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Mali: IBK repart pour un second mandat


À l’issue d’une présidentielle entachée de soupçons de fraudes, Ibrahim Boubacar Keita a été réélu à la tête du Mali, dimanche 12 août, avec 67,17 % des voix selon les résultats officiels. Durant son nouveau mandat, il aura fort à faire pour redresser un pays divisé et fragilisé par la menace des djihadistes

Le président malien Ibrahim Boubacar est accueilli par le premier ministre  Prime Ministre Soumeylou Boubeye (à gauche sur la photo) lors de son arrivée au bureau de vote à Bamako, le 12 août 2018.

Le président malien Ibrahim Boubacar est accueilli par le premier ministre   Soumeylou Boubeye (à gauche sur la photo) lors de son arrivée au bureau de vote à Bamako, le 12 août 2018.

À 73 ans, le président sortant du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, se disait confiant et serein à la veille du second tour de la présidentielle, organisé dimanche 12 août. Une intuition qui s’est avérée payante. Parti grand favori de l’élection, il a été réélu pour un second mandat avec 67,17 % des voix au second tour face au candidat de l’opposition Soumaïla Cissé (32,83 %), selon des résultats officiels complets qui devront encore être validés par la cour constitutionnelle.

Une insécurité rampante

Désigné par bon nombre de ses compatriotes par ses initiales, « IBK » s’est forgé une solide réputation d’homme à poigne. En cinq ans, il a usé cinq premiers ministres. Parmi ses 23 concurrents au premier tour de la présidentielle figurait même bon nombre de ses anciens ministres, signe de son caractère « difficile », selon l’un d’eux, Mountaga Tall. Ses détracteurs lui reprochent surtout de ne pas avoir mis à profit cette fermeté pour sortir le Mali de la crise.

Ces dernières années, les violences djihadistes se sont propagées du nord vers le centre et le sud du Mali, pour atteindre le Burkina Faso et le Niger limitrophes, se mêlant à des conflits intercommunautaires. « Ce phénomène est lié la disparition de l’autorité de l’État, car IBK n’a pas réussi à reformer une armée et une gendarmerie solides », analyse Serge Michaïlof, chercheur associé à l’Iris.

Pour aider à stabiliser la région du nord du Mali, la communauté internationale, présente militairement avec la mission de maintien de la paix (Minusma) appuyée par l’opération française Barkhane, attend désormais du président la relance de l’accord de paix signé en 2015 par son gouvernement et l’ex-rébellion à dominante touareg. Un accord dont il est très fier et qu’il ne cesse de brandir en étendard de son succès, malgré de nombreux retards dans son application.

47 % des Maliens vivent sous le seuil de pauvreté

L’intéressé se dépeint comme un président qui « travaille à faire avancer son peuple ». Dans les faits pourtant, le pays fait du surplace, voire pire. Moins d’un tiers de la population de plus de 15 ans est alphabétisé. Le revenu par habitant a également reculé depuis 2014 et 47 % des 18 millions de Maliens vivent sous le seuil de pauvreté.

Le clientélisme pratiqué jusqu’ici par le gouvernement d’IBK gangrène le développement économique et les investissements publics, une pratique vouée à se poursuivre. Les administrations du pays fonctionnent mal et l’absentéisme des fonctionnaires reste un fléau pour de nombreuses régions enclavées.

« Président trop vite »

Au début de sa carrière politique, ce natif de Koutiala (sud), près de la frontière burkinabée nourrissait pourtant des rêves de grandeur pour le Mali. Après avoir milité contre le général Moussa Traoré, renversé en mars 1991 par un coup d’État militaire, cet ancien conseiller technique au sein du Fonds européen du développement, a connu une ascension fulgurante sous Alpha Oumar Konaré, premier président (1992-2002) de l’ère démocratique du Mali, en tant que premier ministre de 1994 à 2000.

Après l’intervention internationale lancée à l’initiative de la France contre les djihadistes, Ibrahim Boubacar Keïta était considéré comme le meilleur recours pour stabiliser le pays. « Les élections de 2013 ont été mal préparées et les personnalités politiques n’étaient pas prêtes, explique Serge Michaïlof. Il aurait fallu la mise en place d’un gouvernement provisoire sous tutelle de l’ONU. IBK a été président trop vite. Il n’a pas réussi à reconstruire des institutions performantes, ce qui laisse mal augurer de sa capacité à construire un État de qualité dans les cinq ans à venir. »Lacroix.com

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