Le professeur Jean Hubert Bazié a remis vendredi à Ouagadougou des archives de Thomas Sankara au ministère en charge de la Culture, parmi lesquelles figure le manuscrit du discours que le père de la Révolution devait prononcer le 15 octobre 1987. Selon lui, ce discours aurait pu empêcher son assassinat s’il avait pu être prononcé avant, a constaté l’AIB.
Plusieurs documents d’archives importants de Thomas Sankara ont été remis au conseiller technique du ministre en charge de la Culture, Dr Jean Noël Bonkoungou. Parmi eux, « il y a le document manuscrit du discours qu’il devait prononcer le 15 octobre 1987.
Je vous avoue que s’il avait réussi à le prononcer, il n’y aurait eu aucun prétexte officiel pour l’assassiner », a déclaré Jean Hubert Bazié.
En plus de ce manuscrit, Dr Bazié a remis au conseiller du ministre des artefacts, des porte-clés du journal L’Intrus, ainsi que la collection complète du journal, du numéro 00 jusqu’à quatre jours avant le coup d’État de 1987.
« J’ai remis des manuscrits importants rassemblés en un document unique qui relate les réactions de tous les présidents de la sous-région après le coup d’État de 1987. Ces réactions révèlent qu’il y avait déjà quelque chose de louche et de sous-jacent dans la nuit du 4 août », a-t-il ajouté.
Jean Hubert Bazié affirme que certains documents indiquent que « Blaise Compaoré (l’ancien président en exil en Côte d’Ivoire, ndlr) faisait acheminer des armes à Ziniaré, sans que l’on sache pourquoi ».
L’enseignant-écrivain précise également : « Sankara a pratiquement tout noté, notamment concernant la composition du gouvernement du CNR (Conseil national de la Révolution).
Les autorités verront que certains noms y figuraient avant d’être barrés. Cela permettra de comprendre ce qui a inspiré la création de ce gouvernement. Il y a aussi des photocopies de ses appréciations personnelles, de ses amitiés, et des problèmes qui alimentaient sa réflexion politique. »
Dans le lot d’archives remis au ministère figurent également le Plan de développement populaire, le document d’orientation des CDR (Comités de défense de la Révolution), entre autres.
Le conseiller du ministre, Jean Noël Bonkoungou, s’est réjoui de cette remise : « C’est un lot que nous allons rendre accessible, et qui sera utile aux étudiants et à la jeunesse du Burkina Faso, pour qu’ils puissent mieux comprendre la Révolution de 1983 à 1987. »
Il a souligné que « si l’on ne se remémore pas ce que contient notre histoire, il est très difficile de se projeter dans l’avenir. Ces artefacts seront une source d’inspiration pour la jeunesse du Burkina Faso ».
Le compagnon de Thomas Sankara a précisé qu’il n’a pas encore tout remis : « Il faut que je range, que les documents soient proprement emballés pour les autorités », a-t-il conclu.
AIB