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Guerre douanière : le bâton tarifaire finira par retomber sur l’Oncle Sam


Les États-Unis ont récemment menacé d’imposer des droits de douane supplémentaires de 50 % sur les importations chinoises, suite à l’annonce du 2 avril dernier des « droits de douane réciproques » à hauteur de 34 % à l’encontre de la Chine. Dernier scénario en date de la guerre douanière voulue par l’administration américaine. Néanmoins, les décideurs de la Maison Blanche ont, vainement, tenté de recourir aux tarifs douaniers pour leurs objectifs. Ce bâton tarifaire, tel un boomerang, finira par retomber sur l’Oncle Sam lui-même.

Les États-Unis ont longtemps affirmé avoir injustement subi des pertes dans le commerce international. Les décideurs actuels de la Maison Blanche sont allés plus loin dans cette rhétorique, au point d’annoncer l’imposition des « droits de douane réciproques » sur tous les partenaires commerciaux des USA. La Chine est visée avec des tarifs de 34 %. Ce dernier geste de l’Oncle Sam viole le traitement de la nation la plus favorisée, un principe fondamental de l’OMC. Cette approche porte atteinte au droit légitime au développement de la Chine. Il s’agit d’une pratique typique d’intimidation unilatérale.

Que ce soit du point de vue des lois économiques ou du point de vue des données factuelles, l’assertion relative aux « pertes injustement subies » lancée par les États-Unis est indéfendable. Le déficit commercial des États-Unis est le résultat du marché, affecté par la compétitivité industrielle, la structure économique, la division internationale du travail, la politique commerciale, le statut du dollar et d’autres facteurs.

En fait, les États-Unis ont sélectivement ignoré leur avantage écrasant dans le commerce des services. À en croire la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, en 2023, les exportations de services des États-Unis avaient dépassé 1 000 milliards de dollars, soit 13 % du total du commerce mondial des services ; en 2024, l’excédent commercial des États-Unis dans le domaine des services s’élevait à près de 300 milliards de dollars. De toute évidence, les États-Unis, au lieu de subir des pertes dans le commerce international, en tirent d’énormes bénéfices.

L’imposition des droits de douane supplémentaires, au lieu d’aider à résoudre le déséquilibre commercial, a pesé sur la situation économique aux USA. Tel est un fait prouvé au cours des dernières années.

Selon les données du Département américain du Commerce, le déficit commercial des États-Unis a atteint 1.210 milliards de dollars en 2024, soit une hausse de 50 % par rapport à 2017, la date avant la guerre tarifaire menée par l’administration américaine de l’époque. Entre 2018 et 2024, l’excédent commercial de la Chine avec les États-Unis est passé de 323 milliards de dollars à 361 milliards de dollars. Preuve que les barrières tarifaires ne peuvent pas résoudre les préoccupations des États-Unis.

La gestion de l’inflation est un autre objectif du gouvernement américain, mais la pression tarifaire va à l’encontre de cet objectif. Les récentes données montrent une hausse de 3,5 % de l’indice des prix à la consommation en mars en Amérique, soit son niveau le plus élevé depuis septembre 2023. Cela suggère que le rebond de l’inflation aux États-Unis depuis le début de l’année n’est pas un phénomène temporaire.

À en croire les dernières données du Conference Board, l’indice de confiance des consommateurs américains était de 92,9 en mars, soit le quatrième mois consécutif de baisse. Une étude de l’université Yale prévoit une hausse des prix des dépenses personnelles jusqu’à 2,1 % à court terme aux USA, en cas de rétorsion par d’autres pays suite à l’imposition des « droits de douane réciproques » par l’Amérique.

Les entreprises américaines en souffrent autant. Selon World Trade Consulting, les nouveaux droits de douane entraîneront un coût supplémentaire de 433 milliards de dollars pour les entreprises américaines. Mark Zandi, économiste en chef chez Moody’s Analytics, a noté une probabilité de l’entrée en récession de l’économie américaine cette année devant s’élargir à 40 %, contre 15 % au début de l’année. Pour reprendre Laurent Saint-Martin, ministre délégué français chargé du Commerce extérieur, « une guerre commerciale serait néfaste pour toutes les parties … et les premiers à en souffrir sont les intérêts des États-Unis ».

Il convient de se rappeler les leçons du passé. Dans les années 1930, les États-Unis, par la loi tarifaire Smoot-Hawley, avaient imposé des droits de douane supplémentaires sur plus de 20 000 produits importés. Un geste suscitant des mesures de rétorsion de la part d’autres pays. En conséquence, le commerce mondial s’était contracté de plus de 60 % en l’espace de cinq ans, et le commerce extérieur des États-Unis avait également beaucoup souffert, plongeant le pays dans la Grande Dépression. Aujourd’hui, le gouvernement américain a de nouveau érigé des barrières tarifaires élevées. Va-t-il voir se reproduire le « cauchemar de l’histoire » ? The Hill a averti que « le 2 avril 2025 pourrait être l’un des jours les plus sombres de l’histoire économique américaine ».

Les marchés boursiers américains ont réagi par l’effondrement des cours, le Dow, le Nasdaq 100 et le S&P 500 chutant tous de plus de 3 % suite à l’annonce des contre-mesures par la Chine. Les analystes du marché s’en sont inquiétés. Selon eux, si le gouvernement américain ne modifiait pas sa politique tarifaire, la croissance économique des États-Unis ralentirait considérablement.

Dans le monde d’aujourd’hui, la multipolarité et la mondialisation économique se renforcent, l’unilatéralisme et le protectionnisme sont impopulaires. Les États-Unis devraient immédiatement corriger leurs mauvaises pratiques et cesser d’utiliser les droits de douane comme un outil de coercition à l’égard des autres pays. Il n’y a pas de gagnants dans les guerres tarifaires et commerciales.

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