Dans ce livre intitulé « De la Société tribale à l’Etat-Nation : une étude du développement national du Nigéria », que j’ai eu le grand plaisir de lire est une merveille d’écriture au regard de la richesse de son contenu. Dans ce livre de 349 pages publié en 2024 chez l’éditeur Pater Lang, l’éminant Professeur Liu Hongwu, « Changjiang scholar » du Ministère de l’Education de la République Populaire de Chine, Expert provincial de Zhejiang, Directeur fondateur de l’Institut d’Etudes Africaines de l’Université Normale de Zhejiang, décrit avec des détails d’orfèvre, les grandes étapes de l’évolution du Nigéria, ce géant de l’Afrique de l’Ouest. C’est à dire de la période précoloniale (les anciens royaumes), aux périodes coloniales britanniques et postcoloniales. Véritable chef-d’œuvre académique le livre marque le profond attachement de Liu Hongwu à l’Afrique en général et au Nigéria en particulier. Il est délicat pour le lecteur que je suis, de présenter toute la richesse de l’enseignement que ce dense document académique réserve.
La lecture de cet ouvrage enseigne, renseigne et ouvre les yeux en exposant de façon précises et nette et chronologique les actes historiques qui ont donné naissance au Nigéria. En 1885, dans sa conquête coloniale, le gouvernement royal de Grande Bretagne déclare cette région du fleuve Niger protectorat britannique, En juillet 1886, un décret du gouvernement britannique, accorde à la société « Goldie’s National African Company » l’exercice des pouvoirs politiques, administratifs et judiciaires, ainsi que le monopole du commerce sur l’estuaire du fleuve Niger. En 1887, le gouvernement britannique déclare que toutes les zones que le décret a accordées à la société « Goldie’s National African Company » sont des protectorats du gouvernement britannique. Dès lors, il s’avère claire que l’objectif essentiel de la création du Nigéria est d’assurer les intérêts économiques et commerciaux de la Grande-Bretagne.
L’ouvrage démontre aussi que la passion du professeur Liu Hongwu pour le Continent africain et le Nigéria est sincère et profondément ancré en lui. Pour Liu Hongwu l’Afrique est bel et bien rentrée dans l’histoire. « Les cinquante-quatre pays du continent africain d’aujourd’hui ont tous un passé et une histoire qui leur sont propres. Si les étrangers veulent connaître et comprendre un pays et interagir avec sa population, le meilleur moyen est de commencer par connaître son histoire et d’apprendre à connaître sa culture ». La pure vérité historique. « L’héritage culturel du Nigéria ancien et son importance et ses empreintes remarquables, comprennent de multiples et diverses cultures dont ; Nok, les Igbo Ukwu, Owo, Ife, Nupe, Bénin, etc… La traite des esclaves et le déclin des anciennes civilisations ont annoncé l’ère la plus sombre de la région de l’Afrique de l’Ouest, y compris du Nigéria ».
De L’établissement, de l’évolution de la colonie et du protectorat du Nigéria, on note que l’expansion coloniale a atteint son paroxysme lorsque « le 1er janvier 1900, le drapeau britannique a été hissé à Lokoja, annonçant l’intégration des terres occupées par la Compagnie du Niger dans le nord en tant que Protectorat du nord du Nigeria ». En 1906, les Britanniques fusionnent la colonie de Lagos avec le Protectorat du sud du Nigeria pour former la colonie et le protectorat du sud du Nigeria. A la fin de la Première Guerre mondiale, la population nigériane lance un grand mouvement de masse contre le régime colonial britannique, sonnant l’éveil de la conscience nationaliste. Après la Seconde Guerre mondiale, le mouvement nationaliste nigérian prend de l’ampleur faisant de la lutte pour la libération nationale et l’indépendance les objectifs primordiaux de la lutte.
En 1954 la nouvelle constitution jette les bases des premières élections générales au Nigéria. Le 1er Octobre 1960, l’accord pour que Nigéria déclare son indépendance rentre en vigueur. Le 1er Octobre 1963, le Nigeria est rebaptisée République Fédérale du Nigeria, établissant un système républicain pour devenir la première république souveraine indépendante au sein du Commonwealth. En examinant la structure politique du début de l’indépendance et le processus politique, on note que le Nigeria est devenu un nouvel Etat en achevant la décolonisation pour ensuite développer une vie politique et économique unifiée, une Nation. Les tumultes politiques et sociales telles que la guerre civile du Biafra ne sont pas occultées. Le processus politique des années 1960, 1966, 1983 à 1990 est assez détaillé. Le processus politique de 1993 à 1999 et les élections de 1999 aboutissent à la nouvelle quatrième République.
A travers ce livre nous apprenons beaucoup sur l’histoire ancienne et contemporaine du Nigéria. Il est incontestablement le fruit d’un travail titanesque, foullé, qui nous fais comprendre les études africaines d’une perspective chinoise, l’africologie chinoise. L’africologie chinoise qui se réfère au processus de l’évolution des civilisations du continent africain et des questions contemporaines de développement politique, économique, social et culturel. Les deux concepts « africologie » et « études africaines » ne sont pas antinomiques. Ils se rejoignent dans le même corpus c’est-à-dire les « études africaines » unissant l’ensemble des activités et des domaines de recherche sur l’Afrique et « l’africologie » mettant en évidence l’objectivité constructive et non négative sur l’Afrique du point de vue de l’universitaire chinois. /.
Prof. Yoro DIALLO
Chercheur Principal / Directeur du Centre d’Etudes Francophones
Directeur du Musée Africain
2024 Chinese Government Friendship Award
Institute of African Studies, Zhejiang Normal University, CHINA
E-mail : inadial@yahoo.com /Tél : (0086)15888991173