Prenant leurs essences dans des passés similaires faits de périodes de souffrances, d’humiliations, de barbaries, de luttes et de sacrifices pour conquérir la liberté, la souveraineté et la dignité chères aux grands peuples, les relations Sino-africaines ont émergé dans la douleur, résisté aux temps, aux tentatives malveillantes et aux contingences que produit l’arène internationale. Les racines des relations Sino-africaines puisent leur sève nourricière dans les profondeurs du terreau fertile de l’histoire commune, devenant une amitié sincère qui se perpétue en fraternité. Telle est la quintessence de la coopération pragmatique que le Forum sur la Coopération Sino-africaine brandit à la face du monde, tel le soleil au zénith de son inexorable périple, brillant de toute sa splendeur, asséchant de ses rayons incandescents les marres boueuses, illuminant les champs verdoyants et les jardins fleuris des peuples Africains et Chinois sur la voie de la « la modernisation et la construction d’une Communauté d’avenir partagé Chine-Afrique de haut niveau » pour le bonheur de toute l’humanité, le bonheur des peuples Chinois et Africains. Véritable « rendez-vous fraternel du donner et du recevoir » chaque Sommet du Forum sur la Coopération Sino-africaine marque de son empreinte indélébile la voie du développement partagé que la Chine et l’Afrique ont ensemble entamées main dans la main pour la réalisation des aspirations des peuples Chinois et Africains. Le Sommet tenu à Beijing du 4 au 6 Septembre 2024 s’est inscrit au cœur de cette philosophie. Il s’est distingué au regard de la conjoncture internationale difficile, porteur de tensions et de menaces sur la paix mondiale. A Beijing 2024 comme à Johannesburg 2015, à Beijing 2018, à Dakar 2021, l’observateur attentif du Forum sur la Coopération Sino-Africaine que je suis retient que le Président Xi Jinping marque toujours les différents sommets du FOCAC par des interventions de très haute facture qui traduisent sans ambage la fidélité de la Chine à ses engagements initiaux aussi bien dans les relations internationales, dans les relations Sud-Sud que dans les relations Sino-africaines. A Beijing 2018, le Président Chinois avait exhorté, nous Africains et Chinois, à écrire nous-mêmes notre histoire. L’esprit de cet engagement est partagé par l’adage Africain qui dit ceci : « Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de la chasse ne feront que chanter la gloire du Chasseur ». Dans la nouvelle ère, nous, Africains et Chinois, sommes résolus à ne laisser le soin à personne d’autre, le droit d’écrire notre histoire à notre place. C’est dans cet esprit que se justifie le thème du Forum Chine-Afrique des Think-Tanks tenu à Dar-Es Salam en Tanzanie qui a produit le « Consensus de Dar-Es Salam », inscrit dans les annales de l’histoire des relations Sino-africaine et de celle des relations internationales. Cet esprit caractérise et justifie aussi et amplement le thème du Sommet de Beijing 2024, à savoir : « s’associer pour promouvoir la modernisation et construire une Communauté d’avenir partagé Chine-Afrique de Haut niveau ».
L’amitié Chine-Afrique a transcendé le temps, l’espace et les péripéties. Transmise de génération en génération, elle a traversé monts et vallées, déserts et forêts, fleuves et Océans pour se dresser insubmersible face au monde. Depuis sa création en 2000, le Forum sur la Coopération Sino-africaine (FOCAC) a posé un jalon important dans l’histoire des relations Sino-africaines. Durant ces dernières années lesdites relations ont été marqué par l’esprit de sincérité, de résultats concrets, d’amitié et de bonne foi. Afin d’ouvrir de nouvelles perspectives, le Président Xi a proposé de « porter au niveau stratégique les relations entre la Chine et tous les pays africains …et de rehausser les relations Sino-africaines à une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique de tout temps à l’ère nouvelle ». Engagé en faveur de la promotion des droits des peuples, Xi Jinping a souligné que « la modernisation est un droit inaliénable de tous les pays du monde ». A cet égard, il a noté que dans « notre recherche commune de la modernisation, nous lancerons une vague de modernisation du Sud global et écrirons un nouveau chapitre dans la construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité ». L’Afrique et la Chine doivent « promouvoir ensemble une modernisation marquée par la primauté au peuple.
