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Burkina Faso: la masse salariale de l’Etat a augmenté de 156,58% entre 2010 et 2018


Source : Recoupement à partir des lois de finances et des Rapports sur les finances publiques (RFP) publiés par le MINEFID.

Le débat sur la maitrise des charges de personnel est d’actualité au Burkina Faso, au regard de la progression de la masse salariale des agents de la Fonction publique dans le budget de l’Etat. En 9 ans, soit de 2010 à 2018, cette masse salariale est passée de 245,82 milliards de F CFA à 630,730 milliards de FCFA. Cette hausse correspond à 384,91 milliards de FCFA, représentant un taux de progression de 156,58%.

Quelles en sont les explications possibles ?
Sur la période allant de 2010 à 2012, l’augmentation de la masse salariale est imputable aux avancements dans un premier temps. Selon les statistiques de L’Economiste du Faso, entre 2010 et 2011, la somme de 9,720 milliards de FCFA a été consacrée aux avancements de plus de 60.000 agents suite à une mesure exceptionnelle prise par le gouvernement afin d’apurer le passif. Outre l’incidence salariale des nouvelles recrues, le gouvernement a aussi pris différentes mesures dans le sens de la valorisation du traitement des salaires des agents, se rapportant essentiellement aux augmentations des indemnités et des salaires. Il s’agit essentiellement du relèvement des salaires des enseignants hospitalo-universitaires, des chercheurs et des magistrats en 2011, de l’augmentation des salaires et des pensions des agents publics de l’Etat et des établissements publics de l’Etat.
Aussi, il a procédé au relèvement des salaires du personnel de la Police nationale en 2012. Le gouvernement a consenti au cours de la même année une augmentation des salaires au taux unique de 5% sur la valeur du point indiciaire et le salaire de base de tous les agents.
En plus des salaires, les indemnités ont connu une hausse avec cependant des disparités. Si la mesure d’élargissement de l’indemnité de sujétion et de logement a concerné l’ensemble des agents publics de l’Etat en 2011, on note que l’indemnité de judicature servie aux magistrats est passée de 22.500 FCFA à 150.000 F CFA au cours de la même année.
L’indemnité de logement des inspecteurs du secondaire est passée de 35.000 F CFA à 50.000 F CFA et celle des enseignants du supérieur de 35.000 F CFA à 60.000 F CFA.
Les indemnités académiques et d’encadrement au profit du personnel titulaire de l’enseignement supérieur et de la recherche sont passés respectivement de 62.000 F CFA à 110.000 F CFA et de 42.000 F CFA à 80.000 F CFA.
Suite à la mise en œuvre de toutes ces mesures, la masse salariale a connu une augmentation de 50,9 milliards de FCFA en 2012, alors qu’en 2011 l’augmentation était de 37,5 milliards de FCFA.
La période 2013-2015 a été marquée par un fort accroissement de la masse salariale. L’année 2014 a également vu le début de la mise en œuvre de la nouvelle grille indemnitaire des agents publics.
Cette période correspond également au début des mouvements de protestations contre la mise en place du Sénat et la révision de l’article 37 de la Constitution. Afin de contenter les travailleurs, le gouvernement a adopté des mesures sociales. Entre 2013 et 2014, la masse salariale a augmenté de 81,77 milliards de F CFA. On se rappelle qu’à l’issue d’une réunion du 4 septembre 2013, le gouvernement a adopté des mesures visant, entre autres, la revalorisation de la rémunération des travailleurs.


C’est une semaine après, c’est-à-dire le 11 septembre 2013, que le gouvernement a expliqué le sens de ces mesures dans le souci d’apporter des réponses adéquates aux préoccupations des différentes couches sociales. Parmi ces mesures, il y avait «le relèvement des indemnités de logement et de sujétion de tous les agents de l’Etat et des établissements publics de l’Etat, pour compter du 1er juillet 2013, et la revalorisation des salaires de tous les travailleurs des secteur public et privé à travers un allègement de l’IUTS, pour compter du 1er octobre 2013».
La période 2016-2018 correspond à celle de l’explosion de la masse salariale. En 2015, on a noté une hausse de 31,24 milliards de FCFA par rapport à 2014. Outre la poursuite de la mise en œuvre de la nouvelle grille indemnitaire, l’année a connu une prise en compte des avancements statutaires et la prise en compte des effectifs additionnels.
C’est en 2016 que le volume de la masse salariale va atteindre un niveau inquiétant suite à l’incidence de 85,95 milliards de F CFA observée par rapport à 2015.
Cette augmentation trouve son explication dans l’application de la loi 081, la revalorisation de la grille salariale des magistrats et, dans une moindre mesure, dans les avancements statutaires et la prise en compte des effectifs additionnels.
Si dans les prévisions initiales le ratio masse salariale/recettes fiscales était de 49,9%, on a constaté en fin d’année que les réalisations se situaient à 51,6%; ce qui dénote d’une non-maitrise de la masse salariale.
En 2017, la non-maitrise de la masse salariale a été vérifiée avec les 18,2 milliards de FCFA de dépenses supplémentaires pour les salaires et indemnités dans le sens de satisfaire aux revendications des différents syndicats.
C’est ainsi qu’en 2018 les dépenses de personnel ont enregistré une augmentation de 60,66 milliards de FCFA, soit un accroissement de 10,64% par rapport à 2017. Cette importante hausse de la masse salariale s’expliquerait par l’incidence des engagements pris par le gouvernement vis-à-vis des partenaires sociaux.

Source:leconomistedufaso.bf


Qu’en est-il de l’avenir ?

Il va sans dire que le poids de la masse salariale dans le budget national continuera à grimper dans les années à venir, à cause des engagements pris par le gouvernement vis-à-vis des partenaires sociaux, les nouvelles intégrations statutaires et les avancements des agents. Selon les prévisions du gouvernement, les incidences de ces augmentations sont respectivement de 18,659 milliards de F CFA en 222018, 55,327 milliards de FCFA en 2019 et 93,484 milliards de FCFA en 2020. Ces prévisions ne tiennent pas compte, par exemple, des revendications en cours actuellement. Le problème, ce n’est pas l’augmentation des dépenses de personnel. C’est son niveau qui pose problème.leconomistedufaso.bf

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