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Moumouni Pograwa : « Il y a un contrat entre le Président Roch Marc Christian Kaboré et la diaspora »


Homme d’affaires, chef d’entreprise et leader de la société civile de la diaspora burkinabè de Côte d’Ivoire, Moumouni Pograwa, reconnu pour son abnégation, détermination et engagement pour le bien-être de la diaspora burkinabè, a séjourné pendant quelques jours à Ouagadougou. Nous l’avons rencontré pour qu’il nous parle du vote des burkinabè de l’étranger, de la politique intérieure, de la nouvelle constitution et bien d’autres sujets important. Lisez donc!

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?

Je m’appelle Moumouni Pograwa. Je suis homme d’affaires, chef d’entreprise résidant en Côte d’Ivoire. Je suis aussi un leader de la société civile de la diaspora burkinabè en Côte d’Ivoire. Les gens ont tendance à croire que je suis le porte-parole des Burkinabè du monde entier puisqu’on entend plus ma voix sur les questions qui concernent la diaspora.

Etes-vous toujours à l’UNIR/PS?

Juste après l’insurrection populaire, j’ai demandé au responsable du parti l’autorisation de me retirer, parce que figurez-vous que je n’étais pas dans ce parti en tant que militant mais juste par stratégie. Dès lors je me suis engagé dans la société civile, contre le régime Compaoré, à travers le «Mouvement Blaise Compaoré doit partir», sur Internet, c’était le tout premier groupe dans le cadre de la lutte contre ce régime. A l’époque on avait lancé une insurrection, c’était en 2011, où on avait demandé à tous les membres du groupe qui tournaient autour de 50 mille personnes, de se retrouver autour du rond-point des Nations unies. Bien sûr cela n’a pas marché, à l’époque, il fallait s’adjoindre à un parti politique opposé à celui du président Blaise Compaoré et avec qui ont peut mener la lutte. Voilà comment nous avons contacté l’UINR-PS qui était à l’époque le seul parti politique radicalement opposé, au régime Blaise Compaoré. Voici d’où est parti le mariage société civile – parti politique contre le régime Compaoré. Nous avons mené la lutte jusqu’à ce que le président Compaoré tombe. Et lorsque Blaise Compaoré est tombé, j’ai demandé à me retirer car je n’étais pas parti pour occuper un poste quelconque; ce n’est pas cela qui m’intéressait. On va dans un parti politique soit pour être nommé à un poste quelconque soit pour gravir les échelons, mais moi je ne suis pas venu dans ce parti-là pour cela. C’était juste pour moi une stratégie de mener la lutte.

Est-ce que Moumouni Pograwa est dans un parti politique?

Non, je ne suis pas dans un parti politique. Comme je vous l’ai dis, j’ai toujours fais partie de la société civile. Je mène mes activités professionnelles, et au niveau de mes activités extraprofessionnelles, je continue à apporter ma contribution à la diaspora mais aussi, j’apporte ma petite contribution aux questions politiques de notre pays.

Quel est le nom du mouvement?

Vous avez forcément entendu parler du M 23 qui a été créé en 2013, et qui est le plus grand mouvement de la société civile créé par la diaspora et que je dirige. Ce mouvement a été initialement crée pour mettre fin au régime de Blaise Compaoré. En rappel, Djibril Bassolé en tant que ministre des Affaires étrangères était venu à Abidjan pour le lancement officiel de la carte consulaire biométrique. Ce jour-là, il est sorti du consulat sans sa paire de chaussures. Le mouvement a été créé pour cela. Pendant ce temps notre peuple était engagé dans la lutte pour la liberté, pour le renforcement de la démocratie. Et nous avons participé à toutes les étapes de cette lutte. Du début jusqu’à l’insurrection.

Etes-vous à Ouagadougou juste pour des vacances?

