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Des Burkinabé considérés comme des esclaves


« Dans ce pays (NDLR: la Lybie), on nous considère comme des esclaves. On attache les hommes comme des animaux, on les frappe et on tue d’autres par moment. Leur corps est jeté dans la mer »

Au total 154 migrants burkinabè dont 7 femmes, rapatriés de la Libye, où ils disent avoir été maltraités, sont arrivés mercredi à Ouagadougou, a-t-on appris du bureau de l’organisation internationale pour les migrations (OIM).

Ce programme de rapatriement opéré par l’OIM permet aux jeunes migrants de bénéficier de soutiens multiformes à leur arrivée dans leur pays d’origine, selon le chef de bureau de l’OIM au Burkina Faso, Abdel Rahman Diop.

Les migrants dans leur majorité jeunes, disent avoir été victime de « maltraitances » et d’ »humiliation » de la part des Libyens.

« Dans le cadre de ce programme, nous assurons leur prise en charge à l’arrivée. Le programme permet aussi d’offrir la possibilité à certains d’entre eux, d’avoir accès à un fonds leur permettant de commencer une activité génératrice de revenu », a-t-il dit.

Cependant, selon M. Diop, « il n’y a que 20% des 154 migrants qui vont avoir accès à cette réintégration qui sont justement des activités génératrices de revenus afin d’éviter que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets ».

« Je saisis l’occasion pour montrer qu’on a un gouvernement burkinabè qui est vraiment préoccupé par le sort de ses ressortissants à l’étranger qui nous saisit et nous, on intervient pour offrir la possibilité à ceux qui ne peuvent plus ou qui ne veulent plus rester en Libye de revenir au Burkina Faso », a-t-il dit, soulignant qu’un millier de Burkinabè en Libye sont en situation de précarité et attendent d’être rapatriés.

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Lemané Yaya s’est rendu en Libye en 2015. Son voyage lui a coûté 300 000 F CFA. Parti du Burkina Faso, ce jeune homme de 29 ans a rallié Agadès au Niger puis Niamey, en car. Ensuite, dans une bâchée 4×4, il est entré à Gadrole, une ville de la Lybie. « Là-bas, j’ai fait une semaine de prison (…) Dieu merci, j’ai pu m’évader avec d’autres jeunes burkinabè pour rejoindre Tripoli, la capitale Libyenne », confie-t-il. Pendant son séjour en Libye à la recherche de l’eldorado, M. Lemané a vite déchanté. « On peut t’engager pour un service. Une fois que c’est fait, les honnêtes personnes te payent, et les autres pas. La pire des situations, on peut t’emprisonner même si tu as bien fait le travail, et par la suite te demander de payer une caution », ajoute-t-il, précisant qu’un groupe armé a enlevé son ami dont il n’a toujours pas de nouvelles.

Contrairement à certains, M. Lemané ne percevait pas de salaire à la fin du mois. « Je me débrouillais dans le domaine des carrelages avec des Egyptiens et on me payait après service rendu », a-t-il fait savoir.

De retour donc au pays, ce rapatrié volontaire entend partir sur de nouvelles bases à Wendogo dans le département de Tenkodogo. Pour lui, plus question de tenter l’exil.

Originaire de Zorgho, Alizéta Lingani dit avoir passé 11 mois en Libye. Mais l’atrocité qu’elle a vue dans ce pays en si peu de temps, la laisse sans voix. Perdue dans ses pensées, pendant un moment, cette charmante demoiselle de 26 ans, revient à nous après un soupir. « Dans ce pays, on nous considère comme des esclaves. On attache les hommes comme des animaux, on les frappe et on tue d’autres par moment. Leur corps est jeté dans la mer », relate-t-elle. A l’entendre, beaucoup d’entre eux ont été emprisonnés de façon arbitraire. « Pour un rien, tu peux te retrouver en prison. Du coup, on est obligé d’appeler nos parents au pays pour qu’ils nous envoient de l’argent afin qu’on nous libère ». Le sourire aux lèvres, elle dit être contente d’être rentrée au pays pour retrouver les siens.

Blandine, quant à elle, dit avoir été dupée par une jeune femme qui lui promettait pourtant un avenir radieux en Libye. « Elle nous a fait comprendre, moi et huit autres béninoises, qu’elle avait une entreprise en son nom en Libye et qu’une fois là-bas elle allait nous embaucher. Toutes excitées, nous avons accepté de partir avec elle, laissant derrière nous, enfants et familles. Sur la route également, elle nous a fait de belles promesses (…). Une fois à destination, nous avons compris son jeu. Mais, il était déjà trop tard », témoigne la béninoise.

Des jeunes burkinabè leur y ont apporté main forte et une amitié s’est créé entre eux. Toute chose qui permettra aux filles de solder leur dette en ce qui concerne le loyer. Pour elle, la Libye est une destination à éviter. C’est pourquoi, elle n’a pas manqué de lancer un appel à la jeunesse qui veut aller à l’aventure : « A tous mes frères et particulièrement mes sœurs, il ne faut pas vous laisser berner par les vendeurs d’illusions. Ils vont vous promettre de vous amener dans tel ou tels pays en retour de telle somme. N’acceptez surtout pas, car il y a beaucoup comme vous au Libye qui sont devenues aujourd’hui, folles, malades ou mortes ». Par ailleurs, une chose trouble le sommeil de cette jeune femme. « On doit aller à l’hôpital pour des examens sanguins », a-t-elle dit les larmes aux yeux. Avant de conclure : « En Libye, on nous obligeait à avoir des relations intimes avec des hommes et sans protection ».

Autant de témoignages que les rapatriés volontaires rapportent avoir vécu, « juste parce qu’ils ont la peau noire ». Ils ont alors unanimement adressé leurs vifs remerciements à l’OIM, le ministère chargé de la solidarité nationale et celui des affaires étrangères qui ont rendu possible leur retour au pays natal.


 source: Lefaso.net

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