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Insuffisance rénale au Burkina Faso : Une progression à un rythme très inquiétant, une urgence sanitaire sous-estimée


L’insuffisance rénale est une maladie silencieuse mais dévastatrice qui progresse à un rythme inquiétant au Burkina Faso. Entre 2023 et 2024, environ 2,5 millions de personnes ont été diagnostiquées comme souffrant d’une insuffisance rénale. Cependant, seuls 200 000 malades sont censés suivre des séances de dialyse. Face à cette explosion des cas, les infrastructures sanitaires nationales restent largement insuffisantes pour assurer une prise en charge adéquate.

Le thème de la célébration de la journée mondiale du Rein de l’année 2025 est si évocateur: « Lutter contre l’épidémie silencieuse ». Intervenant le 13 mars de chaque année, cette réflexion met en lumière le dépistage précoce des maladies rénales. D’autant que l’accès limité aux soins est déjà une bataille pour survivre.

Le Burkina Faso ne dispose que de six unités de dialyse publiques réparties entre Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Ouahigouya et Tenkodogo. Ces centres totalisent 96 lits, un nombre bien en deçà des besoins croissants des patients atteints d’insuffisance rénale. En théorie, chaque malade nécessiterait deux à trois séances de dialyse par semaine, mais la saturation des services rend difficile l’accès à ces soins essentiels.

À Ouagadougou, le CHU Yalgado-Ouédraogo possède deux unités de dialyse, l’une comprenant 24 lits et l’autre 8 lits. Toujours dans la capitale, le CHU Bogodogo dispose d’une unité de 12 lits, tandis que le CHU Tengandgo en compte également 12.

À Bobo-Dioulasso, le CHU Sanou Souro possède 16 lits dédiés aux séances de dialyse. Dans la ville de Ouahigouya, le CHU Régional met à disposition 12 lits, tout comme le CHU Régional de Tenkodogo.

Dans ces établissements, les séances de dialyse sont assurées du lundi au samedi avec un maximum de trois séances par jour. Toutefois, seul le CHU Yalgado-Ouédraogo propose des séances le dimanche.

En dehors du secteur public, seules deux cliniques privées, à savoir « Baume de Galaad » et « Wendtoin », disposent d’unités de dialyse. Cependant, ces établissements appliquent des tarifs élevés, rendant l’accès aux soins encore plus difficile pour les patients aux revenus modestes.

Comprendre pour mieux prévenir

Alors que la dialyse est gratuite dans les hôpitaux publics, elle représente en réalité une charge mensuelle de 700 000 FCFA par patient. Dans les structures privées, le coût d’une seule séance varie entre 60 000 et 95 000 FCFA, ce qui la rend inabordable pour la majorité des malades.

L’insuffisance rénale est souvent la conséquence de maladies non traitées ou mal contrôlées. Parmi les principales causes, on retrouve l’hypertension artérielle et le diabète, qui sont les plus fréquentes. D’autres facteurs tels que les infections rénales chroniques, l’abus de médicaments, notamment les anti-inflammatoires, ainsi qu’une alimentation trop riche en sel et en protéines animales peuvent également favoriser l’apparition de cette maladie. La consommation excessive d’alcool et le tabagisme sont aussi des éléments aggravants.

Les premiers signes de l’insuffisance rénale sont souvent discrets, ce qui rend le diagnostic tardif. Parmi les symptômes les plus courants, on note une fatigue persistante accompagnée de troubles du sommeil. Les malades peuvent également présenter un gonflement des jambes et du visage, une diminution de la production d’urine, ainsi que des nausées et vomissements fréquents.

La transplantation rénale semble une lueur d’espoir inaccessible

La greffe de rein est aujourd’hui la meilleure alternative pour les patients en phase terminale. Cependant, au Burkina Faso, cette option reste quasiment inexistante. Le pays manque cruellement de médecins spécialisés en néphrologie, ce qui rend difficile la mise en place d’un programme de transplantation rénale efficace. De plus, l’absence d’un cadre juridique clair pour les dons d’organes constitue un frein majeur au développement de cette pratique.

En Afrique, la situation est similaire dans plusieurs pays. Seuls quelques États comme l’Afrique du Sud, le Maroc et l’Égypte disposent d’infrastructures performantes permettant la réalisation de greffes rénales. À l’échelle mondiale, les inégalités d’accès à cette intervention sont frappantes. Aux États-Unis et en Europe, les patients bénéficient de programmes bien structurés favorisant le don d’organes. En revanche, en Afrique, le manque de sensibilisation et les tabous culturels liés au don d’organes freinent considérablement les initiatives dans ce domaine.

Des gestes simples pour éviter le pire

Face à cette crise sanitaire, la prévention reste la meilleure arme. Pour limiter les risques de développer une insuffisance rénale, il est essentiel de surveiller régulièrement sa tension artérielle ainsi que son taux de sucre dans le sang. L’adoption d’une alimentation équilibrée, pauvre en sel et en protéines animales, contribue également à préserver la santé des reins.

Par ailleurs, il est recommandé de limiter la consommation d’alcool et d’arrêter le tabac, ces deux facteurs étant connus pour aggraver les maladies rénales. L’automédication, notamment la prise excessive d’anti-inflammatoires sans prescription médicale, doit être évitée. Enfin, une bonne hydratation au quotidien est indispensable pour favoriser l’élimination des toxines et maintenir un bon fonctionnement des reins.

Vers une prise de conscience collective

Un appel à l’action s’impose. L’insuffisance rénale est une urgence sanitaire qui nécessite une réponse forte de la part des autorités et une mobilisation de toute la société. Il est impératif d’augmenter le nombre d’unités de dialyse à travers le pays et de former davantage de néphrologues afin d’assurer une prise en charge efficace des malades. De plus, l’instauration d’un cadre légal régissant le don d’organes et la greffe de rein permettrait d’offrir une alternative viable aux patients en insuffisance rénale terminale.

Au-delà des actions gouvernementales, chaque individu a un rôle à jouer dans la prévention de cette maladie. Adopter un mode de vie sain et effectuer des bilans de santé réguliers permettent de réduire considérablement les risques. Si l’insuffisance rénale est un tueur un silencieux, elle n’est pas une fatalité. Avec une meilleure hygiène de vie et un suivi médical adapté, il est possible de préserver la santé de ses reins et d’éviter le pire.

Donatien FOFANA,
donatienbf.fofana@gmail.com,
Pour Netafrique.net.

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