Je suis Burkinabè et je vis seulement en Côte d’Ivoire. Le Burkina Faso c’est chez moi, donc je viens à chaque fois. J’ai mes entreprises aussi au Burkina Faso. Il y a quelques mois, j’ai organisé en Côte d’Ivoire le tout premier économique qu’on a appelé «Diaspora invest» qui avait pour objectif de mobiliser les opérateurs économiques de la diaspora afin de les inciter à investir au Burkina Faso. C’est une initiative qui avait été appuyé par le gouvernement burkinabè avec à sa tête le chef de l’Etat lui-même. En rappel, le chef du gouvernement et plusieurs membres du gouvernement ont été à Abidjan pour faire la promotion du plan national de développement économique et social (PNDES). C’est dans ce cadre que des opérateurs, des investisseurs se sont rapprochés de nous avec des intentions d’investissement au niveau du Burkina Faso. Nous sommes chargés de les diriger vers le Burkina Faso et vers les ministères concernés afin qu’ils puissent réaliser les projets. C’est dans ce cadre que je suis à Ouagadougou pour introduire des investisseurs auprès de certains ministères afin que l’objectif visé par mon objectif soit atteint.

Le vote des burkinabè de l’étranger sera-t-il une réalité en 20120?

Je vais vous faire une révélation. Il y a un contrat entre le Président Roch Marc Christian Kaboré et la diaspora. Si nous avons organisé ce grand forum historique en Côte d’Ivoire dénommé «Diaspora invest» afin d’appeler les investisseurs à venir accompagner la politique du Président du Faso, c’est parce qu’il y avait un contrat. Lors de la campagne de 2015, j’avais moi-même conduit une délégation composée des burkinabè de Côte d’Ivoire, du Ghana, des Etats-Unis, de la France, du Benin pour venir rencontrer à l’époque les 14 candidats en lice. Et nous avons remis un plaidoyer à chacun de ces 14 candidats. Et lorsque le candidat Roch Marc Christian Kaboré nous a reçu, nous l’avons dit que dans ce plaidoyer il y a l’ensemble des préoccupations de la diaspora si par la grâce de Dieu vous êtes élus à la tête de notre pays et que vous mettez en œuvre ce que nous avons inscrit dans ce plaidoyer, nous en retour, nous allons nous mobiliser pour vous accompagner à relancer l’économie de notre pays. Dans ce plaidoyer figurait, le ministère plein chargé des burkinabè de l’étranger, le vote des burkinabè de l’étranger à l’horizon 2020 (non-négociable). C’était les deux éléments importants que nous avons mis dans ce document. Et en réponse, le candidat Roch Marc Christian Kaboré, nous a dit qu’il allait prendre en charge ce document et que si jamais il gagnait l’élection, il allait à son niveau mettre tous ce que nous avons demandé dans ce document mais en retour il attend de nous un accompagnement parce qu’il ne peut pas réussir sa mission sans sa diaspora. Et dès qu’il a été élu, nous l’avons regardé faire. Le Président Kaboré a envoyé plusieurs signaux forts envers la diaspora. Dans son cabinet il y a des burkinabè de la diaspora, dans son gouvernement il y a des burkinabè de la diaspora, et aussi au niveau des institutions et bien d’autres postes de responsabilité. Il a tenu compte de la diaspora et même dans la nouvelle constitution. Pour la toute première fois une délégation est venue en Côte d’Ivoire recueillir les prépositions de la diaspora. Aujourd’hui la diaspora se sent plus burkinabè. A chaque voyage qu’il effectue hors du Burkina Faso, le président Kaboré, solennellement a toujours pris la porale et pris l’engagement de faire en sorte que les Burkinabè de l’étranger puissent voter en 2020. C’est dans cette optique que nous ne ménageons aucun effort pour apporter notre contribution dans la relance économique. Nous le faisons de manière patriotique. Dans la nouvelle constitution il est écrit noire sur blanc le vote des Burkinabè de l’étranger à l’horizon 2020. J’ai eu l’immense honneur d’être reçu par le chef de l’Etat, il y a quelques jours, il m’a réaffirmé son engagement et sa détermination à faire en sorte que ça soit une réalité et je crois en sa parole.

