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Burkina Faso: Toute la vérité sur les routes « bitumées sur papier »


Au Burkina Faso, l’expression « routes bitumées sur papier » est devenue courante. Dans les villages reculés comme dans les grandes villes, certains citoyens l’emploient pour dénoncer de prétendus détournements de fonds. Le directeur général de la Normalisation et des Études techniques Mamadou YOUGBARÉ donne des éclairages dans cet article.

Cette conviction est si profondément ancrée que chaque quartier, village, province ou région a ses propres « routes bitumées sur papier ». Même parmi les intellectuels, l’idée persiste. Mais qu’en est-il réellement ? Existe-t-il vraiment de telles routes ?

Selon Mamadou Yougbaré, cette expression traduit avant tout une méconnaissance des mécanismes de conception, de gestion et de suivi des projets de développement. Elle reflète aussi un manque de confiance envers les gouvernants, exacerbée par les inégalités territoriales en matière d’infrastructures.

Pour comprendre, il faut se pencher sur le processus complet de réalisation d’un projet routier, de l’idée initiale à la réception finale de l’ouvrage.

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Tout projet commence par l’élaboration des TDR, documents qui définissent les objectifs, l’étendue et les limites de l’activité. Ils permettent au commanditaire de préciser ses attentes à un prestataire spécialisé pour la réalisation des études techniques.

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Un appel à concurrence est lancé auprès de prestataires qualifiés, habilités et en règle avec les administrations fiscales et sociales. La meilleure offre est retenue et un contrat est signé pour la réalisation des études.

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Cette étape comprend plusieurs phases : faisabilité, avant-projet sommaire (APS), avant-projet détaillé (APD) et Dossier d’Appel d’Offres (DAO). Le DAO précise les spécifications techniques, les quantités d’ouvrages et leurs coûts. Ces études sont essentielles pour rechercher un financement et préparer l’exécution des travaux.

Le ministère des Finances, via la Direction Générale de la Coopération (DGCOOP), engage les négociations avec les partenaires techniques et financiers (Banque mondiale, BAD, BOAD, BID, Fonds saoudien, Fonds koweïtien, etc.). L’accord de financement, une fois ratifié, permet de passer à la phase de réalisation des travaux.

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Après réception des candidatures des entreprises, l’administration sélectionne l’opérateur le plus qualifié pour réaliser les travaux, conformément aux spécifications du DAO. Un contrat est signé pour lancer les travaux.

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L’exécution inclut la préparation du chantier, la coordination des travaux, la gestion des imprévus et le suivi technique. Les paiements se font par décomptes, basés sur les quantités réellement exécutées. Des audits techniques et financiers périodiques garantissent la transparence et l’usage correct des fonds.

Ainsi, il est pratiquement impossible qu’une route soit « bitumée sur papier ». La présence de techniciens sur le terrain ne signifie pas que le bitumage a commencé, mais qu’on effectue les études topographiques, économiques et environnementales pour justifier le projet et attirer les bailleurs de fonds. Ce processus peut durer plusieurs années, parfois plus de cinq ans, 10 ans voir plus avant le démarrage effectif des travaux.

  • RN29 Zabré-Zoaga-frontière Ghana : études finalisées en 2018, financement obtenu en 2024.
  • RN11 Banfora-Sidéradougou-Ouo : études réalisées entre 2017 et 2018, accord de financement reçu en 2025.
  • RN10 Tougan-Ouahigouya : études réalisées en 2010, financements obtenus par un consortium de bailleurs arabes.
  • RN20 Ouessa-Léo et RN25 Pô-Zabré-Bittou : études terminées en 2019, financement toujours en attente après six ans.

En Conclusion : Aucune route ne peut être réellement bitumée « sur papier ». Tout détournement de fonds serait rapidement détecté grâce aux multiples niveaux de contrôle technique et financier. Les délais observés entre études et financement expliquent que certaines routes restent longtemps sur le papier, sans qu’il y ait fraude ou malversation. La véritable clé réside dans la compréhension du processus complexe de planification et de financement des infrastructures routières.

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