Durant les trois années à venir, la Chine entend travailler avec l’Afrique pour développer dix actions de partenariats sur la modernisation, approfondir la coopération Sino-africaine et guider la modernisation du Sud global. Il s’agit de :
– l’action de partenariat pour l’inspiration mutuelle entre civilisations. La Chine bâtira avec l’Afrique une plateforme sino-africaine d’échanges d’expériences sur la gouvernance, un réseau Chine-Afrique de connaissances sur le développement et 25 centres d’études sur la Chine et l’Afrique. Elle accompagnera l’Afrique dans la formation des talents en matière de gouvernance et invitera 1 000 personnalités de partis politiques africains à venir en Chine dans le cadre de programmes d’échanges ;
– l’action de partenariat pour la prospérité du commerce. Elle a décidé d’accorder le traitement de tarif douanier zéro à 100% des produits exportés vers la Chine par les pays les moins avancés dont 33 pays africains ;
– l’action de partenariat pour la coopération sur les chaînes industrielles. La Chine travaillera avec l’Afrique à bâtir des cercles du développement de la coopération industrielle, à construire avec l’Afrique un centre de coopération sur les technologies numériques et réalisera sur le continent 20 projets de démonstration du développement numérique ;
– l’action de partenariat pour l’interconnexion. La Chine mettra en œuvre 30 projets d’interconnexion des infrastructures en Afrique, travaillera avec les africains à une coopération de qualité dans le cadre de « l’Initiative la Ceinture et la Route » … ;
-l’action de partenariat sur la coopération pour le développement. La Chine entend publier avec la partie africaine la Déclaration conjointe sur l’approfondissement de la coopération dans le cadre de « l’Initiative pour le développement mondial » et réalisera en Afrique 1 000 projets de bien-être social ;
– l’Action de partenariat pour la santé. La Chine travaillera avec l’Afrique à créer une alliance des hôpitaux chinois et africains et des centres de médecine conjoints. Elle enverra en Afrique 2 000 professionnels médicaux, réalisera 20 projets d’infrastructures médicales et de lutte contre le paludisme, favorisera l’investissement par les entreprises chinoises dans la production pharmaceutique en Afrique …, aider l’Afrique à lutter contre les épidémies ;
– l’action de partenariat pour le développement de l’agriculture. La Chine fournira à l’Afrique des aides alimentaires d’urgence d’un milliard de yuans RMB, construira en Afrique des zones de démonstration agricole standardisées d’une superficie de 100 000 mu (environ 6 670 hectares), enverra 500 agronomes dans les pays africains, créera sur le continent une alliance Chine-Afrique pour l’innovation scientifique et technologique agricole et y réalisera 500 projets d’intérêt public ;
– l’action de partenariat pour les échanges humains et culturels. La Chine travaillera avec l’Afrique, à faire avancer de façon approfondie « Avenir de l’Afrique – plan de coopération Chine-Afrique sur la formation professionnelle », à créer un institut d’ingénierie et à mettre en place dix Ateliers Luban. Elle proposera 60 000 places de formation en faveur notamment des femmes et des jeunes africains. Elle mettra en œuvre ensemble avec l’Afrique le Programme sino-africain « Route de la Soie culturelle » et un programme de coopération sur l’innovation audiovisuelle. En 2026, sera organisé l’Année sino-africaine des échanges humains et culturels ;
– l’action de partenariat pour le développement vert… ;
– L’Action de partenariat pour la sécurité commune. Elle fournira à la partie africaine des aides militaires sans contrepartie d’un milliard de yuans RMB, formera 6 000 professionnels militaires et 1 000 agents de police et invitera 500 jeunes officiers africains.
Afin d’assurer la mise en œuvre des dix actions de partenariat, la Chine accordera à l’Afrique un soutien financier de 360 milliards de yuans RMB, y compris 210 milliards de yuans RMB de ligne de crédit, 80 milliards de yuans RMB d’aides sous différentes formes et au moins 70 milliards de yuans RMB d’investissements d’entreprises chinoises en Afrique.
La philosophie de l’engagement de la Chine est guidée par la mise en œuvre de la pensée de Xi Jinping, des décisions historiques prises par le troisième plénum du XXème Comité Central du Parti Communiste Chinois tenu à Beijing en juillet 2024. Cet important plénum a décidé « l’approfondissement continu de la réforme sur tous les plans et la promotion de la modernisation à la chinoise », inaugurant ainsi des transformations plus profondes en Chine, mais aussi « apporte de nouvelles opportunités et impulsions aux pays africains de même qu’aux efforts conjoints de la Chine et de l’Afrique pour réaliser le rêve de la modernisation ».
Déjà, au premier semestre 2024, la Chine était le premier partenaire commercial de l’Afrique dans le monde, avec des échanges commerciaux s’élevant à environ 152 milliards d’euros.
Les Peuples et les Dirigeants Africains ont hautement apprécié les engagements annoncés par le Président Xi Jinping en faveur de l’Afrique pour les trois années à venir. Ces engagements revêtent une portée stratégique. Ils répondent aux besoins de développement de l’Afrique et donnent une forte impulsion à l’essor de la pragmatique coopération Sino-africaine. M. Moussa Fakir Mahamat, le Président de la Commission de l’Union africaine a déclaré : « Dans le cadre de notre effort d’industrialisation, le portefeuille d’investissements privés Chinois en Afrique devrait s’étendre au-delà du domaine traditionnel des ressources minières et énergétiques ». Madame Samia Suluhu Hassan, la présidente de la Tanzanie, relève « une nouvelle caractérisation des relations entre la Chine et l’Afrique »./.
Prof. Yoro DIALLO
Chercheur Principal / Directeur Exécutif du Centre d’Études Francophones
Directeur du Musée Africain
Institute of African Studies, Zhejiang Normal University, CHINA
E-mail: inadial@yahoo.com /Tél: (0086)15888991173
