La capitale burkinabè va abriter du 27 février au 1er mars 2018 la première édition du Festival panafricain de la Série de Ouagadougou. Ce festival, une première en Afrique, se veut une plateforme de rencontre professionnelle sur la problématique des séries télévisuelles en Afrique. Dans cette interview accordée à Fasozine, l’acteur burkinabè Issaka Sawadogo, l’un des promoteurs de cet événement dédié à la série africaine, donne les grands axes et les enjeux de ce festival qui ambitionne suivre les pas du Fespaco, la biennale du cinéma africain.

La 1re édition se tiendra du 27 février au 1er mars prochain. Quelles sont les activités au menu de cette édition ?
Il est prévu des ateliers sur le jeu d’acteur, des conférences sur les états généraux de la production africaine en série, des résidences d’écritures. Il y a par exemple Marguerite Abouet qui va tenir un master class. En sus de cela, il y a des ateliers sur la production audiovisuelle qui sera animée par des doyens comme Abdoulaye Dao avec son équipe de Vis-à-vis en tant que précurseur de la série burkinabè, Souleymane Ouédraogo, directeur général de l’ISIS qui va animer une conférence sur l’impact de la télévision et des séries en Afrique.
Outre cela, nous aurons des projections des séries burkinabè et internationales suivies de débats. Les cinéphiles pourront donc voir des séries achevées et en développement et échanger avec les producteurs et les réalisateurs. Aussi, les réalisateurs et les producteurs des séries en développement pourront expliquer à l’assistance comment s’est déroulé le processus de regroupement des finances et comment le projet s’est mis en place.
Nous pensons qu’avec un tel programme, nous pouvons attirer l’attention de tous les réalisateurs burkinabè qui se lancent dans la réalisation et en particulier tous les africains sur la problématique de la série africaine. Et la problématique demeure la formation. Si nous voulons atteindre une qualité dans nos séries et être compétitifs sur le plan international, il faut que nous nous acquérions les outils pour accéder à cette internationalisation de la série africaine. Et pour ce faire, nous devons avoir de la formation et c’est qui est très important pour nous. Ce festival propose justement une plateforme de rencontre professionnelle. Des acheteurs et des diffuseurs seront présents au Burkina et ils vont rencontrer les réalisateurs et tous ceux qui veulent se lancer dans la série pour qu’il y ait des échanges. Celui qui achète, peut être ne connait pas dans quelle condition travaille celui qui produit. C’est vraiment une belle occasion que donne notre festival à tous réalisateurs burkinabè et ceux qui veulent se lancer à venir massivement afin de rencontrer les diffuseurs et les bailleurs de fonds.
Ce festival n’est pas un festival de compétition mais un festival de rencontre professionnelle. C’est donc une belle opportunité que nous lançons et si les Burkinabè ratent cette occasion, il faudrait qu’ils se déplacent dans d’autres pays pour espérer rencontrer les bailleurs de fonds.
Combien de personnes attendez-vous pour cette première édition ?
Nous attendons au moins une vingtaine de diffuseurs nationaux et internationaux, environ 200 professionnels venant de 12 pays africains et une centaine de participants venant de l’étranger. Nous espérons que les cinéphiles, les étudiants en arts et communication et en cinéma, les réalisateurs, les comédiens et tous ceux qui s’intéressent au cinéma et à la série vont participer activement en nouant éventuellement des connexions pour l’avenir. En tout et pour tout, les participants viendront de 20 pays.
Est-ce que la tenue de ce festival dédié à la série ne donne finalement pas raison à ceux qui estiment que la série doit être exclue du Fespaco ?
Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que la série doit être exclue du Fespaco. Introduire la série avec le cinéma a permis de faire émerger ces deux corps de métiers même s’ils ne travaillent pas pour le même canal. Aujourd’hui, le cinéma a pris de l’ampleur, la série télévisuelle a aussi pris de l’ampleur. Chaque corps de métier est devenu aguerri.
La série devient de plus en plus importante et même plus importante que le cinéma. Pour moi, le dissocier et faire un festival panafricain des séries de Ouagadougou va apporter un ballon d’air frais. Cela va nous permettre d’organiser les deux choses, le cinéma à part et la série à part. Prenez l’exemple de Nollywood, c’est la série qui a fait émerger cette industrie pour qu’elle devienne la plus grande du cinéma africain et qui dépasse même Hollywood et Bollywood. Pour moi, le Fespaco est le papa de notre festival. Quand ca va marcher avec cette première édition, le Fespaco va prendre un bouffé d’air frais parce qu’il aura une équipe aguerrie pour organiser la participation des séries au Fespaco et du coup cela va nous aider à mettre fin à ce débat relatif à l’organisation annuelle du Fespaco, ce qui est impossible. Avec notre festival, on peut faire le Fespaco une année et le festival dédié aux séries une année. En alternant de la sorte, le festival panafricain du cinéma devient annuel.
Par ailleurs, nous avons essayé de voir avec le Fespaco, qu’elles sont les doléances qu’il a reçues et qu’il ne pouvait satisfaire. Donc il s’agira de voir avec le Fespaco qu’est ce qu’on peut faire pour remplir le temps entre deux festivals. On pourra par exemple faire des formations et des masters class à l’endroit de tous les acteurs du cinéma pour relever le niveau de la créativité en matière de série.
Quelle est la touche particulière pour que ce festival s’inscrive dans la pérennité ?
C’est dans la perspective de la pérennité que nous nous sommes mis sous la bénédiction du Fespaco. Si le Fespaco depuis sa création, malgré tous les problèmes qu’il a eus, a survécu et a 50 ans aujourd’hui, je suis certain que nous, naissant sous le couvert du Fespaco, allons aussi atteindre les 50 ans un jour. Nous ne travaillons pas hors du Fespaco mais dans les sillons qui ont été tracés par le Fespaco.
Les jeunes dynamiques, burkinabè et africains, qui sont à l’origine de ce festival l’ont créée pour la nation. Et nous pensons que la nation va prendre possession de notre festival et en faire une fierté nationale parce que c’est toute l’Afrique qui va encore parler du Burkina Faso. Ce festival va être pérenne parce que dès sa naissance, il met en rapport un certain nombre de pays européens et un certain nombre de pays africains. Il n’y a pas que le Burkina Faso tout seul. Maintenant, il appartient au Burkina d’en faire une fierté nationale et de maintenir cette flamme pour qu’elle ne s’éteigne pas.
Votre festival s’ouvre le 27 février, quelques jours seulement après la disparition d’Idrissa Ouédraogo…
Idrissa Ouédraogo vit maintenant en esprit avec nous. Ce qu’il nous a laissé comme héritage est une fierté nationale que nous devons alimenter. C’est en le faisant qu’il pourra continuer à vivre en nous. Nous allons le rendre hommage à ce festival et d’ailleurs, il avait même reçu l’invitation pour y être mais Dieu en a décidé autrement.
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