Le procès du putsch manqué de 2015 a été repris le mercredi 21 mars 2018. À l’instar des d’autres villes du pays, les Nounanais se sont exprimés à travers notre micro. Un procès d’ailleurs, qu’ils suivent avec beaucoup d’impatience. La plupart souhaitent un jugement équitable, apolitique et sans passions.
Sidibé Mamadou, ancien parachutiste commando.
«Il n’y a pas de révolution sans martyrs, l’essentiel, c’est de bâtir ensemble une nation en se fondant sur la vérité – justice -réconciliation »
«Je voudrais tout d’abord prier pour la paix et la sécurité de notre pays. Je vais également inviter les fils et filles de ce pays à se tolérer et à se pardonner tout en étant reconnaissants envers les veuves et les orphelins par l’organisation d’une journée d’hommage. Tout traitement sélectif des uns et des autres, engendreraitla désunion et la haine. Il n’y a pas de révolution sans martyrs, l’essentiel c’est de bâtir ensemble une nation prospère en se basant sur la vérité -justice- réconciliation. Ceux qu’on juge aujourd’hui sont victimes d’un système dont nous avons contribué d’une manière ou d’une autre à consolider par l’action des votes. Ce n’est pas parce que ce système a été démoli qu’on s’arroge maintenant de courage d’accuser les autres. Nous sommes tous responsables et coupables. Inutile de s’acharner sur certains. Tout le monde connait le nom de la vieille, et on l’appelle Yaaba. Etre Burkinabè, c’est aussi assumer cette compromission collective».
Djibo Drissa alias Pré, le cordonnier
«Je crois que si on va juger et condamner tout le monde dans ce pays, personne ne va rester»
«Le jugement de Djibril Bassolet et ses camarades ont beaucoup traîné jusqu’à nos jours. Il paraît plus politique que judiciaire. Je dirais même un semblant règlement de compte inutile qui n’avancera pas notre pays. Nous avons tous failli dans l’évolution des évènements malheureux de notre pays. Il y a déjà eu des morts dans certaines circonstances où il n’y a pas eu de jugement, plus grave même voire pire. On n’ose jamais s’aventurer parce qu’on peut perdre les plumes. Pourquoi, sauter de coq à l’âne alors il urgeait aussi d’évacuer les anciens dossiers avant d’attaquer aux nouveaux».
Toé Drissa, fils du chef samo de Nouna
«Nul n’est parfait, seul le pardon et la tolérance des actes manqués des autres favoriseront notre vivre harmonie»
«Nous devrons nous rappeler que ces ceux-là qu’on juge aujourd’hui n’ont pas uniquement fait que du mal. Ils ont au cours de l’histoire de la construction de ce pays, posés des actes positifs que nous devrons reconnaître en eux. Je ne suis pas contre leur jugement, mais qu’il soit mené dans les règles de l’art pour apaiser les cœurs et essuyer les larmes. Aussi, nous ne voulons pas un procès basé sur des multiples reports qui nous amèneront à la case départ».
Sidibé Sita, particulier
«S’ils n’ont pas l’intention de le juger, qu’on le libère pour qu’il puisse jouir de sa liberté»
«Nous attendons impatiemment la libération de Djibril Bassolet après ce procès. Ce n’est pas lui qui dirigeait ce pays pendant les 27 ans. Je ne comprends pourquoi on s’en prend vertement aux branches au lieu de l’arbre lui-même. Trop d’encre et de salive ont coulé dans cette affaire. D’aucuns sont allés jusqu’à établir des liensentre Djibril Bassolet et les terroristes. On nous a montré les photos. Quand Djibril Bassolet était ministre, il travaillait pour une nation à travers un gouvernement. Peut-il se lever lui-même pour collaborer à ce qu’on libère les otages. Il a reçu un ordre. Pourquoi autant de haine viscérale sur lui. S’ils n’ont pas l’intention de le juger qu’on le libère pour qu’il puisse jouir de sa liberté».
