L’Union européenne vient de suspendre temporairement les importations de mangues en provenance du Mali. Ce qui frappe de plein fouet un secteur qui représente des millions de dollars pour le pays.
Pire encore, les producteurs s’inquiètent, car l’Europe constitue leur marché principal.
Il faut savoir qu’en 2024, le Mali a réalisé des exportations de mangues totalisant près de 11 millions de dollars sur le marché international, selon les données de la plateforme Trade Map.
La suspension européenne vient toucher directement 80 % de ces exportations. Cette proportion montre à quel point le pays dépend du marché européen.
Pourquoi une telle décision ? La Direction générale de la Santé de la Commission européenne a pris cette mesure en réponse aux interceptions sanitaires répétées.
Mouhamed Diarra, conseiller technique au ministère malien de l’Agriculture, a confirmé cette information le 1er septembre 2025 à Maliweb. Les autorités européennes pointent du doigt l’augmentation des mouches de fruits détectées dans les cargaisons depuis 2022.
Les mouches de fruits : un fléau régional
Ces petits insectes constituent un véritable défi sanitaire pour l’Afrique de l’Ouest. Les mouches des fruits causent des pertes annuelles de 50 à 80 % des productions fruitières, selon le CORAF (Conseil ouest-africain pour la recherche et le développement agricoles). Leur statut d’insectes de quarantaine complique considérablement les exportations.
Le problème ne se limite pas au Mali. Le Burkina Faso et le Sénégal font également face à ces défis sanitaires.
Cependant, le Sénégal, moins touché par les attaques de mouches des fruits, a vu ses exportations de mangues passer de 350 tonnes en 1999 à environ 22 000 tonnes en 2018. Cette progression montre qu’un contrôle efficace peut porter ses fruits.
Avec la suspension de l’importation des mangues du Mali par l’Union européenne, des conséquences lourdes
L’impact financier de ces interceptions dépasse les frontières du Mali. En 2016, l’interception de mangues aux frontières européennes a provoqué une perte d’environ 10,5 millions de dollars pour les exportateurs ouest-africains. Cette somme représentait plus d’un tiers de la valeur totale des exportations régionales cette année-là.
Pour le Mali spécifiquement, la suspension remet en question tout le système national de contrôle. Les certifications phytosanitaires perdent leur crédibilité auprès des partenaires européens. La situation inquiète particulièrement les producteurs qui ont investi dans la qualité de leurs produits.
Une mobilisation pour retrouver la confiance
Face à cette crise, l’Office de protection des végétaux (OPV) a organisé un atelier national du 1er au 3 septembre.
Cette rencontre, menée en partenariat avec le COLEAD (Comité de liaison entrepreneuriat-agriculture-développement), vise à corriger les défaillances du système de contrôle.
Victor Boro, responsable du suivi des activités du COLEAD au Mali, a expliqué la stratégie : « Durant ces trois jours de travail, nous passerons en revue le système actuel. À l’issue de cet exercice, un plan d’action prioritaire sera établi et présenté à l’Union européenne pour reprendre rapidement les exportations de la mangue malienne ».Netafrique.net