.
.

L'actualité, en toute intégrité

.

Burkina: quand l’incivisme devient le frère jumeau de la corruption


La gangrène est bien plus profonde, étendue et grave qu’il n’y paraît. Et même si le maire de Bobo-Dioulasso s’énerve contre sa police administrative en restant dans le cadre restreint de la sphère communale, c’est au plan national qu’il faut analyser et résoudre le problème sans laxisme. Que vaut une société sans le respect de ses valeurs fondamentales et ses normes de fonctionnement? Elle est vouée à une dangereuse anarchie. Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, et ailleurs dans les villes du Burkina Faso, plus personne ne semble se soucier d’une quelconque norme sociale comme chose sacrée au sens primordial du terme. Tout est soumis à un rapport de force entre humains et entre concitoyens. Comme dans une jungle sociale plus animalière qu’humaine, le respect va au mal dominant et non à l’autorité légale. Et ce n’est pas mieux dans les villages par rapport à la ville, hélas! On confond progrès, évolution avec orgueil mal placé: la possession matérielle prime désormais sur le respect de la personne humaine en tant que plus âgée, cheveux blancs ou autorité instituée. Et dans la logique d’un Etat pris comme no man’s land ou chacun défend ses intérêts sans réfléchir sur les conséquences de son acte, le but justifie les moyens. Même les plus inacceptables. Sinon, comment comprendre que des agents (policiers, eaux et forêts, soldats, etc) outrepassent les ordres de leurs supérieurs hiérarchiques, méprisent les procédures légales pour s’en prendre directement à des autorités? Autant on les loue pour leur apport inestimable et souvent au prix de leur vie, pour la sécurité commune, autant il faut les interpeller face à la gravité d’une marque d’incivisme de leur part. Ce serait bien plus grave que celle d’un simple citoyen. On attend plus d’eux parce qu’ils sont formés pour cela. L’incivisme est frère jumeau de la corruption: un mal destructeur du corps social qui s’introduit insidieusement dans tous les milieux et dans tous les rapports par manque de conscience éthique pour ne pas dire d’éducation personnelle. Parents et enfants, élèves et enseignants, même fidèles et autorités religieuses en souffrent de plus en plus. Mais, à qui la faute? A chacun de reconnaître sa part de responsabilité pour que la solution vienne de tous, à travers chaque citoyen et citoyenne! Que par exemple, les grands de ce bas monde ne s’autorisent plus des actes immoraux avec des jeunes filles de l’âge de leurs enfants voire petits enfants, sans aucun lien de mariage. Comment voulez-vous être respectés avec un tel comportement? Pareil quand un agent voie son supérieur hiérarchique se livrer par exemple à des actes de corruption ou de vol de ressources publiques pendant que lui, doit se contenter du minimum vital avec sa famille! Pareille aussi dans les campagnes entre des concitoyens et des chefs de moins en moins coutumiers et de plus en plus politiques et de moins en moins équitables dans leurs jugements. Comme quoi, le respect, ça se mérite et les actes parlent plus fort que les mots en matière d’éducation familiale et civique. Commençons par donner l’exemple autour de nous, pour que notre parole ait plus de force en imposant le respect des règles du jeu social. La répression s’en trouvera plus renforcée. Car une loi sans répression en cas de violation à beau être promulguée, elle restera lettre morte que personne ne se sent obligée de respecter.

Sibiri SANOU

Share Button

Avis

  • Total Score 0%
User rating: 0.00% ( 0
votes )



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.