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Procès du putsch : l’ex belle-fille du général Diendéré s’explique


La chambre de jugement du tribunal militaire a entendu Fatoumata Thérèse Diawara, le vendredi 26 octobre 2018, dans le cadre du procès du putsch de septembre 2015. Accusée de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat et de trahison, la jeune femme enceinte au moment des faits a plaidé non coupable.

L’accusée appelée à la barre du tribunal militaire, le vendredi 26 octobre 2018, du nom de Fatoumata Thérèse Diawara est une proche des deux généraux impliqués dans le procès du coup d’Etat de septembre 2015. L’un, Gilbert Diendéré était son beau-père au moment des faits (elle était la compagne de son fils Ismaël Diendéré) et l’autre, Djibrill Bassolet est un «oncle». Célibataire et mère d’un enfant, il est reproché à dame Diawara, des faits de complicité d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de trahison pour avoir voulu faire entrer des éléments étrangers sur le territoire national dans un but subversif. Elle s’est déclarée innocente de ces actes. Mais à sa charge, il est retenu des conversations téléphoniques, dont les retranscriptions figurent au dossier et un échange de SMS. « Avez-vous eu une conversation téléphonique avec le général Djibrill Bassolet lors des événements ? », lui a notamment demandé le parquet militaire. « Oui », a-t-elle répondu. Çe devait être le 28 septembre 2015, a-t-elle poursuivi. Enceinte au moment des faits, Fatoumata Thérèse Diawara se trouvait ce jour-là au domicile de son ex-beau-père (le général Diendéré). Il y avait également beaucoup de soldats au domicile du général. Ressentant des bouffées de chaleur dues à son état de grossesse, la jeune dame dit s’être retirée à l’écart sur la terrasse. « Un soldat est venu me trouver. Il avait un problème et voulait envoyer un message au général Djibrill Bassolet. Je lui ai passé mon téléphone. Et comme mon portable est configuré en anglais, je l’ai aidé à rédiger le message », a soutenu Fatoumata Thérèse Diawara. L’identité de ce soldat, la jeune dame ne l’a pas retenue. Ils étaient une trentaine, c’est tout ce dont elle se souvient. Et si l’accusée a accordé sa confiance aussi vite au point d’accepter d’envoyer un message dans un contexte aussi particulier, c’est qu’elle dit avoir voulu aider le soldat en question.  La seule présence des soldats au domicile de Diendéré prouve qu’ils travaillent pour le général et suffisant pour qu’elle leur donne son soutien s’il y a lieu. D’ailleurs, a relevé l’accusée, elle est une personne sensible, prompte à aider si elle peut, et cela peu importe l’identité et la qualité de la personne qui la sollicite. Le parquet militaire a insisté pour savoir si au-delà du message, Fatoumata Thérèse Diawara n’aurait pas appelé Djibrill Bassolet. « Peut-être que n’ayant pas eu de suite au SMS, j’ai appelé pour confirmer le contenu du message », a-t-elle rétorqué. « Des gens que vous ne connaissez pas sollicitent votre portable pour écrire au général Bassolet. Vous l’aidez et vous appelez même le général pour confirmer. N’est-ce pas curieux ? », s’est  interrogé le procureur militaire. « Non, ce n’est pas un étranger de la maison. C’est un soldat du général Diendéré qui, à l’époque, était le père de mon compagnon », a insisté l’accusée. C’est alors que le parquet est revenu à la charge pour démontrer qu’il ne s’est pas agi d’aider un soldat, mais plutôt une initiative de l’accusée elle-même visant à mobiliser de l’argent pour les soldats, afin de les encourager à combattre et non pas, comme elle le prétend, pour aider leurs familles. Il s’est ainsi référé aux retranscriptions des conversations de l’accusée lors des événements, contenues dans la pièce i76 du dossier à la page 5. C’est également à cet instant que les avocats de l’accusée, Me Latif Dabo et Me Seydou Roger Yamba vont monter au créneau pour s’opposer catégoriquement à ce que le président du tribunal, Seydou Ouédraogo, accepte que les pièces évoquées soient admises contre leur cliente.

Des « perturbations de procédure »

« Monsieur le président, nous avons un problème avec cette pièce », a objecté Me Latif Dabo, interrompant le procureur militaire. « On parle de retranscription audio. Rien ne permet de savoir qui a retranscrit l’audio. En plus, notre cliente n’a jamais été confrontée aux audio qui ont soit- disant été transcrites, et c’est devant votre barre qu’on vient lui opposer cela (…) On ne peut pas opposer des faits aussi graves devant l’instance de jugement, alors qu’ils ne lui ont pas été pendant l’instruction. Rien ne permet de garantir l’authenticité de cet acte ni l’intégrité des écoutes », s’est, entre autres, insurgé l’avocat dans un long développement. Le président du tribunal leur a demandé s’ils entendaient poser une exception contre ladite pièce. Ce à quoi ils ont répondu par l’affirmative. « Vous êtes le garant des droits et libertés. Vous ne pouvez pas admettre en cours de jugement, une pièce qui aurait dû sortir en cours d’instruction », a renchéri Me Seydou Roger Yamba. Par rapport à l’exception soulevée, le parquet militaire a fait remarquer que la question a été débattue devant la chambre de contrôle de l’instruction. Il a notamment donné lecture de la page 62 de l’arrêt de mise en accusation où le juge d’instruction statuant sur cette question a tranché que le rapport d’expertise n’ayant relevé ni d’indice de trucage ou de montage des éléments sonores, il convient de rejeter les moyens soulevés par les conseils des accusés pour solliciter l’annulation des écoutes. La partie civile va s’inviter également à ce débat sur la régularité des pièces relatives aux écoutes, en faisant observer à la défense que l’accusée a bel et bien été confrontée aux écoutes. « A la date du 15 mars 2016, Mme Diawara, assistée alors de Me Anicet Pascal Somé et Me Mathieu Somé a été entendue par le juge d’instruction. Les écoutes et retranscriptions figuraient au dossier qui leur avait été communiqué la veille. Ils ont même fait une réserve sur la légalité des moyens par lesquels le contenu du message a été obtenu. Sauf qu’en droit, une réserve même ferme ne veut rien dire. En droit, on s’oppose et on demande une expertise », a soutenu Me Guy Hervé Kam. Pour lui, plutôt qu’un incident de procédure, ce sont des « perturbations de procédure » dont la défense fait montre. Pour trancher définitivement sur la question, le président du tribunal a joint l’exception au fond du dossier, invitant les parties à joindre les éléments de fond à charge ou à décharge sur ce point précis. Il a donc invité le parquet à poursuivre avec ses questions à l’accusée. Ce dernier a lu les retranscriptions des conversations que l’accusée est supposée avoir eues lors des événements avec différentes personnes (généraux Bassolet et Diendéré et le colonel Zakaria Koné de la Côte d’Ivoire, entre autres). Dans ces conversations, elle échange avec eux sur des sommes d’argent ou s’insurge contre la volonté du général Diendéré de se rendre aux autorités de la Transition. L’accusée a réfuté avoir tenu les propos qui lui sont prêtés. « En 2018, avec la technologie, tout est possible. Il suffit d’avoir votre voix et on peut faire tout ce qu’on veut avec », s’est défendue Fatoumata Thérèse Diawara. Un événement étant survenu dans la famille d’un avocat impliqué dans le dossier, l’audience a été ajournée dans l’après-midi. Elle reprend ce matin à 9h.Sidwaya

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