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L’après Salif Diallo : Quelle stratégie pour le Chef de l’Etat?


Le 19 Août, véritablement un tremblement de terre politique s’est produit au Burkina Faso avec la disparition prématurée du Président de l’Assemblée Nationale. Son caractère  brusque, inattendu a ajouté une dimension cataclysmique et dramatique à cet événement.
L’homme qui venait de disparaître brutalement a marqué son époque de façon indélébile non seulement dans son pays où il a été le faiseur de rois de Blaise Compaore à Rock Mark Christian Kaboré. Homme-lige de Blaise Compaore il porta à bout de bras son régime depuis la rectification de 1987 jusqu’en 2008 avant d’être débarqué du gouvernement un certain Week-end Pascal. Il fut envoyé loin du Pays en Autriche comme ambassadeur, ce qui lui donna le temps de peaufiner la revanche du peuple sur un pouvoir, qui de plus, en devenait mornarchique et dynastique voire clanique selon lui.
C’est grâce à son art rompu de la stratégie et de la manœuvre politique que le pouvoir du Président Blaise Compaore fut balayé par une insurrection populaire et que le Mpp, un an après sa création, remporta les élections présidentielles, législatives, municipales et régionales.
Son succès à l’Assemblee Nationale, il le doit à sa maturité et sa sagesse politique. A la tête du parlement, il fit la démonstration de ses talents consommés de la chose politique en étrillant les plans mis en place par l’opposition dont l’intention était de former une coalition à l’Assemblée Nationale pour obliger le Président Rock Marc Christian à la cohabitation. Grâce à sa connaissance de la classe politique, il fit montre d’une grande capacité de regrouper dans une unité d’action toute la gauche politique Burkinabé dans une « Alliance des partis de la majorité politique »( APMP) dont son parti le MPP assurait la coordination avec l’UNIR/PS de Me Bénéwendé Sankara.
Cependant, malgré la majorité confortable dont il pouvait se prévaloir, il institua le consensus comme mode de gestion de l’Assemblée ce qui surprit tous les observateurs avertis qui s’attendaient à une direction clivante voire conflictuelle de l’Assemblee Nationale. La septième législature fut la plus consensuelle de l’histoire de l’Assemblée Nationale où les empoignades et les ruptures bruyantes de séances furent très exceptionnellement rares.
Surmonter les circonstances, le Président Roch doit s’armer de courage
Salif Diallo fut incontestablement un véritable dialecticien et stratège politique hors pair si tant est que sa disparition laisse un vide difficilement comblable sans un tact et un doigté politique digne de Salif.  Le Président du Faso doit nécessairement retroucher ses manches le plus vite possible, se muer en stratège politique pour opérer de façon judicieuse la redistribution des cartes politiques au risque de voir sa famille politique imploser.Dans le cas de l’Assemblée Nationale, au poste de Président de cette institution il faut au Président du Faso un travail et un arbitrage scientifique. Dans le cas présent, c’est à Roch Marc Christian Kaboré de démontrer son sens aiguisé de la stratégie politique pour persévérer l’unité sacrée entre le MPP et les partis de la majorité présidentielle.
Les extrêmes ambitions ne manqueront pas, c’est là que le chef de l’Etat doit au plus vite contenir ces ardeurs en évitant surtout la courte échelle.Toute mauvaise option porte les germes de l’implosion des différents partis réunis au sein de la majorité présidentielle et donc une instabilité politique avec évidemment de la défaite aux élections prochaines ce qu’on ne peut pas se permettre pour les raisons que tout le monde sait. En tout cas, les partis revanchards sont aux aguêts.
Le nouveau PAN, un homme intègre, tempéré, expérimenté, un rassembleur, cependant un homme à poigne et de caractère.
Le Président du Faso qui est au dessus des partis politiques doit œuvrer pour que celui qui sera au perchoir de l’hémicycle soit l’homme ou la femme qu’il faut en tenant compte des aspirations exprimées par notre peuple lors de l’insurrection populaire les 30 et 31 Octobre 2014.
La négligence continue de ces aspirations fera le lit de nos ennemis politiques. L’unité de la majorité présidentielle doit être le leitmotiv de l’action politique du Chef de l’Etat en l’étape actuelle de son mandat présidentiel.Une bonne lecture de la situation politique de notre pays exige que nous ne cherchons pas coûte que coûte ou vaille que vaille à assurer au MPP des positions hégémoniques dans toutes les sphères de la vie politique et administrative de notre Pays. Il nous faut un consensus ou tout le monde à sa place pour engager le pays tout entier dans la construction de son avenir dans l’unité d’action, dans la paix et la concorde nationale.
Notre pays traverse une fragilité sociale: guerre contre le terrorisme, crise sociale exacerbée caractérisée par des débrayages systématiques, fragilisant des pans entiers des secteurs administratifs et économiques du pays. Ces différents débrayages fragilisent une économie nationale à peine sortie des soubresauts de l’insurection populaire d’Octobre 2014 et du coup d’état du 16 Septembre 2015. Notre pays a besoin de Paix et d’unité sans lesquelles aucun développement harmonieux, aucun bien être n’est possible. Et c’est pour cela qu’il nous faut des femmes et des hommes capables d’incarner et d’impulser une autre politique au pays des hommes intègres.
Cet homme intègre, tempéré, un rassembleur cependant à poigne qui jouit d’une légitimité et d’une autorité politique et morale certaine doit être à même capable de sacrifier ses intérêts particuliers et partisans dans l’intérêt exclusif de la nation. À moins d’une analyse à courte vue, guidée par des intérêts égoïstes et d’une volonté de se saborder ou de se faire hara-kiri nous pensons qu’il faut continuer l’élan imprimé par le feu Salifou Diallo au sein du parlement Burkinabè. Au regard des attentes pressantes de notre peuple et de la dynamique démocratique que nous devons servir au monde entier, il est absolument important d’éviter le retour à une assemblée nationale de « caisse de resonnance » à la solde du pouvoir exécutif.
La meilleure des manières pour honorer la mémoire de Salifou Diallo, c’est de préserver ce consensus qu’il a voulu de tous ses vœux. Pour ma part, je suis convaincu que Maitre Bénéwende Sankara est bien indiqué pour perpétuer cet héritage à moins de trois ans de la fin de la présente législature.   C’est un Homme de gauche, il a fait la démonstration de son engagement et de sa fidélité au Président du Faso et au MPP. C’est un travailleur, il peut véritablement incarner l’élan propulsé par le Président Salif Diallo au niveau du parlement dont il a l’expèrience depuis 15 ans.
C’est un Homme sur lequel le Président peut compter pour les échéances de 2020. Il peut être un Homme de consensus autour duquel les tendances politiques au sein de la majorité présidentielle et mêmes de l’opposition peuvent se fédérer. Le renforcement de notre démocratie sera à ce Prix.C’est au Président du Faso que revient en dernière analyse la lourde responsabilité d’arbitrer cette situation au mieux des intérêts du Peuple burkinabè.
Attendons de voir donc.
Puisse Dieu protéger notre pays.
Amed KONATE
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