Depuis 2016, le Burkina Faso subit une crise sécuritaire ayant entraîné des déplacements de population et des ruptures éducatives. Ainsi, 6 149 établissements scolaires ont été fermés en 2023 affectant 1 041 681 élèves et 31 004 enseignants (Rapport ESU Octobre 2023). Face à cette situation qui impacte négativement les indicateurs d’accès et de qualité, le pays a développé la Stratégie Nationale de l’Education en Situation d’Urgence (ESU 2019-2024) invitant à la mise en œuvre d’activités en vue d’assurer la continuité éducative. S’inscrivant dans la dynamique, la JICA Burkina Faso, partenaire de longue date du Ministère de l’Enseignement de Base, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales (MEBAPLN) a travaillé avec des structures du ministère à la mise en place d’un projet pilote dénommé « Projet pilote d’appui aux initiatives communautaires en faveur de l’Éducation en Situation d’Urgence » afin de renforcer la résilience de trois (03) écoles de la ville de Ouagadougou accueillant des effectifs importants d’élèves déplacés internes (EDI).
Un diagnostic précis pour des actions ciblées
Dans la phase préparatoire de ce projet pilote, une équipe technique constituée de sept (7) agents du ministère a été mise en place. Cette équipe a travaillé avec la JICA et un cabinet de consultants pour conduire dès septembre 2024 une enquête dans 8 écoles candidates de Ouagadougou recevant des EDI, enquête qui a révélé les défis critiques suivants :
Forte pression sur les ressources disponibles (salles de classes, fournitures, cantine…) due à l’afflux d’élèves déplacés,
Besoin urgent de formation des enseignants aux méthodes inclusives et activités d’appui psychosocial (APS),
Difficultés d’adaptation de certains EDI (isolement, anxiété, discrimination…)
Nécessité d’un soutien psychosocial pour les élèves traumatisés,
Importance de renforcer la cohésion sociale entre tous les élèves.
Une planification prenant en compte des activités réalistes et pertinentes
Exploitant les données collectées dans les écoles candidates, les parties prenantes du projet pilote se sont retrouvées pour la conception du projet, session qui a permis à la JICA de renforcer les capacités des membres de l’équipe technique en gestion du cycle du projet. La conception a permis de disposer d’un document de projet assorti d’un cadre logique et d’un plan d’opérations à dérouler avant la fin de l’année fiscale japonaise 2024.
Comme activités clés pour améliorer les conditions d’apprentissage des élèves et agir sur leur intégration et leur réussite scolaire, le projet a combiné renforcement des capacités et actions concrètes dans les écoles :
La formation des responsables des structures communautaires et des enseignants sur des thématiques de l’ESU,
La mise en œuvre de séances de remédiation scolaire et la tenue de séances de counseling,
La dotation des écoles pilotes en fournitures (livres, annales, lampes…) pour soutenir les apprentissages et en autre matériel (ballons, maillots, équipements sonores, instruments de musiques) pour renforcer les activités sportives et culturelles ainsi que les séances de sensibilisation
La mise en œuvre d’activités péri et parascolaires d’intégration (football, théâtre, clubs) pour renforcer la cohésion sociale.
Un arbitrage tenant compte du dynamisme du Comite de Gestion d’école (COGES) et du nombre d’EDI reçu dans chaque école a permis de retenir trois (3) écoles (Roumtenga A, Kamboincé C et Sakoula Est) pour bénéficier des activités du projet pilote.
Des avancées concrètes en 5 mois
Débuté en octobre 2024, le projet pilote est arrivé à terme en fin février 2025. En dépit de cette courte durée, des acquis ont été relevés.
En effet, deux ateliers de formation ont permis de renforcer les capacités de dix-huit (18) responsables des structures communautaires, quarante (40) enseignants et dix (10) encadreurs pédagogiques sur des thématiques essentielles comme la mise en place des comités de veille, l’approche Safe School, l’éducation à la paix, les approches inclusives, la détection des signes de détresse et les activités d’appui psychosocial. Cela a permis d’outiller les acteurs pour répondre efficacement à des défis identifiés lors de l’enquête diagnostique.
Le réinvestissement de ces formations s’est traduite par l’identification, la planification et la mise en œuvre d’activités en faveur de l’ESU par les équipes école et la communauté à travers les plans d’action des COGES, produisant des résultats tangibles pour le projet.
Ainsi, la mise en place des comités de veille dans les écoles pilotes a permis d’améliorer la surveillance sécuritaire des écoles, de diminuer les traversées intempestives de la cour de l’école par la population, de réduire les incidents entre élèves et de venir à bout de certains actes de banditisme au sein de l’école.
Quant à la mise en œuvre des cours d’appui, des séances de remédiation et des études nocturnes en faveur des élèves notamment les EDI, elle a permis de réduire les difficultés d’apprentissages et d’améliorer leurs performances.
Pour ce qui est des activités d’appui psychosocial notamment les activités expressives sur les évènements stressants, les jeux d’APS, les séances de counseling à l’endroit des élèves présentant des signes de détresse, le référencement vers les structures de prise en charge, elles ont permis de réduire le stress chez les apprenants et de créer des émotions positives à même de favoriser les apprentissages.
En plus de ces activités d’APS, les tournois sportives interclasses et les séances de sensibilisation ont produit un effet positif sur la cohésion au sein de l’école. La proportion d’EDI ayant un sentiment d’appartenance modéré à fort est passée de 69,11% en début décembre 2024 à 84, 84% en fin février 2025 traduisant une meilleure intégration des EDI dans les écoles pilotes.
Des calculs statistiques ont également permis de relever une corrélation positive et significative entre le sentiment d’appartenance à l’école pilote et la performance scolaire des EDI.
Malgré ces avancées, certains défis appellent à une action renforcée. Le temps limité du projet (5 mois) n’a pas permis le référencement complet des élèves en détresse et a aussi écourté la mise en œuvre des activités péri et parascolaires d’intégration. Enfin, ce délai n’a pas permis de réaliser un suivi de l’évolution des performances scolaires des EDI.
Lors de l’atelier bilan, les différentes parties ont recommandé la poursuite de la mise en œuvre et du suivi des activités jusqu’à la fin de l’année scolaire 2025 et l’extension des activités à d’autre écoles de la province à partir de la rentrée scolaire 2026.
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