Ce 11 juillet à Lomé, les délégations des pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) n’ont pas trouvé le consensus nécessaire autour de la candidature du Burkina Faso à la présidence du Conseil des ministres. Du coup, le Mali et le Niger, membres l’Alliance des Etats du Sahel (AES), en solidarité avec le pays des hommes intègres, ont claqué la porte de la rencontre. Et la suite ? Les pays de l’AES vont-ils quitter l’UEMOA comme ils l’ont fait pour la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ? Les jours à venir pourraient nous situer davantage sur la position définitive des trois pays. Dans tous les cas, quitter l’UEMOA reviendrait soit à quitter définitivement le FCFA soit y rester et créer un autre espace qui collaborera avec l’UEMOA comme c’est le cas entre l’AES et la CEDEAO.
En effet, la crise que certaines sources annonçaient et qu’on redoutait a fini par naître au grand jour. Et apparemment comme d’habitude, c’est la Côte d’ivoire qui est visée car elle ne serait pas d’avis que le Burkina Faso occupe la présidence du Conseil des ministres de l’institution monétaire ouest-africaine. Peut-être qu’elle a ses raisons mais qui, pour l’instant, ne sont pas officiellement connues.
Ce qu’il faut préserver par tous les moyens, ce sont les intérêts des populations ouest-africaines. Il est clair que ni les autres pays membres de l’UEMOA, ni les pays de l’AES n’ont intérêt à ce qu’une autre crise, à l’image de celle de la CEDEAO, secoue la sous-région. D’ailleurs, on n’a pas encore fini de gérer les implications de cette crise, même si les deux organisations (CEDEAO et AES) sont en train de convenir de modalités de collaboration.
S’il y a une question à laquelle les dirigeants de l’espace ouest-africain doivent accorder de l’importance, c’est la sauvegarde des acquis en matière d’intégration dans la région. Ils ne peuvent pas, pour des raisons d’égo, compromettre l’avenir de cette région et des populations qui y vivent. Tout le monde s’accorde à dire que l’avenir des peuples se trouve dans les grands ensembles. Malheureusement dans la sous-région, on est en train de déconstruire les regroupements existants qui ont pourtant donné les preuves de leur réussite. Les chefs d’Etat des pays ouest-africains gagneraient à sauvegarder cette collaboration naturelle et historique qui doit leur survivre. Même si elle est issue de la colonisation. Car, ce n’est pas tout ce qui est fait par le colonisateur qui est mauvais.
Si l’Afrique a besoin de changements importants dans beaucoup de domaines pour enfin prendre son envol en matière de développement et de bien-être des Africains, il reste entendu que tout cela doit se faire dans une certaine démarche bien réfléchie et durable. Le continent africain, y compris les pays qui le composent, ne peut évoluer dans l’ostracisme sans tenir compte des mutations de l’environnement mondial. Cependant, cela ne doit pas se faire au détriment des préoccupations véritables des populations de la région. S’il y a un ennemi commun que les pays africains doivent combattre, c’est celui qui a longtemps travaillé à maintenir le continent dans le sous-développement et les populations africaines dans la pauvreté. Tout autre combat entre pays africains ne profitera à aucun d’entre eux. Au contraire, il sera dans l’intérêt de ceux qui nous ont toujours dominés.
Dabaoué Audrianne KANI/Express du Faso