Pour l’adoption de la nouvelle Constitution pour sa crédibilité. Pensez-vous qu’il faut passer par l’Assemblée nationale ou par voix référendaire?

Je pense que la démarche à faire c’est ce que le président du Faso est en train de faire. C’est d’ouvrir le dialogue politique pour demander l’avis de chaque Burkinabè, de chaque entité. C’est vrai qu’il a les prérogatives pour décider tout seul. Je pense qu’il sait très bien que dans d’autres pays certains chefs d’Etat on pris le risque de le faire sans consultation et on a vu les résultats que cela à engendrer. C’est pour cela qu’il cherche à écouter tout le monde afin de prendre une bonne décision. Nous estimons que les résultats qui sortiront de ces consultations soient prisent en compte et qu’il aille dans le sens de la majorité. Si la majorité estime qu’il faut aller à l’Assemblée nationale alors allons à l’Assemblée nationale. Si elle estime qu’on doit aller au référendum alors allons au référendum. Qu’il soit guidé par la voix de la sagesse.

Les Burkinabè de l’étranger ont maintenant un département ministériel plein. Etes-vous satisfait?

Je vous ai dit tantôt que cela faisait partie d’un contrat entre le candidat Roch Marc Christian Kaboré et la diaspora donc, nous sommes satisfaits parce que c’est encore la preuve qu’il respecte sa parole. Nous sommes satisfaits et nous espérons seulement que ça ne sera pas un ministère à coquille vide et que ça sera un ministère plein qui aura une feuille de route bien établi et qui va travailler à l’intérêt des Burkinabè de la diaspora. C’est notre souhait.

Etes-vous satisfait de la politique intérieure?

Pour mon analyse personnelle, il y a deux sentiments qui m’animent. Un sentiment de fierté et de peur. Un sentiment de fierté parce que mon peuple a fait ce qu’aucun peuple n’a réussi à faire. Ce que nous avons donné comme exemple de démocratie à l’Afrique et au monde entier est un exemple qui va faire date dans l’histoire. Ça c’est un sentiment de fierté. Un sentiment de fierté parce que moi-même, je fais partie de cette histoire. J’y ai participé activement depuis plusieurs années au côté de mon peuple. Et aujourd’hui si mon peuple vit la liberté, la démocratie, j’estime que quelque part je suis fier d’avoir contribué. Un sentiment de peur parce que ce que je vois aujourd’hui n’est pas le résultat que j’attendais. Ce que moi j’attendais, c’était une autre façon de faire, un renouveau. Quand je dis une autre façon de faire, ce n’est pas forcément au niveau des autorités actuelles. En démocratie, il faut respecter les règles. Roch Marc Christian Kaboré a été démocratiquement élu en 2015 que l’on aime ou pas que l’on soit de son bord politique ou pas nous devons tous l’accompagner parce qu’il est le président du Faso. Ma déception, c’est envers mon peuple lui-même. Le renouveau, c’est dans la mentalité. Je me suis rendu compte que les Burkinabè passent leur temps à longueur de journée à vendre la peur, le pessimisme, la défaite, même au niveau de la classe politique personne n’ose vendre l’avenir, la prospérité, l’espoir, mais plutôt le désespoir. Je voulais qu’après l’insurrection, tous les Burkinabè regardent dans la même direction, dans une nouvelle mentalité. Nous avons un bien commun et c’est le Burkina Faso, nous devons enterrer les intérêts égoïstes et personnels et privilégier l’intérêt supérieur de la nation. C’est là que se trouve ma déception. Moi je luttais tout simplement parce que je voulais promouvoir des valeurs. Concernant la politique globale, nous devons laisser le gouvernement travailler. Il a besoin de temps. Il a été élu sur la base d’un programme. Il faut le juger à la fin de son mandat. Le président a été élu pour un mandat de cinq ans. Donc, ceux qui jugent la gouvernance du président du Faso, deux ans après ne sont pas rationnels. C’est ensemble que notre pays le Burkina Faso pourra sortir de la pauvreté.

Peut-on parler aujourd’hui de réconciliation nationale?