Simboro Sogbè, veuve
«Je ne suis pas contre la justice de mon pays, mais ce procès a une forte coloration politique à mon sens»
«Avant tout propos, je suis contente de la réouverture de ce procès en espérant que le droit sera dit afin que Djibril Bassolet puisse être libre pour travailler à développer son Pays qu’il aime tant. Je ne suis pas contre la justice de mon pays, mais ce procès à une forte coloration politique à mon sens. Le putsch manqué de 2015 est une conséquence de l’insurrection due à la modification de l’article 37. Pourquoi s’acharner sur les conséquences en ignorant les causes. Déjà, on sent que ça aboutira à un verdict taillé sur mesure par les vainqueurs. Cette manière de faire les choses ne pourrait aboutir à un procès équitable qui sera le socle de la réconciliation nationale».
Traoré Karim du canton de Nouna
«Si l’enfant piétine malencontreusement son caca, ce n’est pas en coupant son pied que l’odeur va disparaître, mais en le lavant»
«Juste pour dire que quelle que soit l’erreur commise par un enfant, il demeure toujours l’enfant de sa mère. Autant pour illustrer le cas des présumés auteurs du putsch manqué qui sont et resteront les enfants du pays. Je fais confiance à la sincérité et à la compétence de la justice burkinabé qui aura cette lourde responsabilité de juger et rendre un verdict qui permettra d’apaiser et de réconcilier les fils et filles de ce pays. Dans le processus de l’évolution de toute une société, une communauté et d’une nation, ces dérives ne manquent pas, mais l’essentiel c’est de rendre justice, dire la vérité, se pardonner et se tolérer qui sont les derniers remparts du vivre ensemble pour un développement durable et harmonieux. Ma bénédiction pour ce pays c’est la paix et l’union nationale».
Djibo Awa, marchande de céréales
«Retenir Djibril Bassolet en prison c’est compromettre l’épanouissement des femmes dans la Kossi»
«Ce digne fils était l’espoir de toute une localité. Djibril Bassolet est un grand rassembleur et un pacificateur mondial hors pair. Grâce à ses multiples médiations, il a préservé des vies. Ces hauts faits ont valu sa reconnaissance à l’ONU. Nous avons hâte d’entendre le verdict qui blanchira Djibril Bassolet. Sa relaxation sera un grand bonheur partagé pour ce pays, toute l’Afrique et le monde».
Ouédraogo Awa, ménagère
«Je suis optimiste quant à la relaxation de Djibril Bassolet, c’est une question de temps et d’intérêt»
«Nous avons assez attendu quant au dénouement de cette affaire. J’ai comme l’impression que c’est lui qui porte tous les péchés du Burkina Faso. Un tel traitement à son égard compromet et pollue le climat social. Je fais confiance à la justice burkinabé qui nous dira le droit et droit, sans bavure. Je sais pertinemment qu’avec l’indépendance de la justice, elle rendra librement un procès équitable. Elle ne devra pas être à la solde d’un certain nombre d’individus qui l’instrumentalisent pour assouvir leurs besoins sadiques. Je suis optimiste quant à la relaxation de Djibril Bassolet».
Fané Dramane, militant de la NAFA
«Mon souhait est que le Burkina Faso sorte grandi dans cette affaire»
J’ai accueilli la reprise de ce procès avec beaucoup de fierté. Enfin, le général aura une tribune pour clamer son innocence. Mon souhait est que le Burkina sorte grandi dans cette affaire. Le monde entier nous regarde. Que les responsabilités soient situées pour déclencher une réconciliation véritable .Le Burkina Faso a besoin de tous ses fils et filles pour amorcer développement
Djibo Ouahabe, professeur de philosophie.
«Nous réclamons un procès équitable sans parti pris»
«Nous sommes suspendus aux lèvres des juges. Nous attendons un procès équitable qui permettra de bâtir une nation forte avec la participation de tous à l’effort de développement».
Propos recueillis par
Alimatou Daman, correspondante de l’Express du Faso à Nouna