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Eddie Komboïgo, dans l’Express du Faso: «le CDP n’est pas un parti impoli, il respecte les Burkinabè»


Le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Eddie Komboïgo a effectué une tournée dans les villes de Bobo-Dioulasso et de Banfora les samedi 14 et dimanche 15 avril à la rencontre des militants de son parti. Il nous a accordé une interview dans laquelle il a répondu sans langue de bois à toutes nos questions.

Hier vous étiez à Bobo-Dioulasso, aujourd’hui dimanche vous étiez à Banfora (NDLR: l’interview a été réalisée le dimanche 15 avril après la rencontre de Banfora). Comment appréciez-vous la mobilisation des militants de votre parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP)?

C’est avec beaucoup de satisfaction que nous avons vu cette grande mobilisation, mais nous ne sommes pas étonnés parce que nous connaissons nos militants qui sont des militants très engagés et fiers de leur parti. Ils savent que leur parti est un grand parti malgré toutes les attaques, les accusations et les injustices que nous avons subies. Le parti est resté debout parce que nous avons de la ressource qui a pu travailler pour remettre les structures géographiques en place. A notre tour, nous passons pour les installer. C’est un engouement pour les militants de savoir que leur président se déplace lui-même pour installer les structures de base et cela montre également l’attachement que nous avons à notre parti et à la démocratie que nous souhaitons installer. Parce qu’il ne s’agit plus maintenant pour la direction du parti de choisir les représentants des structures géographiques, mais que la base nous propose des responsables et nous les acceptons. C’est de cette manière que nous installerons et enseignerons la démocratie à nos militants.

Eddie Komboïgo est-il satisfait après ces tournées à Bobo et à Banfora?

Très satisfait et confiant!

A Bobo-Dioulasso, on a remarqué tout de même l’absence à la rencontre de certains militants qu’on peut qualifier de poids lourds comme Salia Sanou, Fatou Ziba et Salif Ouédraogo. Que s’est-il passé?

Il y a quelques militants qui n’étaient pas non plus à la rencontre. Je n’ai pas dénombré qui était là et qui était absent. Ce que je peux dire, c’est que je me suis rendu compte qu’il y avait plus de militants présents que de militants absents.

Tout de même vous avez dit à cette rencontre que vous n’accepterez pas de désunion au sein du parti. Y a-t-il quelque chosequi se trame dans ce sens ?

Nous travaillons pour l’unité du parti. Vous savez que notre parti est un grand parti dans lequel il y a beaucoup d’intelligences et beaucoup de ressources. Naturellement quand c’est comme ça, il y a beaucoup d’ambitions. Mais je précise que l’ambition ne doit pas tuer l’unité du parti. Nous avons unparti qui fonctionne sur la base de textes fondamentaux qui constituent une référence qui nous permet de trouver des solutions à tout malentendu. Nous avons aussi des militants disciplinés qui se réfèrent à chaque fois que de besoin aux textes qui régissent la vie de notre parti. Il n’y a donc pas de raison de s’inquiéter. Mais, tous ceux qui n’accepteront pas de se soumettre aux textes du parti se présenteront comme des militants indisciplinés et dans ce cas, nous appliquerons les textes. C’est pourquoi, j’ai toujours souhaité que chacun de nous soit discipliné comme nous l’avons hérité du père-fondateur de notre parti et de nos devanciers.

Au cas où il y aurait des tentatives de désunion, que ferez-vous?

Nous souhaitons qu’il n’y ait pas de désunion.

On ne voit pas Achille Tapsoba, Léonce Koné et d’autres militants dits poids lourds avec vous dans les tournées. Que se passe-t-il?

Il n’y a pas qu’Achille Tapsoba et Léonce Koné au parti. Il y a également d’autres militants qui, pour des raisons diverses ne sortent pas avec nous. Mais, il faut également faire remarquer c’est une volonté pour moi de ne pas sortir avec beaucoup de gens pour se déplacer d’une localité à une autre. Parce qu’en même temps que ces sorties constituent des moments d’installation des membres des structures géographiques du parti, elles sont aussi des moments pour diagnostiquer les forces de mobilisation de notre parti dans ces localités. Nous avons tiré des leçons de l’insurrection et parmi ces leçons il y a le fait qu’il ne faut plus déplacer des gens d’une localité à une autre. On ne va pas se chatouiller pour rigoler. Ainsi, quand nous arrivons dans chaque localité, nous laissons les premiers responsables faire la mobilisation. Ce qui permet de connaitre leurs forces et quand il y a des faiblesses, nous les corrigeons ensemble pour l’avenir.

Certains de vos propos ont fait le buzz dans la presse et sur les réseaux sociaux quand vous avez par exemple dit que si les Burkinabè veulent la fin du terrorisme de voter le CDP en 2020, comme si c’est vous qui cultiviez le terrorisme. Est-ce bien cela que vous avez dit?