La signification de la réconciliation repend de quel côté on se trouve. Lorsque j’écoute l’opposition parler de réconciliation, j’ai l’impression qu’ils n’ont pas la même compréhension de la réconciliation que ceux qui sont du côté du pouvoir et même du peuple. Donc, il faut définir d’abord, quel type de réconciliation s’agit-il? Est-ce qu’une réconciliation nationale sincère basée sur la vérité, la justice et le pardon. Ou s’agit-il d’une réconciliation politique. Je pense qu’il faut aller vers une vraie réconciliation basée d’abord sur la vérité la justice, le repenti et le pardon. Tant qu’on ne fera pas cela, on ne pourra pas aller en réconciliation. Ça sera une réconciliation de façade. Et les mêmes causes provoquent les mêmes effets.

Quelle est votre analyse du procès du coup d’Etat manqué de septembre 2015?

Je ne suis pas juriste. Mais ce que je sais, c’est que je suis un résistant. J’ai lutté contre ce coup d’Etat manqué. J’ai résisté contre ce coup d’Etat manqué. Des compatriotes sont morts lors de ces évènements. Des responsabilités sont situées. La justice doit faire son travail. Une des raisons de l’insurrection, c’est l’indépendance de la justice. Et après, il y a eu les états généraux de la Justice. Toutes ces actions pour nettoyer notre Justice afin qu’elle soit plus indépendante, plus libre et plus professionnelle. Et j’ose croire que c’est de cette justice nous parlons et que rapidement ces procès vont avoir lieu. S’il y a condamnation et bien qu’on condamne et s’il n’y a pas condamnation qu’on relaxe tous ceux qui ne sont pas coupables pour qu’on tourne définitivement la page et penser à un Burkina nouveau.

Votre message fort à l’endroit du peuple burkinabè?

Le message est qu’il faut que nous osions tourner la page. On n’a pas le choix. En Côte d’Ivoire, on a connu la crise, mais surtout la guerre civile. Nous qui avions vécu en Côte d’Ivoire, nous savons ce qu’est la guerre. Le Burkina Faso n’est pas connu la guerre civile comme la Côte d’Ivoire et je rends grâce à Dieu. Nous avons assez de ressources pour en finir avec les crises intempestives afin d’aller vers la reconstruction de notre pays. Mais c’est ensemble que nous devons le faire. En tant que Burkinabè nous avons le devoir d’apporter notre contribution. Chacun à sa part de responsabilité, sa contribution à apporter dans la construction du pays. Je suis opérateur économique en Côte d’Ivoire, mais étant là-bas, j’apporte mon savoir faire à mon pays. Donc je lance un appel à tout le peuple burkinabè pour qu’ensemble on puisse changer nos mentalités afin de pouvoir aller de l’avant. Le message que je vais lancer à l’endroit de la diaspora, c’est lui dire de se préparer parce que c’est le moment de nous réveiller. 2020 c’est notre moment. Nous sommes en train de lancer un vaste mouvement politique qui se nomme «C’est le moment». Il sera lancé officiellement en juillet prochain en Côte d’Ivoire. Entre autres pays, la Côte d’Ivoire, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, le Bénin, le Mali, le Gabon. Ce mouvement est en train de prendre forme. Je demande à la diaspora de se mobiliser autour de ce mouvement parce que nous sommes nombreux et politiquement nous pouvons apporter notre contribution.

Un mot à l’endroit de la jeunesse burkinabè?

Il ne faut pas toujours tout attendre du gouvernement. Le gouvernement ne peut employer tout le monde au niveau de la Fonction publique. Il faut aller vers l’auto-emploi, vers les prises en charge individuelles. C’est vrai que l’Etat a son rôle à jouer en facilitant et favorisant les choses, en mettant en place des structures qui puissent accompagner la jeunesse. Mais, il faut que les jeunes comprennent que désormais ils ont leur destin entre leurs propres mains. C’est à eux de créer des conditions de vie plus acceptables.

Jules TIENDREBEOGO in l’Express du Faso

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