissant chez les jeunes; en tant que éducatrice, quelles solutions préconisez-vous pour venir à bout de ce phénomène?

Le problème de l’incivisme dans nos écoles, notre pays,coupe le sommeil à tout le monde.Où allons nous ?a t-on coutume d’entendre.Pour ma part, après ces interrogations, chacun doit agir.Ma contribution,la voici.Il serait souhaitable qu’on mette l’accent sur l’éducation de nos enfants. A commencer par leur donner suffisamment d’empathie et à toucher les cœurs par des messages qui apaisent en mettant l’accent sur la communication non violente. Mettre les artistes à profit pour faire  passer  fréquemment des spots publicitaires, de petits films sur la paix, le civisme, etc… enseigner la paix, la démocratie, aux enfants. Et mettre Dieu au centre de notre éducation car il est le  dénominateur commun à toutes les religions.

Lors de la réception de votre Prix Ouaga FM le 7 mai dernier, vous avez déclaré publiquement que vous avez d’autres projets de promotion de la paix…Quels sont ces projets ?

Oui j’ai déclaré ce jour que j’ai d’autres projets pour la promotion de la paix et j’étais très sérieuse. Le premier projet s’intitule : jeunesse et communication non violente, quel enjeu pour la paix et la stabilité au Burkina-Faso. Le second consiste à installer une unité de production de beurre de karité qui va employer des jeunes et des femmes dans le souci de donner de l’emploie à au moins une centaine de personnes.la recherche de la paix passe par la lutte contre la pauvreté. J’envisage lutter afin que la CNV soit enseignée dans les écoles de formation. Je compte toucher les foyers coraniques pour l’instauration de clubs de paix en leurs sein.

 Comment vous comptez réaliser vos projets ? (Avec quels moyens ?)

Je compte sur tous ceux qui croiront en la pertinence de ces projets. Beaucoup de personnes sont sensibles à tout ce qui touche la dignité humaine. Je compte sur les médias pour donner de la voie pour ce que je compte réaliser, afin que des âmes sensibles se joignent à moi pour ce combat.

 Avez-vous un mot de la fin ?

La paix est un maillon essentiel dans le développement d’un pays. Aucune paix ne peut s’obtenir sans la concertation le pardon, l’écoute active. La communication non violente pourrait contribuer à changer les mentalités. Martin Luther King disait ceci : “la communication non violente est une épée puissante et juste qui tranche sans blesser et qui anoblit l’individu qui la manie

Ensemble retirons les machettes, les fusils des mains de nos enfants et remplaçons-les par les germes de la paix. La vie humaine n’a pas de prix.

Asseyons-nous et discutons avec nos enfants.

Interview réalisée par Aristide ZONGO

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