Je n’ai jamais dit cela. Nous avons critiqué la gouvernance actuelle sur les plans économique, politique et social. Vous voyez tous ces remous sociaux partout! Chaque jour un syndicat annonce sa grève. A peine on a trouvé un semblant de solution qu’un autre syndicat entre dans la danse. Sur le plan économique, les prix des denrées alimentaires ont augmenté; le pouvoir d’achat a baissé; sur le plan politique il y a toujours des dissensions, on ne voit pas venir l’apaisement tant attendu par les Burkinabè; on ne voit des signes de vraie et sérieuse réconciliation tant souhaitée par les Burkinabè. Il est donc de bon ton de dire les choses et de les critiquer. Le journaliste m’a posé la question de savoir quel remède nous avons contre l’ensemble de ces maux qui minent le Burkinabè, y compris la sécurité. C’est également de bon ton pour nous de dire que nous ne sommes pas là pour diagnostiquer et donner le remède à une majorité que nous combattons. Nous avons un programme sur la base duquel nous convainquons nos militants et l’ensemble des Burkinabè. Si réellement, les Burkinabè ne trouvent pas leur compte avec les propositions de solutions de la majorité actuelle, il n’y a pas d’autre solution que de nous voter en 2020 ou dans les années à venir afin que nous déroulions notre programme.

Toujours après ces propos, il se trouve des organisations de la société civile qui demandent la suspension de votre parti, le CDP. Vous sentez-vous menacés?

Menacé par quoi? Nous constatons seulement que l’ignorance est encore plus forte que nous le pensions et qu’il va falloir se battre davantage. Ceux qui font ce genre de déclaration ne savent peut-être pas ce qu’est la Constitution; ils ne l’ont peut-être jamais lue. Ils ne savent certainement pas ce que c’est que la liberté d’expression, la liberté d’organisation des partis politiques. La vie des partis est encadrée par des textes. S’ils demandent la suspension ou la dissolution du CDP, certainement qu’ils visent d’autres objectifs. Nous avons dit que jamais il n’y aura des exclusions; nous ne l’accepterons pas et nous ne laisserons pas faire. Le CDP a été accusé hier et on s’est rendu compte qu’il n’a jamais été coupable. Moi-même, j’ai été accusé, embastillé et emprisonné. Deux années d’investigations et j’ai été blanchi. Le CDP n’a jamais été mêlé ni de loin ni de près à toutes ces accusations qui sont maladroitement faites contre lui. Je peux comprendre et c’est de bonne guerre qu’on cherche des accusations pour salir son adversaire. Mais, nous au CDP, nous ne boxons pas en-dessous de la ceinture. Nous souhaitons que ce soit des arguments constructifs et si le MPP n’en est pas capable qu’il cherche des arguments constructifs au lieu que ce soit des accusations malsaines. Dans tous les cas, le CDP reste un parti fort. Les populations le constateront à travers notre programmes’il est le meilleur ; nous ne forçons personne. Nous devons les convaincre par la force de l’argument et non pas par la force. La force, nous ne la connaissons pas au CDP. Et c’est ce que nous faisons parce que nous sommes dans un pays de droit. N’en déplaise à certaines personnes. Il faut qu’on travaille à élever le niveau d’instruction. Ce sont des OSC qui parlent; mais quand on regarde de très près, on se rend compte que certains responsables de ces OSC sont soit parfois des militants de partis politiques de la majorité qui ont fomenté certains complots qui se formalisent par des conférences de presse au cours desquelles on demande la suspension du CDP. Je ne crois pas qu’il y ait encore une seule raison de suspendre le CDP encore moins le dissoudre pour tel ou tel acte qu’il a posé et qu’il ne devait pas poser.

Après votre embastillement, est-ce qu’Eddie Komboïgo a la rancune?

Aucunement! Sinon, je ne serai pas là aujourd’hui. C’est d’ailleurs le message que nous livrons aux militants; un message de paix, de pardon; demander le pardon et accepter le pardon. Car, pour nous, demander le pardon n’est pas toujours un signe de faiblesse,mais c’est aussi une force; demander pardon ne veut pas toujours dire qu’on a tort. Mais, c’est faire en sorte que l’autre baisse la garde; c’est aussi détruire la haine qui habite en lui et l’asseoir autour de la table et parler des problèmes qui sont plus sérieux, qui portent sur le bien-être des populations de notre pays. C’est pourquoi, nous enseignons à nos militants la modération et la tempérance dans le langage. Nous ne pouvons pas prôner tout cela et puis tenir des propos maladroits et insultants à l’endroit du peuple. Nous savons aujourd’hui que le peuple est assez mûr, le peuple a compris et il sait très bien que le CDP n’est pas un parti impoli.

Est-ce à dire que le CDP est de retour, définitivement?

C’est à vous de le constater.

Mais vous en tant que président, que dites-vous?

Moi, je suis le président du parti; je ne fais que mon travail.

 

Eddie Komboïgo rend-il compte à Blaise Compaoré, le père-fondateur du parti après chaque tournée?

Nous n’avons pas besoin de rendre compte à Blaise Compaoré à chaque sortie. Mais, à chaque fois que nous avons l’occasion et s’il y a nécessité d’échanger avec lui pour enrichir davantage notre argumentaire nous le faisons.

Que diriez-vous pour conclure?

Je vous remercie et j’espère que vous n’allez pas tronquer mes propos.

Interview réalisée par

Seri Aymard BOGNINI

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