Les répercussions de la « guerre tarifaire » de la Maison Blanche sur l’économie américaine commencent à se faire sentir. Selon un rapport sur les conditions économiques actuelles publié le 23 avril par la Réserve fédérale américaine, avec l’augmentation de l’incertitude économique, les perspectives pour plusieurs régions des États-Unis se sont considérablement détériorées.
Ce n’est pas tout. La veille, dans sa dernière édition des Perspectives de l’économie mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) a fortement abaissé ses prévisions sur la croissance américaine pour 2025, plus précisément de 0,9 point de pourcentage par rapport à ses prévisions de janvier. La plus importante révision à la baisse parmi les économies développées.
Facile de constater que le « risque de récession » est désormais la principale préoccupation de l’économie américaine. À en croire Adam Posen, directeur de l’Institut Peterson pour l’économie internationale, un groupe de réflexion américain, en raison de la politique tarifaire de l’administration Trump, la probabilité que l’économie américaine entre en récession s’élève à 65 %.
Récemment, les habitants de nombreuses villes américaines sont descendus dans la rue pour protester contre l’augmentation des droits de douane et d’autres politiques du gouvernement. Emboîtant le pas à la Californie, le 23 avril, 12 autres États américains ont intenté un procès contre le gouvernement fédéral pour qu’il mette fin aux politiques tarifaires. Selon eux, ces politiques sèment le chaos dans l’économie américaine. Les tarifs douaniers, au lieu d’entraîner un « retour de l’argent », accentuent les risques de stagflation et de récession dans l’économie des États-Unis.
Le quotidien des Américains en souffre en premier. L’ancien secrétaire au Trésor américain, Lawrence Summers, a averti que les hausses tarifaires imposées par les États-Unis pourraient entraîner la perte de 2 millions d’emplois et une perte de revenus de plus de 5 000 dollars par ménage. En fait, outre la flambée des prix des marchandises, les consommateurs américains devraient également être confrontés à une grande incertitude quant à l’avenir. D’après un récent sondage mené par l’Université du Michigan, en avril, l’indice de confiance des consommateurs américains a chuté pour le quatrième mois consécutif, au niveau le plus bas depuis juin 2022.
Les entreprises américaines en souffrent autant, généralement confrontées à une augmentation des coûts et à une réduction des bénéfices. En raison des hausses de droits de douane, les trois principaux fabricants américains d’équipements de semi-conducteurs perdraient 350 millions de dollars par an, et l’ensemble de l’industrie perdrait plus d’un milliard de dollars. Pour les petites entreprises, les retombées sont encore plus dramatiques. De nombreux propriétaires de petites entreprises aux États-Unis craignent de faire faillite en raison de la poursuite de la politique tarifaire.
À cela s’ajoutent les contre-mesures de la part des partenaires commerciaux des USA. L’impact sur l’économie américaine s’avère encore plus important. L’agriculture américaine sera la première touchée.
Pendant des années, la Chine a été le premier acheteur de soja américain. En raison des hausses tarifaires, les agriculteurs américains risquent de perdre leurs parts sur le marché chinois. En même temps, leurs concurrents du Brésil, de l’Australie et d’autres pays ont augmenté leurs exportations vers la Chine. À en croire Caleb Ragland, président de l’association américaine de soja (American Soybean Association), la situation actuelle rendait les producteurs de soja « très inquiets » et mettait leur gagne-pain en jeu.
La fuite du capital. Une autre crise à laquelle est confrontée l’économie américaine. Un article paru récemment sur le site web de CNN affirme que cette guerre commerciale fait fuir les investisseurs des États-Unis. Les mesures tarifaires abusives de la Maison Blanche ont aggravement lésé la crédibilité de l’économie américaine, et les investisseurs ressentent une grande incertitude. Actions, obligations, dollars américains … les investisseurs internationaux sont désormais prêts à vendre des actifs américains.
La dernière enquête de Bank of America auprès des gestionnaires de fonds mondiaux enregistre un record du nombre d’investisseurs mondiaux prêts à réduire leurs avoirs en actions américaines depuis 2001.
« Ce qui s’est passé au cours des trois derniers mois pourrait suffire à maintenir la vente du dollar dans les mois à venir », a soutenu Gareth Berry, stratège au sein du groupe australien Macquarie.